Tout irait bien pour Les Éditions Amaury si le groupe familial, détenu par Marie Odile, et ses enfants, Aurore et Jean-Étienne, n’opérait que sur les manifestations sportives.
Avec 170 millions d’euros de CA en 2013, sa filiale Amaury sport organisation (ASO) est très rentable (20% de résultat net). Le département “médias”, avec Le Parisien et L’Équipe, ainsi que les imprimeries de Saint-Ouen (Sicavic) et Mitry-Mory (Centre d’impression Nord Paris), est lui nettement moins florissant. Le quotidien régional de l’Ile de France et le quotidien sportif de référence ont perdu respectivement 15 et huit millions d’euros en 2013. Leur diffusion a reculé l’année dernière de 9% (DTPOJD : 250 095 ex) et de 11,3% (DTP OJD : 249 014 ex). Les recettes publicitaires ont quant à elle chuté de 7% en moyenne sur les deux titre.
Du coup, Amaury souhaite conjointement trouver de nouvelles recettes, améliorer son organisation et réduire ses coûts. Tout en accélérant son développement sur les supports numériques, comme en témoigne le lancement prochain d’une structure maison de réalisation de vidéos, Le Parisien TV, les Éditions Amaury vont regrouper à la rentrée les services transversaux de leurs différentes entités médias. Deux nouvelles filiales, dont Amaury services, seront créées pour accueillir fin septembre quelque 117 salariés administratifs (comptabilité, paie, DRH, informatiques). Lors de comités d’entreprise, tenus mercredi 2 juillet, au Parisien, à L’Équipe, à la Singam (Sicavic et Centre d’impression Nord Paris), un PSE portant sur la suppression concomitante de 113 postes a été annoncé. Ce delta de quatre emplois n’est pas le plus inquiétant pour les syndicats de l’entreprise. Ils craignent surtout que le passage des très généreux accords signés dans les deux quotidiens (22 jours de RTT, huit semaines de congés payés) à un statut moins favorable dans les nouvelles filiales, se fassent au détriment des salariés. Selon eux, la centralisation, qui se traduira notamment par un transfert des services financiers de L’Équipe au siège du groupe à Saint-Ouen (93), n’aurait pas seulement pour objectif une meilleure efficacité. Il s’agirait aussi de réduire à terme la masse salariale.
Amaury a beau avoir réalisé environ 650 millions d’euros de CA et bénéficier d’un résultat net positif, il a besoin de cash. Surtout après l’annonce, le 3 juillet, de la reprise de la procédure contre lui par le groupe 10 médias. L’éditeur de l’hebdomadaire footballistique Le 10 sports réclame au groupe, déjà condamné en février 2014 à 3,5 millions d’euros d’amende par l’Autorité de la concurrence, 18 millions d’euros de dommages et intérêts pour pratiques anti-concurrentielle. Amaury aurait ainsi profité de sa position dominante pour lancer en novembre 2008 le quotidien Aujourd’hui sport, uniquement pour couler Le 10 sport.