Quand vous avez environ 300 milliards de dollars sous le pied et 83 millions d’abonnés (chiffre en hausse) sur Twitter, vous pouvez mettre 44 milliards pour racheter Twitter et envoyer paître son ancienne direction castratrice.
Une OPA hostile
Le conseil d’administration avait d’abord décidé de rejeter l’offre de Musk à 54,20$ par action soit 38% de plus que le cours du 1er avril. Parag Agrawal (CEO) et Brett Taylor (président) avaient envisagé – avec le soutien de l’ancien PDG Jack Dorsey – d’introduire une « pilule empoisonnée juridique » pour faire capoter l’offre. Mais une offre en cash, sécurisée à la fois par un apport personnel de Musk et un emprunt bancaire garanti, a eu raison des obstacles, d’autant que Musk avait annoncé que c’était une offre « à prendre ou à laisser ».
Du nouveau pour le réseau social
16 ans, ce peut être la sortie de l’adolescence et le début de la vie d’adulte pour le réseau social né en 2006. Musk semble à la fois décidé à « alléger » Twitter en diminuant la censure, à révolutionner l’algorithme, à mieux monétiser l’offre.
Moins de censure !
Twitter – comme les autres réseaux sociaux américains – s’est fait une spécialité en attaquant ou interdisant ce qui provenait du secteur conservateur entendu au sens large du terme. Musk voit Twitter comme une agora, « une arène ouverte pour la liberté d’expression », ce qu’il était au départ. Alors qu’il est devenu une caricature de censures en tous genres comme vient de l’expérimenter à ses dépens Grégory Roose.
Avoir accès à ses algorithmes
À l’heure actuelle votre profil sur les réseaux sociaux est déterminé par la « chasse aux cookies » qui parsèment la toile et qui rassemblent une foultitude de renseignements sur vous : si vous aimez les chiens, si vous allez en vacances à La Baule, si vous préférez les blondes/bruns/roux/rousses, si vous roulez en véhicule électrique, si vous lisez l’Ojim ou Médiapart etc. Les effets sont bien connus, effet de halo, renforcement de l’effet de groupe vivant sur lui-même etc. L’utilisateur pourra modifier – dans des proportions à déterminer – ou désactiver – également dans des proportions variables – ce tri personnalisé.
Moins de faux comptes et un bouton correcteur
Vous publiez un tweet un peu rapide pour féliciter un certain Emmanuel M (nous respectons l’anonymat) pour sa récente victoire électorale « Bravau Emmanuel je suie avec toi », deux fautes en cinq mots (l’émotion, sans doute) c’est beaucoup. Mais vous ne pouvez pas corriger votre tweet. Ce sera désormais possible dans un délai de quelques minutes. Les faux comptes seront mieux poursuivis, ils polluent le débat et n’y apportent rien.
Plus de sous également
Même si Musk a déclaré réaliser cette opération pour défendre la liberté d’expression et non pour des motifs économiques, il veut développer les services payants. L’abonnement payant Twitter blue qui existe dans quelques pays pourrait être généralisé, peut-être à un prix inférieur au prix actuel qui tourne autour de 2,5 dollars par mois. On parle également d’un Twitter Premium sur le modèle qu’utilise le réseau LinkedIn de Microsoft.
Pleurs et gémissements chez les libéraux libertaires
Si le camp conservateur se réjouit, comme on pouvait s’y attendre, le camp progressiste couine. Le Parti démocrate américain y voit un « accord dangereux pour notre démocratie », sic. La liberté d’expression est donc dangereuse pour la conception de la démocratie de la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. Le commissaire européen Thierry Breton avertit, le réseau social devra s’adapter au Digital Services Act en service en 2023 comme l’a rappelé Cédric O, secrétaire d’État à la transition numérique. Chassez la censure par la porte américaine, elle revient par la fenêtre de l’Union Européenne. Tout en restant attentif aux mesures réelles en faveur de la liberté d’expression, saluons quand même ce vent d’air frais provoqué par Elon Musk.
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