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Allemagne : obligation d’utiliser l’identité réelle sur Ies réseaux sociaux, un outil contre les conservateurs

21 décembre 2021

Temps de lecture : 4 minutes
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Allemagne : obligation d’utiliser l’identité réelle sur Ies réseaux sociaux, un outil contre les conservateurs

Temps de lecture : 4 minutes

Plusieurs représentants de la CDU/CSU appellent ces jours-ci à un durcissement des mesures contre la soi-disant haine sur Internet. Pour beaucoup, il semble s’agir avant tout de ne pas se faire attaquer trop durement par des citoyens critiques sur les réseaux sociaux.

La CDU en tête

Christoph de Vries, député au Bun­destag (n.d.t. : équiv­a­lent de notre Assem­blée Nationale) et expert des ques­tions de poli­tique intérieure de la CDU/CSU, a déclaré :

« Dans notre pays, il existe un droit fon­da­men­tal à la lib­erté d’ex­pres­sion, mais pas celui aux insultes anonymes ».

Il rejoint  ain­si son cama­rade de par­ti, l’an­cien prési­dent du Bun­destag Wolf­gang Schäu­ble, qui exige la pub­li­ca­tion des iden­tités réelles sur Inter­net. Une mesure, qui, étant don­né le cli­mat socio-poli­tique actuel du pays, pour­rait avoir des con­séquences désas­treuses, en par­ti­c­uli­er pour de nom­breux conservateurs.

Le « dis­cours de haine », ter­mi­nolo­gie à la mode en poli­tique, sert depuis quelques années à l’É­tat et à une par­tie de la société civile en Alle­magne, à punir tout ce qui n’est pas encore réprimé par les lois con­tre l’inci­ta­tion à la haine, les insultes et les cri­tiques diffamatoires…

Le nouveau gouvernement lutte contre la droite

Dans son con­trat de coali­tion, le gou­verne­ment fédéral récem­ment élu accorde une atten­tion par­ti­c­ulière à la lutte con­tre les « dis­cours de haine » et les dis­crim­i­na­tions pré­sumées. Si ce con­trat reste impré­cis à bien des égards, il est clair que la nou­velle ini­tia­tive con­tre la haine sur Inter­net et ailleurs donne le feu vert à plus de finance­ments et de sub­ven­tions pour la lutte con­tre la droite. « L’ex­trémisme de droite est actuelle­ment la plus grande men­ace pour notre démoc­ra­tie », peut-on lire. Le ter­ror­isme islamiste et les vio­lences d’ex­trême gauche faisant désor­mais par­tie du quo­ti­di­en en République fédérale, on peut trou­ver cette affir­ma­tion quelque peu osée.

Une fondation de gauche relaie

La Fon­da­tion Amadeu Anto­nio (AAS) d’Anet­ta Kahane, anci­enne employée des ser­vices de ren­seigne­ment de la RDA, n’est cepen­dant pas entière­ment sat­is­faite des objec­tifs de la coali­tion en ce qui con­cerne le « numérique ». Prob­a­ble­ment parce que, selon les faiseurs d’opin­ion de gauche, les restric­tions de la lib­erté qui y sont for­mulées ne sont pas encore assez sévères.

La nébuleuse anti-droite flaire l’argent

…Ici, la Fon­da­tion Amadeu Anto­nio sem­ble flair­er de nou­veaux emplois et sources de revenus. Son por­tail d’in­for­ma­tion, Bell­tow­er News, sou­tiendrait en tout cas la créa­tion d’une « Agence fédérale pour l’é­d­u­ca­tion numérique »…

Les roman­tiques de la régle­men­ta­tion trou­vent nor­mal que l’ac­cord de coali­tion par­le de « pro­téger les droits de l’homme à l’ère numérique » et de « droits de l’homme numériques » (sic ! ).
Et quand il s’ag­it du sujet fétiche de la société civile, les mil­i­tants anti-droite, sub­ven­tion­nés par l’É­tat, com­men­cent à baver en prévi­sion des ren­trées d’ar­gent frais. Le pro­jet d’une « loi de pro­mo­tion de la démoc­ra­tie » dis­tincte pour un « ren­force­ment con­traig­nant et à long terme de la société civile » et le finance­ment de pro­jets à long terme « pour la démoc­ra­tie et la société civile », réveille l’e­spoir de la fon­da­tion de ne jamais avoir à se trou­ver comme tout le monde sur le marché du travail…

L’obligation d’utiliser l’identité réelle nuit aux détracteurs de l’État de gauche

…Les « ram­bos » du clavier qui ne sont courageux que dans l’anony­mat n’ont en fait besoin d’au­cune pro­tec­tion par­ti­c­ulière. Tant que des instru­ments comme la loi sur les réseaux res­teront un out­il de la gauche pour diriger le débat, et que des organ­i­sa­tions telles que la Fon­da­tion Amadeu Anto­nio pour­ront utilis­er toutes les infor­ma­tions à leur dis­po­si­tion afin de met­tre au pilori numérique quiconque éti­queté par elles comme « de droite », toute con­trainte de leur fournir des infor­ma­tions per­son­nelles pour­rait avoir des con­séquences fatales pour les per­son­nes visées.

Ceux qui pensent que cela ne con­cern­erait que les véri­ta­bles extrémistes devraient regarder de plus près l’idéologie qui sous-tend la “Can­cel Cul­ture”, cul­ture de l’ef­face­ment ou de l’an­nu­la­tion. L’oblig­a­tion de clarté des iden­tités est val­able pour une démoc­ra­tie qui fonc­tionne et garan­tit à tous la lib­erté d’expression. Cepen­dant pour l’Alle­magne d’au­jour­d’hui, elle sig­ni­fierait surtout un nou­veau décalage du déséquili­bre poli­tique au détri­ment des détracteurs de l’État de gauche dans lequel exis­tent, paraît-il, plusieurs couleurs politiques.

Source : Junge Frei­heit, 09/12/2021. Tra­duc­tion : AC

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