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Antiterrorisme ou censure du web français ?

25 septembre 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Antiterrorisme ou censure du web français ?

Temps de lecture : 3 minutes

C’est fait. Malgré les critiques et les mises en garde des experts numériques, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a fait adopter jeudi dernier par l’Assemblée nationale, sous l’impulsion du premier ministre Manuel Valls, l’article 9 du projet de loi dit de « lutte contre le terrorisme ».

Celui-ci prévoit le blocage des sites « ter­ror­istes », sans déci­sion de jus­tice préal­able. Cette mesure ouvre la voie à une sur­veil­lance encore plus impor­tante d’in­ter­net, mais aus­si à une dérive arbi­traire. On com­mencera par blo­quer des sites à la gloire du Dji­had mais qui sait où l’on s’arrêtera ?

Et pour­tant, les lev­ées de boucli­er ont été nom­breuses. Les députés PS n’ont pas hésité à atta­quer leur pro­pre min­istre et les experts n’ont eu de cesse de rap­pel­er l’in­ef­fi­cac­ité et la dan­gerosité du pro­jet. Le Con­seil nation­al du numérique, la Com­mis­sion de l’Assem­blée nationale sur les droits et lib­ertés numériques, les acteurs du numérique, les experts en sécu­rité, sans oubli­er le patron de l’A­gence nationale de cyberdéfense (ANSSI) ; tous ont voulu faire bar­rage à ce texte. Rien n’y a fait.

« Cette méth­ode a des effets sec­ondaires infin­i­ment plus graves que les effets atten­dus, qui n’au­ront pas lieu », a prévenu la députée écol­o­giste Isabelle Attard, avant de con­fi­er : « Je ne veux pas que la représen­ta­tion nationale se ridi­culise par mécon­nais­sance tech­nique. (…) Nous voulons que le blocage soit décidé par un juge judi­ci­aire ! » Elle n’a vis­i­ble­ment pas été écoutée.

De son côté, le député UMP Lionel Tardy s’est inter­rogé : « Faut-il faire reculer encore la lib­erté, con­tre le ter­ror­isme ? » Et d’a­jouter que « la France s’en­gage à petits pas dans la direc­tion de la NSA »… Et tout ça pour quoi ? Pour des mesures inefficaces.

Dans une chronique pub­liée sur le site du Point inti­t­ulée « Loi antiter­ror­iste : les députés ont voté la cen­sure du web français », Guer­ric Pon­cet a rap­pelé l’inutilité de cette loi au regard de ce qu’est le web : « En deux clics, l’in­ter­naute peut installer l’ex­cel­lent logi­ciel gra­tu­it Tor, ini­tiale­ment des­tiné aux cyberdis­si­dents. Il est aus­si pos­si­ble de souscrire pour quelques euros par mois à un réseau privé virtuel (VPN), qui per­met de choisir via quel pays du monde on veut accéder au Web. »

Et de con­clure en soupi­rant que, « finale­ment, le seul effet con­cret de cet arti­cle 9 sera la créa­tion par le min­istère de l’In­térieur d’une liste noire des sites web ter­ror­istes. Une liste qui fuit­era : à l’ère de Wik­iLeaks et d’Ed­ward Snow­den, ce n’est qu’une ques­tion de temps. Et l’É­tat aura con­sti­tué les mar­que-pages du par­fait petit terroriste… »

Pour­tant, en juil­let dernier, même Reporters sans Fron­tières, qui n’a pas pour habi­tude de taper sur les doigts de la France, avait prévenu que ce texte « pour­rait engen­dr­er un recul de la lib­erté d’in­for­ma­tion puisqu’il (…) prévoit le blocage admin­is­tratif de sites inter­net et aug­mente les mesures de surveillance ».

Mais c’est bien dans cette voie, au faux-air de Big Broth­er, que le gou­verne­ment sem­ble s’en­gager, envers et con­tre tous.

À lire sur un sujet similaire : Comment le CSA veut restreindre les libertés sur internet

Crédit pho­to : pseu­doxx via Flickr (cc)

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