Une étude de l’ARCOM pointe du doigt l’hyperconsommation de contenus pornographiques chez le public mineur. Chaque mois, ils seraient 2,3 millions à se rendre sur des sites dits pour « adultes ».
30 % des moins de 18 ans se rendent sur des sites pornographiques. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique tire la sonnette d’alarme. La tendance chez les jeunes suit celle de l’ensemble de la toile car un tiers des internautes se serait rendu également sur de tels sites.
Une augmentation au cours des cinq dernières années
L’étude publiée le 25 mai dernier se base sur les mesures d’audiences internet de Médiamétrie. Il est fait état d’une augmentation de 9 points en cinq ans sur le visionnage de contenus pornographique (28 % fin 2022 contre 19 % en 2017).
Quant à la moyenne de fréquentation, elle est aussi en hausse avec le nombre de mineurs visitant chaque mois de tels contenus en hausse de 36 % soit 600 000 jeunes en plus pour un total de 2,2 millions en moyenne. Il faut donc comprendre ici que la part de jeunes regardant du porno est grandissante et que cette augmentation s’est accompagnée d’une fréquentation assidue d’une partie importante de ce public.
En moyenne, 36 % des internautes se sont rendus au moins une fois pour un site adulte chaque mois en 2022 avec un taux à 30 % chez les moins de 18 ans et de 37 % chez les majeurs.
Plus étonnant encore, 10 % du total des internautes en France fréquenteraient quotidiennement ces sites.
Les smartphones, principal vecteur de visionnage
Pour trois mineurs sur quatre, le mobile est le seul outil de consommation de porno. La hausse du visionnage des contenus « adultes » semble ainsi directement liée à l’explosion de l’usage des smartphones. En 2022, plus de la moitié des enfants de 7 à 14 ans possédaient un smartphone, une tendance qui ne devrait pas changer.
Côté répartition sexuée, les garçons sont les premiers consommateurs. La présidente du groupe de travail de l’ARCOM sur la protection des publics l’AFP Laurence Pécaut-Rivolier indiquait auprès de l’AFP « 51% des garçons de 12–13 ans qui regardent des sites pornographiques chaque mois » et « 21% des garçons de 10–11 ans ». A partir de 12 ans, la moitié des garçons consulte des sites pornographiques en moyenne chaque mois.
La plateforme pornographique la plus fréquentée par les jeunes est le site Pornhub. Celui-ci est consulté par 18 % de mineurs. Il est détenu par la société MindGeek basée au Luxembourg et dirigée par l’homme d’affaire allemand Fabian Thylman. MindGeek est un mastodonte du porno et comprend d’autres sites très fréquentés comme Youporn mais aussi des sociétés de production.
L’ARCOM relève en outre le faible nombre de site fréquentés par les mineurs. Cinq sites concentreraient 59 % du temps passé sur ces contenus.
Quelle marge de manœuvre ?
Fin 2021 et en avril 2023, l’ARCOM a ainsi mis en demeure dix sites pornographiques de mettre en œuvre des mesures concrètes pour d’empêcher l’accès aux mineurs.
Face à cette question s’apparentant à un problème de santé publique impliquant la notion d’addiction, le gouvernement soutient l’Autorité administrative indépendante et dit envisager de bloquer leur accès aux mineurs. Une démarche juridiquement faisable mais techniquement complexe. L’ARCOM est habilitée à faire respecter l’interdiction de l’accès des mineurs aux sites pornographiques mais devra faire face à des puissances financières fortes et à une capacité de contournement des consommateurs les plus jeunes (VPN, usage d’appareils achetés sans carte d’identité…)