Des centaines de milliers de personnes regardent ses vidéos même si – ou précisément parce que – il s’attaque à tous les dogmes politiquement corrects. L’« hérétique des temps modernes », qui se qualifie lui-même ainsi, est un phénomène YouTube : plus de 350 000 abonnés rien que sur YouTube et des vidéos régulièrement visionnées plusieurs centaines de milliers de fois. Un objectif dont même certains grands médias ne peuvent que rêver de nos jours.
Qui est le jeune homme ? D’où vient son succès ? Et où tout cela mènera-t-il ?
Ne pas se considérer vaincu parce que de droite
Trigger.FM (triggerfm.com) est une nouvelle station de radio grand public, au programme axé sur la musique et des émissions politiques. Junge Freiheit (JF) a rencontré son fondateur, Benjamin Niemeyer (BN).
JF : Il existe déjà une radio conservatrice, Kontrafunk. Pourquoi alors lancer Trigger.FM ?
BN : Tout d’abord, nous sommes plus faciles à recevoir, ayant une page d’accueil, une fréquence DAB+, Amazon Fire TV et une fréquence satellite. Nous sommes la première nouvelle station autorisée à diffuser en dehors d’Internet. Kontrafunk est une radio d’information. Chez nous, il y beaucoup de musique — et très fort, des modérateurs difficiles à ralentir et des contributions extérieures pour pimenter le tout. Oubliez la bouillie des vieilles stations mourantes avec leurs radios animées par des stagiaires. Nous disons ce que les gens normaux échangent au café du coin, nous ne prenons pas beaucoup de choses trop au sérieux et voulons aborder principalement les sujets déclenchés par notre audience.
JF : Que voulez-vous changer avec Trigger.FM ?
BN : Sauf exceptions louables, les médias alternatifs pleurnichent constamment, tout va mal. Qui peut supporter ça pendant des heures ? Si nous présentons nos convictions de cette manière, nous ne pourrons inspirer personne. Les médias en place dressent un tableau effrayant des conservateurs. Cela a souvent amenés ces derniers à croire qu’ils devaient être ennuyeux. Le « style Rock ‘n’ Roll » est exactement notre truc à nous. Cela n’a pas grand-chose à voir avec le type de musique, c’est plutôt une attitude face à la vie.
JF : Que voulez-vous dire exactement?
BN : En Allemagne, les politiques peuvent poser avec des drapeaux d’extrême gauche au Bundestag (équivalent de l’Assemblée nationale, n.d.t.) et une ministre de l’Intérieur peut se permettre d’ écrire pour un canard d’extrême gauche. A droite, on prend toujours des pincettes et l’on distingue entre la droite, les conservateurs, les libéraux… que sais-je, pour ne surtout pas choquer. Difficile de penser davantage en vaincu… Commençons simplement à profiter de la vie et à le montrer. Oui, j’aime les activités de plein air, les belles femmes, les familles avec un père, une mère et des enfants, les impôts bas, un bon steak et ma grosse voiture, si grande que je pourrais emmener d’un coup en Suède toute la « colle climatique » (Klimakleber/scotchés du climat : activistes du mouvement « Dernière génération » s’asseyant en collant une main au sol, sur les grands axes routiers en Allemagne pour bloquer la circulation ; n.d.t.)… Gagnons à nouveau !
JF : Plus facile de gagner avec des caisses pleines. Comment êtes-vous financés ?
BN : J’ai vidé mon coffre aux trésors personnel. Et bien sûr, nous accueillons dons et publicités, tant que l’on ne veut pas nous imposer en échange ce que nous devons émettre.
JF : Comme toute radio grand public, Trigger.FM propose beaucoup de musique. La politique joue-t-elle un rôle dans les choix musicaux ?
BN : Les radios proposent en général 300 à 400 titres en rotation. Nous en sommes à environ 5 000 et cela ne cesse d’augmenter car nos modérateurs ont toujours de nouvelles idées. « Le chant des Schtroumpfs » ne sera probablement pas joué très souvent, mais je ne donne que quelques lignes directrices. La politique joue généralement un rôle secondaire – bien que s’amuser semble être devenu en soi un acte subversif de nos jours. Cependant, si un groupe est « controversé », c’est pour nous un indicateur de qualité. Si, de plus, la Fondation Amadeu Antonio collecte des dons contre lui, nous le passerons presque automatiquement.
Dans nos programmes principaux il y a aussi beaucoup d’émissions. Toni, qui est sur la route du lundi au vendredi de 19h à minuit, couvre des reportages qui ne peuvent être trouvés sur aucune station des anciennes radios car elles n’ont généralement pas de présentateur à l’antenne après 18 heures. Et le dimanche, Romy se déchaîne avec ses disques préférés et sa revue hebdomadaire des événements absurdes de ce pays.
“Elon Musk peut garder Mars”
JF : Les lanceurs de projets médiatiques conservateurs se plaignent en général de la difficulté à les réaliser. Quelle est votre expérience ?
BN : Cela n’a pas été facile et je me demande parfois comment nous avons pu y arriver. Les erreurs de nos prédécesseurs nous ont servi d’avertissements. Peut-être aussi grâce au fait que la législation sur les médias exige réellement la diversité. Il faut juste y faire face et ne pas toujours tout voir négativement.
JF : Regardons vers l’avenir. Quels sont vos prochains projets ?
BN : Le but ultime est la domination du monde — Elon Musk peut garder Mars. En attendant, nous aimerions élargir notre zone de diffusion et faire fumer davantage le micro. Notre programme comprend du rock, de la pop, de la country et tout ce qui plaît aux présentateurs. Mais il y a de pauvres âmes qui ne sont pas musicalement heureuses de ces choix. Nous prévoyons de lancer des stations supplémentaires proposant d’autres genres musicaux.
JF : Souhaitez-vous dire autre chose ?
BN : Il n’y a que deux genres !
Source : Junge Freiheit. 04/10/2023. Traduction : AC