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En Allemagne : Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur et antifa (2/2)

17 février 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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En Allemagne : Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur et antifa (2/2)

Temps de lecture : 5 minutes

Ministre fédéral de l’Intérieur depuis les dernières élections, Nancy Faeser fait la une de la presse allemande et rejette toute critique au sujet de son implication avec l’extrême gauche. Voir notre première partie ici.

Front uni à gauche pour défendre Fraeser

Du côté de La Gauche/die Linke, le Pre­mier min­istre du Land de Thuringe, Bodo Ramelow, s’est déclaré sol­idaire de Faeser. Niema Movas­sat, mem­bre du Comité exé­cu­tif fédéral, a vu dans cette affaire la preuve que « les extrémistes de droite et les con­ser­va­teurs de l’op­po­si­tion tra­vail­lent ensem­ble quand il s’ag­it d’être con­tre la gauche ». Un député du Bun­destag (équiv­a­lent de notre Assem­blée nationale, n.d.t.), Vic­tor Per­li, a accusé la CDU/CSU de man­quer de bous­sole poli­tique. La dirigeante de La Gauche, Janine Wissler, a qual­i­fié la cri­tique de Faeser d’ « absurde et dan­gereuse ». Il serait bon que Faeser, en tant que min­istre fédéral de l’In­térieur, soit claire­ment opposée aux extrémistes de droite. Le groupe par­lemen­taire de Hesse a déclaré sa sol­i­dar­ité avec Faeser et le VVN-BdA. Ses mem­bres pub­lient une pho­to d’eux-mêmes bran­dis­sant des affich­es VVN-BdA et un dra­peau Antifa, com­plétés par le slo­gan « Nous sommes tous des Antifa! » et le hash­tag #Faeser.

Du côté des Verts, le député du Bun­destag Jan-Niclas Gesen­hues a tweeté que quiconque prend la Loi fon­da­men­tale au sérieux doit être un antifas­ciste. Le com­mis­saire aux ques­tions des minorités sex­uelles du gou­verne­ment fédéral, Sven Lehmann, a pour sa part salué l’an­tifas­cisme comme une «posi­tion sta­ble » pour un min­istre de l’Intérieur.

Selon Tim­on Grem­mels, député social­iste au Bun­destag, la CDU/CSU devrait avoir honte de cri­ti­quer Faeser. Sa col­lègue par­lemen­taire Derya Türk-Nach­baur a annon­cé sur Twit­ter qu’elle avait rejoint le VVN-BdA à cause de l’incident.

Le FDP (par­ti libéral, n.d.t.) est plus cir­con­spect. L’un de ses dirigeants, Kon­stan­tin Kuh­le, atteste de la “bous­sole des valeurs claires” de Faeser.

De nom­breux jour­nal­istes sont égale­ment pour Faeser. Selon le rédac­teur en chef du Frank­furter Rund­schau  : « Les édi­teurs en ligne titrent « cam­pagne de haine de droite con­tre Nan­cy Faeser » — c’est prob­a­ble­ment  cela même ». L’an­cien rédac­teur en chef du Tagesspiegel, Matthias Meis­ner, s’est quant à lui indigné sur Twit­ter de la « bave de cra­paud » de Junge Frei­heit, Bild-Zeitung et de la CDU/CSU. Le « mur coupe-feu à droite » trem­ble dan­gereuse­ment, a‑t-il mis en garde.

Cepen­dant, les cri­tiques de Faeser dans les rangs de la CDU/CSU n’ar­rê­tent pas. « Tout démoc­rate est antifas­ciste. Mais tous les antifas­cistes ne sont pas des démoc­rates. Il y a même des antifas­cistes qui sont anti­sémites. Il est affligeant qu’il n’y ait pas de con­sen­sus par­mi les démoc­rates pour rejeter toute forme d’ex­trémisme », twitte le député CDU au Bun­destag Matthias Hauer. Il avait précédem­ment fait remar­quer que les extrémistes de gauche don­nent le ton au VVN-BdA. « L’as­so­ci­a­tion est men­tion­née à juste titre dans un rap­port bavarois et sous obser­va­tion par les autorités pour la pro­tec­tion de la con­sti­tu­tion en Bav­ière et dans d’autres Län­der. » Un min­istre de l’in­térieur ne devrait « pas écrire d’ar­ti­cle pour un jour­nal extrémiste ».

…Le porte-parole de la poli­tique intérieure de la CDU/CSU au Bun­destag, Alexan­der Throm (CDU), a annon­cé qu’il porterait l’af­faire devant la com­mis­sion de l’in­térieur. Car Faeser aurait jusqu’à présent refusé toute « expli­ca­tion et de se dif­férenci­er d’une organ­i­sa­tion con­sid­érée comme influ­encée par des extrémistes de gauche. »…

Le député de la CSU, Flo­ri­an Hahn, est clair : « Peu importe que Mme Faeser ait été min­istre fédéral de l’in­térieur en juil­let 2021 ou « seule­ment » prési­dente du SPD de Hesse — un démoc­rate n’écrit pas d’ar­ti­cles pour « l’or­gan­i­sa­tion la plus impor­tante dans le domaine de l’an­tifas­cisme alors que celle-ci est influ­encée par les extrémistes de gauche ».

Démission de Faeser demandée

Le poli­to­logue berli­nois Klaus Schroed­er, spé­cial­iste des ques­tions con­cer­nant les extrémismes, quant à lui, demande la démis­sion de Faeser, car « quelqu’un comme Faeser n’au­rait pas le droit d’être min­istre de l’Intérieur. »

Selon le chercheur, Faeser ne rejet­terait pas la vio­lence de gauche aus­si claire­ment que celle de droite, con­sid­érant la ques­tion de façon très uni­latérale. « Mais le com­bat con­tre la droite n’ex­clut pas que l’on com­bat­te aus­si là où la gauche est vio­lente. Madame Faeser, et c’est le point cru­cial, est respon­s­able de la pro­tec­tion de la con­sti­tu­tion et des autorités de sécu­rité. » C’est pourquoi le min­istère de l’In­térieur ne saurait lui être confié.

« Mme Faeser devrait dans tous les cas démis­sion­ner », selon Schroed­er, l’un des rares poli­to­logues en Alle­magne à étudi­er l’ex­trémisme de gauche. « Elle pour­rait occu­per un autre poste min­istériel où elle n’en­tr­erait pas en con­tact avec tout cela. Mais c’est un prob­lème général : l’ex­trême gauche du SPD et des Verts, surtout les Jeunes social­istes et les Jeuness­es vertes, n’ont absol­u­ment aucun scrupule à men­er des cam­pagnes, des actions et des man­i­fes­ta­tions com­munes avec des extrémistes de gauche. Il n’y a pas de rejet général de la vio­lence à moti­va­tion poli­tique, quels que soient ses auteurs et à quelles fins. » …

NB : VVN-BdA et « Aide rouge ». L’Of­fice fédéral pour la pro­tec­tion de la Con­sti­tu­tion réper­to­rie l’or­gan­i­sa­tion « Rote Hilfe/Aide rouge », comp­tant env­i­ron 11 000 mem­bres et 50 groupes locaux dans tout le pays comme « l’un des groupes les plus impor­tants de l’ex­trémisme de gauche alle­mand ». L’or­gan­isme sou­tient des crim­inels morale­ment, idéologique­ment et finan­cière­ment lorsqu’ils entrent en con­flit avec la loi pour des raisons poli­tiques. « Une con­di­tion préal­able à l’ob­ten­tion d’un sou­tien par l’Aide rouge est que la per­son­ne con­cernée défende son acte crim­inel sans remords comme un moyen poli­tique­ment légitime dans la lutte con­tre l’É­tat. » Les « déc­la­ra­tions de sol­i­dar­ité avec les ter­ror­istes vio­lents empris­on­nés » sont une preuve sup­plé­men­taire de la volon­té de repenser active­ment l’or­dre con­sti­tu­tion­nel exis­tant et l’ori­en­ta­tion extrémiste de l’Aide rouge.

Source : Junge Frei­heit, 07/02/2022 et 08/02/2022. Tra­duc­tion : AC

Le com­porte­ment d’une organ­i­sa­tion à l’é­gard des groupes extrémistes four­nit égale­ment des indices sur sa rela­tion avec l’or­dre fon­da­men­tal démoc­ra­tique et libéral. En 2018, le min­istère fédéral de l’In­térieur voulait inter­dire l’Aide rouge. En févri­er 2019, le mag­a­zine Antifa du VVN-BdA pub­li­ait une déc­la­ra­tion de sol­i­dar­ité avec l’organisme.

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