Berlin, le magazine d’art Monopol a désigné le mouvement « Black Lives Matter » comme l’acteur le plus important de l’année en cours, justifiant sa décision en affirmant que le mouvement a réussi à mettre les questions du colonialisme et du racisme à l’ordre du jour non seulement aux États-Unis, mais aussi dans le reste du monde, leur donnant une toute nouvelle urgence.
« Black Lives Matter » aurait eu pour effet que des rues portant des « noms discriminatoires » ont été renommées et que certains monuments ont été remis en question. Les musées du monde entier débattent désormais « du moyen pour atteindre d’autres segments de la population et proposer plus de thèmes adaptés à un public de migrants ». Ils « décolonialisent » leurs collections et recrutent un personnel plus diversifié.
La population remplace le peuple
Le féminisme et la critique du colonialisme mis à l’honneur.
Monopol a choisi Hito Steyerl comme finaliste. L’auteur et cinéaste d’origine asiatique traite, entre autres, du féminisme et de la critique du colonialisme. Chaque année, le magazine honore ceux qu’il estime être les cent acteurs les plus influents.
L’année dernière, la première place a été attribuée à l’artiste d’installations Hans Haacke. Ce dernier, dans l’une de ses installations, avait remplacé la dédicace « au peuple allemand » ornant le bâtiment du Reichstag (l’équivalent de notre Assemblée Nationale) par « la population », remettant ainsi en question la notion de « peuple ».
Source : Junge Freiheit, 19 novembre 2020, traduction AC
Note de la traductrice : Hito Steyerl est une artiste conceptuelle nippo allemande née en 1966 à Munich, diplômée de l’académie des Beaux-Arts de Vienne ; sujets de prédilection : les médias, la technologie et la circulation mondialisée des images. Hans Haacke, artiste conceptuel également, né en 1936 à Cologne, vit aux États-Unis depuis 1965. Il a publié en 1994 un livre avec Pierre Bourdieu, Libre échange, (Seuil/Les Presses du réel).