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Agression de policiers à Champigny-sur-Marne : pédale douce et « pas‑d’-amalgame »

9 janvier 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Agression de policiers à Champigny-sur-Marne : pédale douce et « pas‑d’-amalgame »

Temps de lecture : 4 minutes

Chaque année, en différents endroits du pays, le réveillon du nouvel an est l’occasion d’actes malveillants et parfois violents. Cette année n’a pas échappé à la règle. Un événement a pourtant donné une tournure différente au récit médiatique de la Saint Sylvestre. Certains journalistes ont en effet fait preuve d’une certaine pusillanimité dans la couverture de l’agression de deux policiers à Champigny-sur-Marne. Illustration.

La com­mu­ni­ca­tion du Min­istère de l’intérieur est bien rodée. Les com­mu­niqués de presse de la Place Beau­veau indiquent invari­able­ment les moyens humains déployés pour con­tenir les vio­lences urbaines qui con­nais­sent un regain pen­dant cette péri­ode de l’année. Les « 140 000 per­son­nes mobil­isées pour le réveil­lon » ont fait l’objet d’une large cou­ver­ture des medias, tels France Info, I24, BFM TV, L’Obs, LCI, etc. Ces moyens devaient selon LCI et l’Obs per­me­t­tre de pass­er une Saint-Sylvestre « sous haute sécu­rité ». Mais un événe­ment a enrayé cet exer­ci­ce de communication.

France Info informe le 1er jan­vi­er que « dimanche peu avant minu­it, deux policiers sont envoyés à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) pour résoudre une rixe en marge d’une fête pour le Nou­v­el An. Pris à par­tie, l’homme a eu le nez cassé alors que la poli­cière souf­fre de nom­breuses com­mo­tions ». LCI pré­cise que « la vidéo (de l’agression) a fait le tour des réseaux soci­aux et a déclenché une vague d’indig­na­tion ». « Emmanuel Macron a promis sur Twit­ter que les « “coupables du lyn­chage de policiers à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) dans la nuit de la Saint-Sylvestre seraient retrou­vés et punis” ».

Pédale douce

Le 1er jan­vi­er 2018, le jour­nal­iste Jérémy Trot­tin s’étonne sur BFMTV : « On peut se deman­der si Macron ne sur­réag­it pas. C’est courant que des policiers soient blessés dans ce type d’opération. Il n’y a pas eu de mort ni de voitures brûlées de façon exces­sive ».

Même inter­ro­ga­tion sur LCI lors de l’émission médi­as­phère le 2 jan­vi­er 2018. Les invités dis­ser­tent autour de la ques­tion : « Champigny : E. Macron dans la sur­réac­tion ? ». Sur France Info, le 5 jan­vi­er (5h45), un jour­nal­iste estime que les vio­lences récentes impli­quant la Police ont été « sur­mé­di­atisées ».

L’OJIM avait souligné en juin 2017 le fait que les vio­lences con­tre des policiers étaient rarement évo­quées dans les medias nationaux. De toute évi­dence, la dif­fu­sion de la vidéo de l’agression sur les réseaux soci­aux puis le tweet du Prési­dent Macron sem­blent avoir per­tur­bé les habitudes…

Un Prési­dent de la République qui con­damne le lyn­chage de 2 policiers par un groupe déchainé, serait-ce une « sur réac­tion » ? Le terme « lyn­chage » serait- il exces­sif ? Sa déf­i­ni­tion con­siste pour­tant en des faits de vio­lence physique qu’un groupe fait subir à un individu.

Le sim­ple fait que cette ques­tion soit posée en dit long sur la banal­i­sa­tion de la vio­lence dans une par­tie du corps social. Comme en témoigne cet ancien inspecteur de la Police judi­ci­aire, qui indique qu’alors il y a quelques dizaines années, une inter­ven­tion dans un quarti­er sen­si­ble pou­vait se faire à deux policiers, celle-ci néces­site main­tenant la mobil­i­sa­tion d’une soixantaine.

Surtout pas‑d’-a-mal-ga-me !

Que sait-on des organ­isa­teurs de la soirée « hip-hop/dance­hall/zouk/afrobeat/bouy­on » qui a dégénéré ? Pas grand-chose. Si ce n’est qu’il s’agirait selon le site Fdes­ouche « de la soirée « face­black ». Ce qui amène Libéra­tion  à s’empresser de pré­cis­er : « Si elle est surnom­mée “face­black”, c’est surtout dû au fait que l’événe­ment a été partagé sur le groupe secret du même nom ». Et de nous ras­sur­er : « Aucune non-mix­ité n’a d’ailleurs été annon­cée sur le fly­er ».

Imag­ine-t-on la réac­tion des médias suite à des vio­lences causées lors d’une soirée organ­isée par un groupe qui se dénom­merait « vis­age blanc » ?

Dans le cas présent, le nom du col­lec­tif ne fil­tr­era qu’avec parci­monie après l’information de Fdes­ouche et la « check­news » de Libéra­tion. On aura com­pris qu’il importe avant tout de ne pas met­tre de l’huile sur le feu. Un peu à l’image des infor­ma­tions con­tenues dans un rap­port interne du Min­istère de l’intérieur sur les vio­lences durant la Saint Sylvestre, cen­sé rester secret mais qui a « fuité » au Figaro. Alors que celui-ci fait état d’une aug­men­ta­tion des inci­dents (voitures brulées, tirs de pro­jec­tiles, tirs con­tre les forces de l’ordre, etc.) lors du réveil­lon par rap­port à l’année dernière, le Min­istre de l’intérieur  déclarait au Parisien le 1er jan­vi­er : « Les fes­tiv­ités se sont bien passées (…) Dans l’ensemble, les gens ont pu jouir de la nuit de la Saint-Sylvestre de manière paci­fiée ». Dormez tran­quilles, braves gens…

Crédit pho­to : pittou2 via Flickr (cc)

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