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Allemagne : Trigger.FM, « hérétique des temps modernes »

28 novembre 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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Allemagne : Trigger.FM, « hérétique des temps modernes »

Temps de lecture : 5 minutes

Des centaines de milliers de personnes regardent ses vidéos même si – ou précisément parce que – il s’attaque à tous les dogmes politiquement corrects. L’« hérétique des temps modernes », qui se qualifie lui-même ainsi, est un phénomène YouTube : plus de 350 000 abonnés rien que sur YouTube et des vidéos régulièrement visionnées plusieurs centaines de milliers de fois. Un objectif dont même certains grands médias ne peuvent que rêver de nos jours.
Qui est le jeune homme ? D’où vient son succès ? Et où tout cela mènera-t-il ?

Ne pas se considérer vaincu parce que de droite

Trigger.FM (triggerfm.com) est une nou­velle sta­tion de radio grand pub­lic, au pro­gramme axé sur la musique et des émis­sions poli­tiques. Junge Frei­heit (JF) a ren­con­tré son fon­da­teur, Ben­jamin Niemey­er (BN).

JF : Il existe déjà une radio con­ser­va­trice, Kon­tra­funk. Pourquoi alors lancer Trigger.FM ?

BN  : Tout d’abord, nous sommes plus faciles à recevoir, ayant une page d’ac­cueil, une fréquence DAB+, Ama­zon Fire TV et une fréquence satel­lite. Nous sommes la pre­mière nou­velle sta­tion autorisée à dif­fuser en dehors d’In­ter­net. Kon­tra­funk est une radio d’in­for­ma­tion. Chez nous, il y beau­coup de musique — et très fort, des mod­éra­teurs dif­fi­ciles à ralen­tir et des con­tri­bu­tions extérieures pour pimenter le tout. Oubliez la bouil­lie des vieilles sta­tions mourantes avec leurs radios ani­mées par des sta­giaires. Nous dis­ons ce que les gens nor­maux échangent au café du coin, nous ne prenons pas beau­coup de choses trop au sérieux et voulons abor­der prin­ci­pale­ment les sujets déclenchés par notre audi­ence.

JF : Que voulez-vous chang­er avec Trigger.FM ?

BN : Sauf excep­tions louables, les médias alter­nat­ifs pleur­nichent con­stam­ment, tout va mal. Qui peut sup­port­er ça pen­dant des heures ? Si nous présen­tons nos con­vic­tions de cette manière, nous ne pour­rons inspir­er per­son­ne. Les médias en place dressent un tableau effrayant des con­ser­va­teurs. Cela a sou­vent amenés ces derniers à croire qu’ils devaient être ennuyeux. Le « style Rock ‘n’ Roll » est exacte­ment notre truc à nous. Cela n’a pas grand-chose à voir avec le type de musique, c’est  plutôt une atti­tude face à la vie.

JF : Que voulez-vous dire exactement?

BN : En Alle­magne, les poli­tiques peu­vent pos­er avec des dra­peaux d’extrême gauche au Bun­destag (équiv­a­lent de l’Assem­blée nationale, n.d.t.) et une min­istre de l’In­térieur peut se per­me­t­tre d’ écrire pour un canard d’ex­trême gauche. A droite, on prend tou­jours des pincettes et l’on dis­tingue entre la droite, les con­ser­va­teurs, les libéraux… que sais-je, pour ne surtout pas cho­quer. Dif­fi­cile de penser davan­tage en vain­cu… Com­mençons sim­ple­ment à prof­iter de la vie et à le mon­tr­er. Oui, j’aime les activ­ités de plein air, les belles femmes, les familles avec un père, une mère et des enfants, les impôts bas, un bon steak et ma grosse voiture, si grande que je pour­rais emmen­er d’un coup en Suède toute la « colle cli­ma­tique »  (Klimakleber/scotchés du cli­mat : activistes du mou­ve­ment « Dernière généra­tion » s’asseyant en col­lant une main au sol, sur les grands axes routiers en Alle­magne pour blo­quer la cir­cu­la­tion ; n.d.t.)… Gagnons à nouveau !

JF : Plus facile de gag­n­er avec des caiss­es pleines. Com­ment êtes-vous financés ?

BN : J’ai vidé mon cof­fre aux tré­sors per­son­nel. Et bien sûr, nous accueil­lons dons et pub­lic­ités, tant que l’on ne veut pas nous impos­er en échange ce que nous devons émettre.

JF : Comme toute radio grand pub­lic, Trigger.FM pro­pose beau­coup de musique. La poli­tique joue-t-elle un rôle dans les choix musicaux ?

BN : Les radios pro­posent en général 300 à 400 titres en rota­tion. Nous en sommes à env­i­ron 5 000 et cela ne cesse d’aug­menter car nos mod­éra­teurs ont tou­jours de nou­velles idées. « Le chant des Schtroumpfs » ne sera prob­a­ble­ment pas joué très sou­vent, mais je ne donne que quelques lignes direc­tri­ces. La poli­tique joue générale­ment un rôle sec­ondaire – bien que s’amuser sem­ble être devenu en soi un acte sub­ver­sif de nos jours. Cepen­dant, si un groupe est « con­tro­ver­sé », c’est pour nous un indi­ca­teur de qual­ité. Si, de plus, la Fon­da­tion Amadeu Anto­nio col­lecte des dons con­tre lui, nous le passerons presque automatiquement.

Dans nos pro­grammes prin­ci­paux il y a aus­si beau­coup d’émis­sions. Toni, qui est sur la route du lun­di au ven­dre­di de 19h à minu­it, cou­vre des reportages qui ne peu­vent être trou­vés sur aucune sta­tion des anci­ennes radios car elles n’ont générale­ment pas de présen­ta­teur à l’an­tenne après 18 heures. Et le dimanche, Romy se déchaîne avec ses dis­ques préférés et sa revue heb­do­madaire des événe­ments absur­des de ce pays.

Elon Musk peut garder Mars”

JF : Les lanceurs de pro­jets médi­a­tiques con­ser­va­teurs se plaig­nent en général de la dif­fi­culté à les réalis­er. Quelle est votre expérience ?

BN : Cela n’a pas été facile et je me demande par­fois com­ment nous avons pu y arriv­er. Les erreurs de nos prédécesseurs nous ont servi d’aver­tisse­ments. Peut-être aus­si grâce au fait que la lég­is­la­tion sur les médias exige réelle­ment la diver­sité. Il faut juste y faire face et ne pas tou­jours tout voir négativement.

JF : Regar­dons vers l’avenir. Quels sont vos prochains projets ?

BN : Le but ultime est la dom­i­na­tion du monde — Elon Musk peut garder Mars. En atten­dant, nous aime­ri­ons élargir notre zone de dif­fu­sion et faire fumer davan­tage le micro. Notre pro­gramme com­prend du rock, de la pop, de la coun­try et tout ce qui plaît aux présen­ta­teurs. Mais il y a de pau­vres âmes qui ne sont pas musi­cale­ment heureuses de ces choix. Nous prévoyons de lancer des sta­tions sup­plé­men­taires pro­posant d’autres gen­res musicaux.

JF : Souhaitez-vous dire autre chose ?

BN : Il n’y a que deux genres !

Source : Junge Frei­heit. 04/10/2023. Tra­duc­tion : AC

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