Le feuilleton Lagardère n’en finit pas. Après avoir appelé à son secours Nicolas Sarkozy dans son Conseil de surveillance, fait rentrer Bernard Arnault dans sa holding personnelle, vu Vincent Bolloré devenir le premier actionnaire de sa société opérationnelle, Arnaud Lagardère sera-t-il dévoré en 2021 ? La réponse est : oui certainement, encore faut-il savoir à quelle sauce, quand et comment ?
Le père et le fils
On connaît l’adage, la première génération construit, la deuxième développe, la troisième dilapide. Ce sera plus rapide pour le groupe Lagardère fondé par Jean-Luc Lagardère père et dilapidé par Arnaud Lagardère fils. Au hasard de caprices d’investissement dans le sport (un milliard d’euros de pertes), de dividendes copieux, de changements étonnants dans sa garde rapprochée somptueusement traitée, d’un management particulier (euphémisme), plus la crise du Covid, la coupe déborde.
Les joyaux dispersés ?
Ce qui a sauvé le groupe Lagardère ces dernières années c’est – pardonnez le franglais – le travel retail, autrement dit les boutiques hors taxes d’aéroport à l’arrêt depuis le début de 2020 et qui ne sont pas à la veille de rouvrir. Et aussi le réseau de distribution des Relay eux aussi touchés par la crise. Les deux cumulés ont sans doute perdu autour de la moitié de leurs revenus en 2020. Restent de jolies pépites, Europe 1 en perdition sur les panels d’audience demeure une marque forte, Paris Match et le JDD rivalisent de couvertures en faveur d’Emmanuel Macron, d’une manière qui fait parfois sourire. Mais les deux titres sont de première valeur dans leur segment et leur influence politique demeure. Et il y a Hachette qui va très bien.
Bernard et Vincent, brouille ou entente ?
Bernard (Arnault) et Vincent (Bolloré) sont ou paraissent se trouver dans des camps opposés. Vincent est le premier actionnaire de la société opérationnelle sans aucun poste au conseil d’administration. Bernard a surpayé une place dans la holding personnelle du bel Arnaud Lagardère. On voit mal pourquoi ils se feraient la guerre, d’autant qu’ils n’ont pas apprécié que Arnaud Lagardère se fasse réélire à la hussarde pour 4 ans à la tête de la société.
Gageons que les deux requins se partageront les beaux restes. « Vous me donnez l’Espagne, je vous cède les nègres », écrivait Victor Hugo dans Ruy Blas. En paraphrasant, on pourrait dire « Vous me donnez Hachette, je vous cède les médias », dans la bouche de Bernard ou de Vincent. Les 465M€ du prêt garanti par l’État accordé au groupe en décembre 2020 donneront un peu de temps pour déterminer si Arnaud Lagardère terminera sur un fauteuil honorable, un petit strapontin ou avec un joli chèque pour jouer au golf à plein temps. Bon appétit Messieurs.
NB : Le porte-parole du groupe Lagardère, Monsieur Ramzy Khiroun a porté plainte contre le directeur de la publication de l’Ojim pour « injures publiques ». Ce différend n’influence en rien la rédaction des articles que nous consacrons au groupe Lagardère et à ses médias. La prochaine audience du procès aura lieu le 1er avril 2021, notre conseil plaidera la nullité de la procédure.
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