Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Apolline de Malherbe prise à partie par Gérald Darmanin

10 février 2022

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Apolline de Malherbe prise à partie par Gérald Darmanin

Apolline de Malherbe prise à partie par Gérald Darmanin

Temps de lecture : 4 minutes

La campagne présidentielle bat son plein et les équipes d’Emmanuel Macron préparent l’annonce de la candidature de leur champion. Dans ce contexte, les passages télévisés des ministres revêtent un intérêt tout particulier et permettent de prendre la température du camp majoritaire.

C’est dans ce con­texte que le min­istre de l’Intérieur Gérald Dar­manin s’est ren­du sur BFMTV/RMC, mar­di 8 févri­er au matin. Face à la jour­nal­iste Apolline de Mal­herbe, le transfuge de la droite par­lemen­taire a per­du son sang froid et pris à par­ti son inter­locutrice. La réac­tion poli­tique et médi­a­tique (hors LREM) est unanime face à cette presta­tion grossière.

« Ça va bien se passer »

À deux mois de l’élection prési­den­tielle, la majorité entend pro­pos­er une « grande loi d’orientation sur la sécu­rité ». Le sujet sécu­ri­taire revient donc sur le devant de la scène. La jour­nal­iste Apolline de Mal­herbe a alors inter­pel­lé le min­istre de l’Intérieur sur un sondage IFOP pour le JDD paru fin jan­vi­er selon lequel 69% des français jugeaient négatif le bilan sécu­ri­taire prési­den­tiel.

Dans la longue litanie des hauss­es d’actes de délin­quance et de crim­i­nal­ité, la jour­nal­iste évoque les actes de vio­lences, les homi­cides, les atteintes aux per­son­nes, les coups et blessures… Elle évoque aus­si la hausse les vio­lences sex­uelles… Un détail qui a pos­si­ble­ment par­ticipé à l’étonnant agace­ment du min­istre, lui-même accusé dans une affaire de viol et de har­cèle­ment (dans laque­lle un non-lieu a été req­uis par le par­quet). La litanie finie, le min­istre essaie un trait de sar­casme « j’ai regardé votre logo j’ai cru qu’on était sur CNews ». S’en suiv­ent des attaques agacées du min­istre qui accuse Apolline de Mal­herbe de faire une présen­ta­tion « très rapi­de et un peu pop­uliste » avant de lâch­er à plusieurs repris­es « ça va bien se pass­er » à la jour­nal­iste ! L’apothéose arrivera quand le min­istre deman­dera à cette dernière : « vous faites de la poli­tique ou du jour­nal­isme ? », ques­tion que lui avait précédem­ment posé Marine Le Pen en d’autres cir­con­stances (voir notre por­trait rubrique « ils ont dit »).

L’unanimité contre lui

Peut-être le min­istre eût-il préféré être inter­rogé par Jean-Jacques Bour­din, avec qui il partage cer­tains déboires ou tout au moins des accu­sa­tions… Mais avec Apolline, le courant n’est pas passé !

L’absence de cour­toisie pour ne pas dire la muflerie du min­istre à l’égard de la jour­nal­iste a éton­né les audi­teurs et inter­nautes qui s’en sont émus… Croy­ant arriv­er en ter­rain con­quis dans une chaîne qui générale­ment n’égratigne guère son camp, le min­istre s’est mon­tré très grossier.

Côté poli­tiques, naturelle­ment les oppo­si­tions s’en sont don­nées à cœur joie. Côté jour­nal­istes, c’est aus­si l’indignation et le sou­tien qui ont prévalu.

Paul Sugy du Figaro et chroniqueur à CNews y est allé de sa critique.

Pour Alex­is Poulain qui offi­cie sur RT France, la remar­que du min­istre est celle d’un cuistre misogyne.

Même son de cloche du côté des col­lègues et con­frères de BFMTV :

Salomé Saqué de chez Blast insiste, elle, sur un prob­lème (sous-enten­du) du min­istre avec la gente féminine.

Les arti­cles sur les pro­pos du min­istre ont égale­ment fleuri, du Parisien qui évoque un « échange ten­du » à France Info qui par­le d’un « échange mus­clé ». Glob­ale­ment, les arti­cles ne sont pas franche­ment à charge et le sou­tien est moins pal­pa­ble que sur les réseaux soci­aux… Téméraires mais pas trop !

Le ton d’une campagne

Cet échange à couteaux tirés et le peu de cas que le min­istre a fait de son inter­locutrice sem­ble mon­tr­er la voie vers une cam­pagne très rude. Alors que la polémique du fusil d’Éric Zem­mour avait mon­tré que les médias ne feraient pas de cadeaux à leur ex-con­frère, l’épisode Darmanin/Apolline de Mal­herbe mon­tre que les équipes d’Emmanuel Macron ne man­queront pas de s’attaquer à une caste qui leur a pour­tant plutôt servi la soupe pen­dant cinq ans.

Les min­istres d’Emmanuel Macron ne s’excuseront pas et fon­ceront pour défendre la gamelle. Mar­lène Schi­ap­pa l’a mon­tré à l’Assemblé Nationale mar­di après-midi affir­mant « Je pen­sais qu’on était à l’Assemblée nation­al pas à la rédac­tion de Télé loisirs ». Les jour­nal­istes de Télé Loisirs apprécieront…

Par le passé, Emmanuel Macron lui-même avait mon­tré le peu de con­sid­éra­tion qu’il pou­vait avoir pour la pro­fes­sion au Liban en s’attaquant au jour­nal­iste du Figaro Georges Mal­brunot. Un désamour que même le très con­sen­suel Parisien s’était per­mis d’évoquer.

Une chose est sûre, la cam­pagne est lancée, et les lieu­tenants du prési­dent ne fer­ont pas de cadeaux aux journalistes.

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés