Le journaliste culturel est un professionnel peu connu. Il a en charge la production d’articles ou de documentaires relevant de la culture. Il intervient dans les pages dédiées d’un magazine, d’un journal, d’une émission radio ou télé ou de plus en plus fréquemment sur des sites de contenus. Aujourd’hui, dans les médias africains, la culture n’occupe pas une place importante, elle est reléguée au second plan. Elle a une place très réduite. L’engagement et l’implication du critique dans les arènes publiques, constituent-ils un vecteur de pérennisation, de son utilité en tant que prescripteur ? Les journalistes africains connaissent-ils l’importance de la culture ? Pourquoi le journalisme culturel africain est-il peu connu ? C’est à ces quelques questions que ce coup de gueule tente de répondre
Nous sommes informés des faits sur les incendies, les meurtres, les accidents de la route, les naissances et les décès. Un journaliste culturel quant à lui, explore les événements qui déroulent dans sa culture. Il ou elle examine le contexte culturel, sociétal, communautaire dans lequel un large éventail d’évènements se produisent.
Les qualités pour devenir journaliste culturel
Un journaliste culturel doit être curieux pour rester au courant des actualités artistiques nationales, mais aussi internationales. Il doit posséder une large ouverture d’esprit pour suivre l’ensemble des secteurs liés à sa thématique culturelle, mais aussi faire preuve d’un esprit de synthèse pour relayer une information en un nombre minimum de mots. Aussi, il est tenu d’être polyvalent pour réussir à s’entretenir avec une multitude d’interviewés et rapporter des faits. Au-delà, le journaliste culturel doit maîtriser les techniques du dessin, du cinéma, selon sa spécialité.
Qu’est-ce que le journalisme artistique et culturel ?
Le journalisme artistique consiste à rendre compte et à analyser des événements, des tendances et des personnalités du monde des arts, notamment des arts visuels, des arts du spectacle, de la littérature, du cinéma, de la musique etc… Il va au-delà du simple reportage et s’intéresse à l’analyse critique, à la narration et à la fourniture d’informations au public
Quelles matières à étudier pour être journaliste culturel?
Les matières comme les lettres et la philosophie sont déterminantes dans la formation des futurs journalistes. La maîtrise de la langue française est essentielle dans ce domaine, et ces matières permettent de développer des compétences en rédaction, en analyse critique et en communication.
Précarité et expertise
Rares sont les journalistes culturels qui bénéficient d’un poste stable au sein d’une rédaction. Pour nombre d’entre eux, l’activité critique implique soit la rédaction pour plusieurs titres simultanés, soit l’adjonction de l’activité critique à une autre (artistique ou universitaire). Le bénéfice qu’ils tirent de leur activité est donc principalement d’ordre symbolique et permet de faire accepter partiellement la précarité. C’est l’un des résultats mis en avant par Pierre Michel Menger (2009) qui constate que le travail artistique est « modelé par l’incertitude » qui permet l’originalité et l’innovation, la satisfaction que prennent les artistes à créer. Au regard de cette étude, il semble que l’incertitude et la gratification symbolique sont des traits structurants. C’est justement l’un des principaux résultats de l’enquête symbolique menée par Pierre François et Valerie Chartrain (2009) qui soulignent deux principales caractéristiques de la profession critique : « une incertitude économique souvent appréhendée en amont et un nécessaire recours à une diversification des activités complémentaires. Aussi, il faut remarquer que la spécialité professionnelle du journaliste culturel est aussi celle d’un tiraillement, entre le journalisme et la culture deux secteurs dans lesquels ils sont subordonnés, se retrouvant « doublement dominés » pour reprendre les termes de Jan Fredik Hovalen et Karl Knapskog (cité par Kristensen et Fram 2017 ; 161–162). Souvent porté par des jeunes critiques désireux de passer du statut de passionné à celui d’expert d’amateur à professionnel, le journalisme culturel est une profession parfois sacrificielle, où à la précarité s’ajoutent encore une très forte compétitivité, une légitimité difficile à acquérir et surtout à imposer face à celle des journalistes des hard news, politique, international etc
Un métier précaire et pas toujours reconnu
Selon l’art couvert, la situation est d’autant plus difficile. Prenons l’exemple de la danse. “Aux Pays-Bas, le critique est certainement un peu plus protégé. Bien que les critiques ne soient pas très bien payés par rapport à d’autres domaines ou même aux pratiques journalistiques, et que les principaux médias aient également réduit les critiques au minimum, cette idée de ‘presse libre’ est encore très présente, et les plateformes dédiées à l’écriture critique des spectacles ont de l’argent et sont financées afin de payer leurs auteurs”, explique Jordi Ribot Thunnissen, hispano-néerlandais basé aux Pays-Bas, qui est critique de danse pour SpringBack Magazine, mais aussi enseignant en histoire de la danse, théorie de la danse et improvisation.
Un Journalisme au carrefour du culturel, du marchand et du politique
Dans le contexte contemporain, les industries culturelles se caractérisent par une structure bipolaire entre le culturel et le marchand. Par exemple, Stephane Debenedette rappelle que « la conception dualiste du champ culturel élaborée par Pierre Bourdieu (1932) oppose le pôle commercial de la grande production restreinte. Par effet de synecdoque, le journalisme culturel est, lui, aussi, pris dans un balancement et des jeux de friction entre le marchand et ce qui relève de sa « production restreinte », à savoir ici, l’engagement politique et le positionnement de ses auteurs. A la question le journalisme culturel est-il un journalisme comme les autres ? La réponse est évidemment non, puisque ce dont il traite, la culture et les productions culturelles se distinguent par leur double nature, à la fois marchande et créative. La question n’est donc pas tant « le journalisme est-il différent » mais plutôt où se loge sa spécification ? ». Le dossier entend précisément se structurer autour des différentes échelles et des différentes logiques de singularité et de différenciation des pratiques éditoriales du journalisme culturel qui influent certaines pratiques professionnelles et nous engagent à questionner sa dimension socio-économique. En dépit des différentes contraintes qui structurent le champ médiatique, celui-ci demeure d’une remarquable vitalité et constitue un pôle attractif qui suscite des vocations, ainsi que le montrent les formations françaises dédiées au journalisme culturel. C’est pour dire l’importance de la culture. Les africains ont-ils le complexe d’évoquer leur culture ? Il est clair que le but principal du journaliste est d’informer le public sur le fonctionnement de l’environnement afin que celui-ci se fasse sa propre opinion du produit ou du service proposé par l’Etat. Pour réussir ce défi, la spécialisation du journaliste dans un domaine particulier comme celui de la culture et des medias qui fait l’objet de notre objectivité s’impose. Malheureusement en Afrique, en Côte d’Ivoire et au Sénégal en particulier, les medias manquent de productions de valeur pour mieux légitimer et conceptualiser la culture et les arts. Pour Charly Gabriel Mbock, « les arts et la culture presse contribuent à la promotion des arts et de la culture ». Les journalistes culturels et les critiques de la presse ont la responsabilité d’aider le public dans son choix de consommation culturelle alors que les critiques de presse en Côte d’Ivoire ou au Sénégal n’ont pas d’impact sur le choix de consommation du public. En regardant les colonnes des pages culture, elles sont très souvent zappées au profit des informations non culturelles. Les pages culturelles sont zappées, pire les compétences des journalistes sont zappées également. Pour plusieurs chefs de rédaction, la culture n’est pas rentable pour la simple raison que le public ne s’y intéresse pas ou peu. On préfère évoquer la politique, les faits divers ou même des informations non fondées. Intellectuel, poète, Léopold Senghor premier président de la République du Sénégal en 1960 connaissait la valeur de la culture. L’humanisme de feu Senghor affirmait la complémentarité des cultures et des civilisations. Puissant au fond de l’âme noire-africaine, Senghor est à la recherche, malgré une histoire pleine de souffrances, de cette Afrique formée à l’esprit européen. Il vise à la réconciliation sur les fondements d’une culture universelle et l’attention mutuelle de la dignité des hommes.
Pourquoi la culture d’un pays est-elle importante ?
La culture est le cœur d’une nation. A mesure que s’accroît l’intégration économique des pays, ceux-ci ont besoin d’une culture nationale et de modes d’expression culturelle vigoureux pour préserver leur souveraineté et leur identité propre.
Mapote Gaye Correspondant Afrique OJIM