Alors que la chasse aux “fake news” alias infox, était devenue la nouvelle occupation des médias de grands chemins, un nouveau phénomène commence à émerger sur internet. Encore plus “fake” que les “fake news”, les “deepfake” apparaissent désormais en s’appuyant sur l’intelligence artificielle.
“Deepfake”, de quoi parle-t-on ?
Le terme de “deepfake”, “hypertrucage” en français, a été créé pour désigner essentiellement des techniques de manipulation de l’image par l’intelligence artificielle pour créer des fausses vidéos. Par exemple, à partir d’une image d’un individu, une intelligence artificielle crée une mini vidéo qui donne l’impression que cette personne parle.
De manière plus marginale, le terme peut aussi être utilisé pour parler de textes écrits par des intelligences artificielles afin de diffuser de fausses informations. La production robotisée de contenus pour informer fait déjà ses débuts chez Microsoft, il n’y a donc plus qu’un pas vers l’écriture de faux articles. Certaines voix commencent à pointer du doigt la possible utilisation qui pourrait être faite de cette technique pour influencer les futures élections américaines. Après la paranoïa de l’influence russe, celle de l’intelligence artificielle.
Du porno au détournement politique
Le domaine dans lequel les “deepfake” ont commencé à faire parler d’eux est celui de la pornographie. Début 2018, l’actrice israélienne Gal Gadot avait été victime d’un “deepfake” dans lequel son visage avait été intégré à une véritable vidéo pornographique.
Depuis, leur utilisation s’est exportée doucement vers d’autres cadres, dont le politique. Dès 2018, un rapport de l’IRSEM mentionnait l’identification de ce type de vidéos “par le département de la Défense américain comme un enjeu des élections de mi-mandat de 2018”. La même année, le réalisateur américain, Jordan Peele, avait créé un “deepfake” d’Obama pour montrer la puissance de cette technologie. Bien plus récemment, c’est finalement une vidéo qui a été détournée pour faire croire que Joe Biden dormait en plein interview.
Le nouveau Saint Graal : la chasse aux “deepfake”
Le “deepfake” devient donc peu à peu une nouvelle tendance. Les GAFAM, alors qu’ils ont participé à leur émergence, se mettent à chercher des solutions pour les combattre. Après Facebook en début d’année, en septembre 2020, c’est Microsoft qui a annoncé vouloir s’attaquer à ce problème, surtout dans le cadre électoral. Quelques jours plus tard, Intel a présenté une technologie de traque “des “deepfake” tenant compte des signaux biologiques d’un individu” pour mener à bien sa mission.
C’est désormais un nouveau Saint Graal qui se dresse devant nous, celui de la chasse aux “deepfake” par les géants technologiques. Suivis probablement d’ici peu, par des initiatives similaires chez les médias de grand chemin, laissant présager que la censure préalable sous couleur de “lutte contre la désinformation” fera encore parler d’elle pendant quelque temps.