Vendredi 19 août, à Vénissieux, des policiers ont voulu contrôler deux individus à bord d’un véhicule. Le conducteur n’a non seulement pas freiné, il a foncé avec son véhicule vers les membres des forces de l’ordre. L’un des policiers a fait usage de son arme pour détourner le véhicule. Il a involontairement tué le passager et blessé grièvement le conducteur. Nous revenons sur ces événements qui ont donné lieu de la part des journaux Le Monde et Libération à une présentation pour le moins étonnante, dans laquelle la police apparait en accusation.
Un véhicule transformé en arme
Il est avant toute chose important de revenir sur l’enchainement des faits, un enchainement aussi implacable que malheureux qui a abouti au décès de l’un des délinquants et à la blessure grave de l’autre, qui est peu après lui aussi décédé :
- Deux délinquants volent une voiture sur le parking d’un supermarché.
- Ils montent à bord de ce véhicule et circulent dans Vénissieux.
- Ils font l’objet d’un contrôle par la police qui leur demande de s’arrêter.
- Non seulement le conducteur n’arrête pas le véhicule qu’il conduit, il accélère, il fonce sur les policiers.
- L’un des policiers est projeté sur le capot puis au sol.
- Afin de ne pas être écrasé par le véhicule, l’un des policiers fait usage de son arme et tire en direction du véhicule, tuant accidentellement l’une des personnes à l’intérieur de celui-ci et blessant grièvement l’autre.
Le Monde et Libération en flagrant délit de falsification
Le Monde présente dans un article paru le jour même de l’accident les faits de la façon suivante :
« Un homme tué et un autre grièvement blessé par des tirs de policiers après un refus d’obtempérer à Vénissieux ».
On pourrait croire à la lecture de ce titre de l’article que les policiers ont fait un usage disproportionné de leur arme : le fait que l’un d’eux ait tiré en direction des personnes dans la voiture pour éviter d’être écrasé est tout simplement absent des premiers éléments de contexte présentés en accroche de l’article.
Libération sait parfois utiliser la forme active : sujet, verbe, complément, pour présenter les événements. Enfin, parfois, quand les circonstances s’y prêtent. Une forme qui peut parfois choquer le lecteur.
Pour couvrir l’évènement, le journal fondé par Jean-Paul Sartre annonce en titre d’un article paru le 19 août :
« À Vénissieux, la police tue un homme et en blesse un autre gravement après un refus d’obtempérer ».
Dans cet article également, ce n’est que dans le sous-titre que l’on apprend que le véhicule accélérait en direction des policiers.
Des réactions outrées
Les réactions outrées à cette présentation des faits sont nombreuses :
L’immonde insinue que la police tire dans le tas pour le plaisir, alors que l’homme décédé était dans une voiture qui a percuté volontairement un policier lors d’un refus d’obtempérer, ce qui constitue une tentative d’homicide par arme par destination. #venissieux #fakenews https://t.co/cjMLKQAeak
— La France 🍊 Mécanique #LaJusticeTue (@FranceOrangeM) August 19, 2022
Une syndicaliste de la police, Linda Kebbab, tente de rétablir la qualification juridique des faits adéquate :
Chers “impartiaux” journalistes : Non ce n’est pas « après un refus d’obtempérer » que les policiers ont ouvert le feu mais parce que le malfrat déterminé à fuir au volant d’une voiture volée avait embarqué dans sa fuite un policier sur son capot. #venissieux
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) August 19, 2022
Le porte-parole d’un autre syndicat policier commente également sur Twitter l’accident tragique qui a eu lieu à Vénissieux le 19 août :
Cette nuit, à #Vénissieux, un voyou transforme son véhicule volée en arme, percute et projette sur le capot un jeune #policier sur plusieurs mètres.
Nos collègues ont fait feu pour protéger leur vie.
Le malfrat et son passager étaient très connus de la #Police, ça vous étonne?— Matthieu Valet (@mvalet_officiel) August 19, 2022
On apprend également sur Twitter quelques informations sur le profil des personnes qui étaient dans la véhicule ayant foncé sur les policiers :
Le chauffeur S. Raihane, né en 1995, 53 inscriptions au fichier des antécédents judiciaires et le passager B. Adame, né en 2001, 11 inscriptions au même fichier. A minuit dans une voiture volée sur un parking de Supermarché… #Police #venissieux #Lyon #justice #FDO https://t.co/ziqcskbWvt
— Synergie-Officiers (@PoliceSynergie) August 19, 2022
En début de semaine, Le Figaro consacrait un article aux refus d’obtempérer en France. Un toutes les 30 minutes. Le jour même de l’accident à Vénissieux, le site d’information de faits divers, Actu17, donnait l’information suivante : « Un chauffard multirécidiviste traîne un policier et se lance dans une course-poursuite, il est remis en liberté ». Les lecteurs de Libération retiendront des événements de Vénissieux que « la police tue ». Sans commentaires.