Connaissez-vous l’AFP TV ? Ce vocable désigne des vidéos de courte durée de l’agence de presse française, qui permettent d’avoir des focus sur différents sujets d’actualité. Celles-ci sont disponibles sur YouTube ainsi que sur certains réseaux sociaux (Twitter, etc.).
On pourrait s’attendre à ce qu’un fournisseur d’informations aux grands médias comme l’AFP fasse preuve de retenue tant dans le choix des sujets que dans leur traitement. Une récente vidéo sur l’immigration clandestine nous apprend – une nouvelle fois — que l’AFP est souvent plus proche du militantisme que du journalisme.
L’immigration clandestine, véritable fléau subi par les Français
Depuis plusieurs années, la France est confrontée à une immigration clandestine de plus en plus considérable. De nombreux indicateurs en témoignent : le nombre de bénéficiaires de l’Aide Médicale d’État qui explose, les déclarations du ministre de l’intérieur au Parisien en novembre 2021, qui estime le nombre d’étrangers en situation irrégulière entre 600 000 et 700 000. Un chiffre à prendre comme une estimation basse, tant Gérald Darmanin a montré dans le passé sa capacité à cacher des faits un peu trop gênants mettant en lumière son incurie.
Sur les réseaux sociaux, des comptes Twitter comme celui de Fdesouche et du journaliste Amaury Bucco donnent quotidiennement des exemples des conséquences dramatiques des frontières poreuses de la France en particulier, et de l’Europe de l’ouest et du sud en général. Les moyens de la police des frontières sont largement sous dimensionnés et la politique du gouvernement Castex puis Borne de reconduite des étrangers en situation irrégulière dans leurs pays est un échec cuisant, d’autant plus patent que de nombreux pays européens sont plus efficaces que la France. Les sujets ne manquent donc pas pour parler de l’immigration clandestine. Mais ces différents aspects de ce phénomène inquiétant ne semblent pas intéresser l’AFP TV.
Une tranche de vie pour provoquer l’empathie
Plusieurs articles de l’OJIM ont durant les dernières années présenté la reprise en main de l’information sur l’immigration menée par certains journalistes de médias de grand chemin et des universitaires militants après la crise migratoire aigue de 2015.
Les images des hordes de migrants, parfois violents, affrontant les douaniers, ont frappé les esprits et montré la détermination de ceux qui entendent imposer leur présence aux Français et aux Européens. Dès lors, des universitaires et des journalistes d’extrême gauche ont théorisé une nouvelle façon de parler de l’immigration clandestine, afin de la rendre acceptable dans l’opinion publique.
La méthode suggérée a fait florès : il s’agit de provoquer l’empathie en s’attardant sur une personne présentée comme plein de bonne volonté qui s’épanche sur ses difficulté à être régularisée afin de s’insérer dans la société française. En passant du pluriel au singulier, il s’agit de dédramatiser et de minorer l’ampleur de l’immigration clandestine et par effet de ricochet de mettre les pouvoirs publics en accusation afin de faciliter collectivement les régularisations. C’est à l’aune de cet éclairage que peut être regardée l’une des dernières vidéos de l’AFP TV.
Alseny Diallo, un gentil papa
Le 3 juillet, l’AFP TV a mis en ligne une vidéo émouvante. On y voit un certain Alseny Diallo, un jeune Guinéen, qui promène son enfant en le tenant par la main. Un bon papa, assurément. Mais Aleseny a un problème : c’est une victime de l’Etat français. Il a fait une demande d’asile qui a été refusée. Il a fait un recours devant la Cour Nationale du Droit d’Asile qui a également été rejeté. C’est donc un étranger en situation irrégulière. Il devrait fort logiquement retourner dans son pays car il n’a pas été autorisé à séjourner en France.
Mais l’AFP TV ne s’embarrasse pas de ces considérations. Ce qui intéresse l’agence de presse française, ce sont les tracas du clandestin : « “Les preuves, tout ce qu’ils m’ont demandé, j’ai fourni tout, tout, tout… et c’est moi qui me retrouve ici, sans papiers” : à Lille, le défi de l’insertion des sans-papiers face au mur administratif ».
Après avoir montré son jeune enfant jouer, Alseny nous fait partager ses difficultés : « rester sans travail, rester sans argent, si tu ne fais pas le mendiant ou demander à quelqu’un, tu ne peux rien avoir, c’est dur quand même ». Puis une éducatrice spécialisée prend la parole ; « C’est difficile parce qu’une personne sans papiers n’a aucun droit ». Une avocate inscrite au barreau de Lille interrogée ensuite par l’AFP TV surenchérit : « l’arsenal juridique est perçu comme injuste ».
On se prend à rêver qu’une voix off dise en conclusion du reportage, au grand désespoir des manipulateurs qui par leurs techniques habiles voudraient nous faire accroire le contraire : « mais allez dans n’importe quel pays du monde clandestinement pour y réclamer immédiatement des droits et des papiers, et vous comprendrez que les notions de nationalité et de régularité du séjour ne sont pas des fictions ».
Le même jour que la mise en ligne de la vidéo consacrée au jeune Guinéen, l’AFP TV publiait une autre vidéo. Le sujet ? « Le Royaume-Uni accusé de laisser les femmes migrantes à la merci des violences ». Le reportage est cette fois illustré par une banderole sur laquelle est inscrit « borders kill », les frontières tuent. Tout un programme…