Le lundi 28 juin 2021 nous avons détaillé par titre les aides directes à la presse en 2019, révélées par la Lettre A, et dont le grand bénéficiaire est de très loin Bernard Arnault, qui ne cesse d’étendre son empire. Nous élargissons le tableau en abordant les autres aides non répertoriées et en essayant d’approcher un total.
Les aides directes , sociales et fiscales
Le tableau ci-dessous donne pour 2019 un résumé macro-économique, par secteur d’aides. On remarquera que les aides dites sociales représentent l’équivalent des aides directes, ces dernières très inférieures aux divers dispositifs fiscaux.
Source : Lettre A. Téléchargement direct.
Le magma des aides indirectes
Mais ce tableau est loin de représenter la totalité des aides. Dans son excellent Ils ont acheté la presse paru en 2014 (Picollec éditeur), Benjamin Dormann estimait l’ensemble des aides de la manière suivante en 2013 d’après la loi des finances (PLF) de l’année en M€ :
Aides à la diffusion | 165M€ |
Aides au pluralisme | 12M€ |
Aides à la modernisation | 76M€ |
Aides fiscales hors TVA | 213M€ |
Taux réduit de TVA | 1030M€ |
Subvention directe Poste | 43M€ |
Aides postales indirectes | 470M€ |
Exonérations de charges sociales | 28M€ |
Investissement publicitaire de l’État | 36M€ |
Total général 2013 | 2073M€ |
La moitié est représentée par la différence entre le taux de TVA normal (20%) et le taux réduit dont bénéficie la presse écrite (2,1%), un calcul maximal. On pourrait estimer d’une part que le chiffre d’affaires de la presse écrite a diminué d’un tiers entre 2013 et 2019 et ne retenir que la différence avec le taux réduit (7%) ce qui donne quand même un avantage fiscal autour de 220M€. Retenons ce chiffre pour la différence de TVA, soit pour 2019 et en arrondissant :
Taux réduit de TVA | 220M€ |
Aides directes | 100M€ |
Aides au portage | 104M€ |
Aides fiscales | 190M€ |
Aides sociales | 110M€ |
Total général 2019 | 724M€ (hors AFP) |
Ce chiffre ne comprend pas l’avantage fiscal individuel reconnu aux journalistes qui disposent d’une carte de presse, soit 7500€ à déduire non de la somme qu’ils doivent aux impôts mais de la somme déclarable.
Une somme comprise entre 700M€ et 800M€ peut être retenue comme représentant les aides directes et indirectes à la presse en 2019 hors subvention AFP et hors aides postales indirectes. Ce que Louis Dreyfus président du groupe Le Monde appelle « la drogue de la presse » et ce que la députée Emmanuelle Ménard propose de supprimer.