Ministre fédéral de l’Intérieur depuis les dernières élections, Nancy Faeser fait la une de la presse allemande et rejette toute critique au sujet de son implication avec l’extrême gauche.
Chef de file du parti socialiste (SPD) en Hesse, elle avait écrit en tant qu’invitée un article pour le magazine Antifa de l’Association des persécutés du régime nazi — Confédération des antifascistes (VVN-BdA), organisme d’extrême gauche. Selon Faeser, la « lutte contre le fascisme et l’extrémisme de droite, contre le racisme et les idéologies ethniques fait partie de « l’ADN politique de mon parti ». Il faudrait se dresser « contre les idées de droite, les menaces de droite et la violence de droite. Et cela signifie tous les jours et en tout lieu ».
Une alliée antifa
Faeser considère les critiques comme une campagne maléfique contre elle. En revanche, elle ne dit mot sur la pierre d’achoppement : le VVN-BdA.
Et pour cause. Car, comme le montrent les recherches de Junge Freheit, elle savait pertinemment à qui elle avait affaire lorsqu’elle a publié son article, ayant, noir sur blanc, les informations requises sous la forme d’un imprimé du parlement du Land de Hesse.
Le VVN-BdA ayant perdu temporairement son statut d’organisme à but non lucratif en 2019, Faeser et son groupe parlementaire se sont adressés au ministère des Finances de Hesse à son son sujet. Faeser étant à l’époque à la tête du groupe parlementaire, c’est son son nom qui figure en premier sur la demande. La réponse en juillet 2020 fut claire :
« L’Association des persécutés du régime nazi- Confédération des antifascistes (VVN-BdA) est évaluée comme l’une des plus anciennes organisations dans le domaine de l’antifascisme et l’Office pour la protection de la Constitution (LfV) du Land de Hesse la considère comme influencée par des extrémistes de gauche ».
Ce qui n’a pas empêché Faeser, un an plus tard, de prendre la plume pour Antifa.
En août 2017, le député Wolfgang Greiflich avait demandé quelles manifestations impliquant des groupes extrémistes de gauche étaient connues. Dans sa réponse de janvier 2018, le ministère de l’Intérieur de Hesse donna la liste de rassemblements, notamment 14 manifestations pour lesquelles le VVN-BdA était répertorié comme « groupe d’extrême gauche », parfois en association avec des partis tels que le parti communiste (DKP) ou le parti marxiste-léniniste (MLPD).
Si Faeser avait par ailleurs jeté un coup d’œil aux rapports annuels de l’Office pour la protection de la Constitution pendant son mandat de chef du groupe parlementaire socialiste au parlement du Land de Hesse, elle aurait peut-être commencé à ruminer au sujet du VVN-BdA ; dans le rapport de 2018, l’Office mentionne l’organisation dans le chapitre concernant l’extrémisme de gauche.
Par ailleurs, lors du congrès du parti communiste, la présidente nationale du VVN-BdA a souligné « le lien étroit entre son organisation et le DKP » aux côtés d’invités de Chine et de la République socialiste du Vietnam.
En mai 2020, le précédent gouvernement fédéral répondait à une initiative parlementaire de la faction de gauche sur le VVN-BdA, que les tribunaux administratifs avaient « définitivement et légalement décidé » qu’il existait des « liens substantiels entre le VVN-BdA et des associations classées d’extrême gauche par les autorités fédérales et des Länder (un Land est une entité géographique et culturelle entre le département et la région, n.d.t.) pour la protection de la constitution ».
Revenons au numéro de juillet 2021 d’Antifa, dans lequel l’article de Faeser est paru. Il contient également un entretien sur le procès de Lina E., jeune femme de 26 ans dont le dossier est en cours d’instruction par le tribunal régional supérieur de Dresde, soupçonnée d’avoir formé une organisation criminelle d’« idéologie militante d’extrême gauche » et commis conjointement des attaques violentes contre des membres de la scène d’extrême droite.
Antifa suggère que l’arrestation de Lina E. serait liée à « des structures de droite découvertes dans la police et l’armée ». L’interviewé poursuit : « C’est comme ça : les structures de l’État font partie intégrante de l’extrême droite. » L’autoprotection antifasciste serait donc plus nécessaire que jamais « face à la menace des néonazis et face à l’implication et l’inaction des autorités de l’État ». Le VVN-BdA serait donc résolument opposé à des mesures telles que l’arrestation de la terroriste de gauche présumée. Selon Antifa : « Le schéma est connu depuis longtemps : un scénario de menace est mis en place dans lequel de graves allégations sont portées contre des gauchistes », est-il indiqué au sujet du procès contre Lina E.
Que Faeser ne puisse pas comprendre la critique de sa contribution dans ce journal au vu de telles déclarations soulève plus de questions qu’elle ne le souhaiterait. Les vagues d’indignation ont été fortes chez les socialistes (SPD), les Verts (die Grünen) et La Gauche (die Linke). Depuis que plusieurs personnalités de la CDU/CSU (union de la droite démocrate-chrétienne, n.d.t.) critiquent Nancy Faeser au sujet de son article dans Antifa, un cercle de protection rouge-vert-rouge s’est formé autour des socialistes sur les réseaux sociaux.
Source : Junge Freiheit, 13/02/2022