La messagerie cryptée Telegram gagne du terrain, avec plus de 500 millions d’utilisateurs mensuels début 2022. La campagne du gouvernement allemand contre Telegram intervient alors que l’application gagne en popularité dans le pays. Les données publiées par l’institut de statistiques Statista montrent qu’entre 2018 et 2021, le pourcentage d’allemands utilisateurs de messagerie qui utilisent régulièrement Telegram est passé de 7% à 15%.
Le SPD pour la suppression de Télegram
Le ministre fédéral de l’Intérieur allemand, Nancy Faeser du SPD (parti socialiste, n.d.t.), a enjoint Apple et Google à retirer Telegram de leurs boutiques d’applications. Selon elle, tant que les plates-formes offriraient le service de messagerie, elles seraient « aussi une forme d’accélérateur de l’incendie que sont l’extrémisme de droite et les théories du complot », a‑t-elle critiqué.
Les deux entreprises technologiques auraient une responsabilité sociale et ne devraient en aucun cas offrir d’espace à « la haine et aux appels au meurtre ». L’extrémisme de droite serait actuellement la plus grande menace pour la démocratie allemande.
Le porte-parole de la politique numérique du groupe parlementaire AfD (droite populiste, n.d.t.) au Bundestag, Joana Cotar, a indiqué à Faeser les pays qui ont pris des mesures contre Telegram dans le passé. Il s’agit de la Russie, de la Chine, de l’Iran, de la Biélorussie et de l’Indonésie. “Qu’est-ce que cela dit sur vous ?”, a écrit Madame Cotar au ministre de l’Intérieur sur Twitter.
Le parti socialiste lui-même utilise Telegram
Madame Faeser avait déjà évoqué la semaine dernière un éventuel arrêt de Telegram en « dernier recours » car, selon elle, l’État devrait pouvoir agir en cas d’infractions pénales.
Par le passé, le SPD lui-même avait fait référence à plusieurs reprises au service de messagerie, sur lequel il a un profil, l’application ayant servi par ailleurs aux sociaux-démocrates de partager des nouvelles sur les négociations de coalition.
Die SPD nutzt übrigens weiterhin Telegram. Eine Anfrage dazu, wie das denn mit den Forderungen nach einem Quasi-Verbot der Plattform einiger ihrer Politiker zusammenpaßt, läßt die Partei seit Tagen unbeantwortet. pic.twitter.com/sEUlQSDaS6
— Lukas Steinwandter (@LSteinwandter) January 26, 2022
Bombardement de demandes pour faire supprimer des « contenus criminels »
L’Office fédéral de la police criminelle (BKA) a laissé entrevoir qu’il inonderait le service de messagerie Telegram de demandes de suppression et de demandes de données afin de faire pression sur le réseau social. Ce, en raison d’un manque de volonté de coopérer dans l’action contre les contenus criminels, rapporte le quotidien Die Welt. Il y a eu à ce sujet une réunion de fonctionnaires à huis clos au sein de la commission de l’intérieur du Bundestag.
Neue Taskforce des #BKA zur Aufklärung von Straftaten über #Telegram nimmt die Arbeit auf.
Ziel ist es, Tatverdächtige zu identifizieren und strafrechtlich zu verfolgen.Hier geht es zur Pressemitteilung: https://t.co/fTW22Z6fNc pic.twitter.com/MSf3mpxnre
— Bundeskriminalamt (@bka) January 26, 2022
Telegram ne répondrait que rarement aux demandes concernant les contenus d’extrême droite. Néanmoins, le BKA voudrait transmettre désormais chaque incident à la plate-forme à l’avenir afin de rendre plus claire l’étendue des contenus potentiellement criminels qui y seraient envoyés. L’objectif des enquêteurs serait, en collaboration avec les autorités policières fédérales et des Länder, de travailler avec Telegram, a déclaré une porte-parole interrogée par le journal. Les approches existantes devraient être intensifiées.
Politiques et autorités discutent depuis plusieurs semaines d’éventuelles actions contre le réseau social ; Telegram, en dépit de la loi, ne signalerait qu’à peine le contenu pénalement pertinent au BKA. Selon les autorités, le service de messagerie serait particulièrement utilisé par le mouvement des coronasceptiques. La plate-forme servirait à mobiliser et radicaliser.
Source : Junge Freiheit, 26/01/2022. Traduction : AC