Comme le dit le proverbe, « si je dois cent mille euros à la banque je ne dors plus, si j’en dois cent millions c’est le banquier qui ne dort plus ». La Lettre A du 21 mai 2019 fourmille de détails sur les relations complexes d’Arnaud Lagardère avec la banque verte.
Au commencement était le prêt
Dans les années 2005/2007 le fils de Jean-Luc Lagardère veut monter au capital de son groupe et emprunte la modique somme de 340M€ au Crédit agricole. La banque se garantit par un nantissement. Le nantissement est une sûreté conventionnelle. Le nantissement d’une chose mobilière s’appelle un “gage” : c’est ainsi que s’exprime l’article 2072 du Code civil. Le nantissement est donc l’appellation générale que l’on donne aux sûretés portant sur des choses mobilières (source). Autrement dit si Arnaud Lagardère ne peut rembourser, la banque peut se payer sur la bête et récupérer une proportion d’actions du groupe détenues par l’emprunteur défaillant, voire sa totalité.
Des dettes non négligeables
Fin 2009 les dettes des deux holdings personnelles du fils Lagardère s’élevaient à un peu plus de 580M€. Au même moment l’action baissait à un point tel que sa participation ne valait plus que 258M€, moins de la moitié de la dette. En 2019 il est impossible de connaître le montant exact de la dette d’Arnaud Lagardère, ses deux holdings personnelles ne déposant plus de comptes depuis 10 ans, mais une estimation tournerait autour de 200M€.
Un Crédit agricole bien aimable ou prudent
En 2010 la banque aurait pu exercer son nantissement, et se faire rembourser en saisissant les actions du groupe détenues par Arnaud Lagardère, devenant de facto l’actionnaire de référence. La banque a préféré un accord à l’amiable, Arnaud Lagardère vendant des actions régulièrement pour rembourser, la Lettre A parle de 3% des actions pour 112M€ et d’une participation tombée à 7,3%.
Il est vrai que la banque a toujours été bien représentée dans les instances du groupe. Ainsi le président de la banque René Carron était membre du conseil de surveillance entre 2004 et 2009. Puis Patrick Valroff, ancien directeur de la banque lui a succédé en 2010 comme « administrateur indépendant » et est toujours en poste en 2019. Un poste d’observation privilégié qui permet au Crédit agricole de surveiller sa créance et de se faire rembourser au fur et à mesure.