Ministre fédéral de l’Intérieur depuis les dernières élections, Nancy Faeser fait la une de la presse allemande et rejette toute critique au sujet de son implication avec l’extrême gauche. Voir notre première partie ici.
Front uni à gauche pour défendre Fraeser
Du côté de La Gauche/die Linke, le Premier ministre du Land de Thuringe, Bodo Ramelow, s’est déclaré solidaire de Faeser. Niema Movassat, membre du Comité exécutif fédéral, a vu dans cette affaire la preuve que « les extrémistes de droite et les conservateurs de l’opposition travaillent ensemble quand il s’agit d’être contre la gauche ». Un député du Bundestag (équivalent de notre Assemblée nationale, n.d.t.), Victor Perli, a accusé la CDU/CSU de manquer de boussole politique. La dirigeante de La Gauche, Janine Wissler, a qualifié la critique de Faeser d’ « absurde et dangereuse ». Il serait bon que Faeser, en tant que ministre fédéral de l’Intérieur, soit clairement opposée aux extrémistes de droite. Le groupe parlementaire de Hesse a déclaré sa solidarité avec Faeser et le VVN-BdA. Ses membres publient une photo d’eux-mêmes brandissant des affiches VVN-BdA et un drapeau Antifa, complétés par le slogan « Nous sommes tous des Antifa! » et le hashtag #Faeser.
Du côté des Verts, le député du Bundestag Jan-Niclas Gesenhues a tweeté que quiconque prend la Loi fondamentale au sérieux doit être un antifasciste. Le commissaire aux questions des minorités sexuelles du gouvernement fédéral, Sven Lehmann, a pour sa part salué l’antifascisme comme une «position stable » pour un ministre de l’Intérieur.
Selon Timon Gremmels, député socialiste au Bundestag, la CDU/CSU devrait avoir honte de critiquer Faeser. Sa collègue parlementaire Derya Türk-Nachbaur a annoncé sur Twitter qu’elle avait rejoint le VVN-BdA à cause de l’incident.
Le FDP (parti libéral, n.d.t.) est plus circonspect. L’un de ses dirigeants, Konstantin Kuhle, atteste de la “boussole des valeurs claires” de Faeser.
De nombreux journalistes sont également pour Faeser. Selon le rédacteur en chef du Frankfurter Rundschau : « Les éditeurs en ligne titrent « campagne de haine de droite contre Nancy Faeser » — c’est probablement cela même ». L’ancien rédacteur en chef du Tagesspiegel, Matthias Meisner, s’est quant à lui indigné sur Twitter de la « bave de crapaud » de Junge Freiheit, Bild-Zeitung et de la CDU/CSU. Le « mur coupe-feu à droite » tremble dangereusement, a‑t-il mis en garde.
Cependant, les critiques de Faeser dans les rangs de la CDU/CSU n’arrêtent pas. « Tout démocrate est antifasciste. Mais tous les antifascistes ne sont pas des démocrates. Il y a même des antifascistes qui sont antisémites. Il est affligeant qu’il n’y ait pas de consensus parmi les démocrates pour rejeter toute forme d’extrémisme », twitte le député CDU au Bundestag Matthias Hauer. Il avait précédemment fait remarquer que les extrémistes de gauche donnent le ton au VVN-BdA. « L’association est mentionnée à juste titre dans un rapport bavarois et sous observation par les autorités pour la protection de la constitution en Bavière et dans d’autres Länder. » Un ministre de l’intérieur ne devrait « pas écrire d’article pour un journal extrémiste ».
…Le porte-parole de la politique intérieure de la CDU/CSU au Bundestag, Alexander Throm (CDU), a annoncé qu’il porterait l’affaire devant la commission de l’intérieur. Car Faeser aurait jusqu’à présent refusé toute « explication et de se différencier d’une organisation considérée comme influencée par des extrémistes de gauche. »…
Le député de la CSU, Florian Hahn, est clair : « Peu importe que Mme Faeser ait été ministre fédéral de l’intérieur en juillet 2021 ou « seulement » présidente du SPD de Hesse — un démocrate n’écrit pas d’articles pour « l’organisation la plus importante dans le domaine de l’antifascisme alors que celle-ci est influencée par les extrémistes de gauche ».
Démission de Faeser demandée
Le politologue berlinois Klaus Schroeder, spécialiste des questions concernant les extrémismes, quant à lui, demande la démission de Faeser, car « quelqu’un comme Faeser n’aurait pas le droit d’être ministre de l’Intérieur. »
Selon le chercheur, Faeser ne rejetterait pas la violence de gauche aussi clairement que celle de droite, considérant la question de façon très unilatérale. « Mais le combat contre la droite n’exclut pas que l’on combatte aussi là où la gauche est violente. Madame Faeser, et c’est le point crucial, est responsable de la protection de la constitution et des autorités de sécurité. » C’est pourquoi le ministère de l’Intérieur ne saurait lui être confié.
« Mme Faeser devrait dans tous les cas démissionner », selon Schroeder, l’un des rares politologues en Allemagne à étudier l’extrémisme de gauche. « Elle pourrait occuper un autre poste ministériel où elle n’entrerait pas en contact avec tout cela. Mais c’est un problème général : l’extrême gauche du SPD et des Verts, surtout les Jeunes socialistes et les Jeunesses vertes, n’ont absolument aucun scrupule à mener des campagnes, des actions et des manifestations communes avec des extrémistes de gauche. Il n’y a pas de rejet général de la violence à motivation politique, quels que soient ses auteurs et à quelles fins. » …
NB : VVN-BdA et « Aide rouge ». L’Office fédéral pour la protection de la Constitution répertorie l’organisation « Rote Hilfe/Aide rouge », comptant environ 11 000 membres et 50 groupes locaux dans tout le pays comme « l’un des groupes les plus importants de l’extrémisme de gauche allemand ». L’organisme soutient des criminels moralement, idéologiquement et financièrement lorsqu’ils entrent en conflit avec la loi pour des raisons politiques. « Une condition préalable à l’obtention d’un soutien par l’Aide rouge est que la personne concernée défende son acte criminel sans remords comme un moyen politiquement légitime dans la lutte contre l’État. » Les « déclarations de solidarité avec les terroristes violents emprisonnés » sont une preuve supplémentaire de la volonté de repenser activement l’ordre constitutionnel existant et l’orientation extrémiste de l’Aide rouge.
Source : Junge Freiheit, 07/02/2022 et 08/02/2022. Traduction : AC
Le comportement d’une organisation à l’égard des groupes extrémistes fournit également des indices sur sa relation avec l’ordre fondamental démocratique et libéral. En 2018, le ministère fédéral de l’Intérieur voulait interdire l’Aide rouge. En février 2019, le magazine Antifa du VVN-BdA publiait une déclaration de solidarité avec l’organisme.