L’Association relative à la télévision européenne (Arte), c’est ce projet franco-allemand mis sur pied par une mitterrandie sur le déclin et obsédée par un européisme fait de beaux discours et de bons sentiments.
Tant aimée par les enseignants du secondaire sympathisants socialistes et autres cultureux d’un niveau discutable, cette chaîne est un média de service public détenu par Arte France, dont le Conseil de surveillance est présidé par Bernard-Henri Lévy, et la société allemande Arte Deutschland TV. Tout juste trentenaire, Arte lance une émission d’actualité hebdomadaire proposée dans d’autres langues que le français et l’allemand, une initiative saluée notamment par Le Monde et impliquant des médias partenaires aux affiliations politiques avérées. Après une présentation générale, voici la deuxième partie de notre enquête, sur les partenariats en Pologne, Hongrie et Espagne, tous partisans.
Gazeta Wyborcza, en première ligne contre le gouvernement polonais
Gazeta Wyborcza est un quotidien polonais, ayant aussi de deux sites internet, indissociable de son fondateur Adam Michnik, archétype du dissident centre-européen reconverti à la pensée libérale libertaire. Véritable star polonaise des médias subventionnés français, Michnik, qu’Arianne Thedrel qualifiait de « conscience morale de la Pologne » en 2010 dans Le Figaro, ne rate jamais une occasion d’attaquer ouvertement ses adversaires politiques conservateurs en Pologne aux affaires depuis 2015.
Premier quotidien « indépendant » dans les pays de l’Est en 1989, Gazeta Wyborcza (« Journal électoral ») est devenu une usine à singer la catéchisme libéral libertaire européiste. Méthodiquement, ce média effectue un travail de sape à l’encontre du gouvernement polonais, mais aime évidemment se gargariser du qualificatif de presse « libre et indépendante ».
Un bel exemple de cette indépendance : Gazeta Wyborcza a travaillé en partenariat avec Le Monde dans le cadre du projet Europa, alors qu’Adam Michnik s’est fait remarquer en 2015 par un vibrant homme rendu à André Glucksmann dans les colonnes du quotidien du soir français. Et, dévoilant sa vision de l’indépendance de la presse, en 2017, Le Monde qualifie Adam Michnik d’ « ennemi de longue date du PiS [le parti au pouvoir en Pologne] ».
Gazeta Wyborcza sert de source à tous les médias occidentaux dénonçant le politique du gouvernement polonais, qui puisent ainsi leurs informations dans des canaux connus en Pologne pour être les plus violemment anti-PiS. C’est en effet bien Adam Michnik qui, en 2013, dans Der Spiegel, comparait le Premier ministre hongrois Viktor Orbán à Adolf Hitler, tout en mettant en garde les Allemands contre un Jarosław Kaczyński autoritaire et fascisant.
En termes de financements et de partenariats, Gazeta Wyborcza fait aussi preuve de cette « indépendance » si particulière. Ce média est détenu par le groupe Agora SA, un groupe de médias coté en bourse et co-fondé par Adam Michnik, ainsi que par l’entreprise américaine Cox Communications et le Media Development Investment Fund, l’arme financière des réseaux d’influence de George Soros. Sa proximité avec le lobby LGBT est avérée, notamment à travers sa rubrique Talons hauts (Wysokie Obcasy) et son parti pris dans les manifestations féministes et pro-avortement ayant eu lieu en Pologne ces dernières années. Enfin, en 2017, ce média libéral libertaire avait été jusqu’à quémander des fonds auprès de l’UE pour assurer sa santé financière.
Pour couronner le tout : Adam Michnik est membre du projet sorosien Project Syndicate, une plateforme de 506 médias financée par les Open Society Foundations de George Soros. C’est sur cette plateforme que le maire éco-socialiste anti-Orbán de Budapest, Gergely Karácsony, avait rédigé, en septembre 2021, une tribune intitulée « La démocratie peut triompher à nouveau ».
Telex, tous contre Viktor Orbán
Les lecteurs assidus de l’Ojim connaissent bien ce média en ligne hongrois fondé en 2020, dont le lancement a notamment été permis par une manifestation antigouvernementale organisée le 24 juillet 2020 à Budapest par le parti pro-Bruxelles Momentum, dans lequel sont encartées deux euro-députées hongroises farouchement opposées à la politique du gouvernement Orbán, Katalin Cseh et Anna Donáth.
Success-story libérale libertaire hongroise, ce portail devenu en quelques semaines la référence des libéraux, des progressistes et de la jeunesse tendance « woke » de Budapest a aussi bénéficié des faveurs, sous la forme d’un virement de 200 000 euros, du milliardaire tchèque Bakala Zdeněk, proche des fondations de George Soros. Telex a su très rapidement bénéficier d’entrées dans les succursales les plus prisées des médias de grand chemin européens.
En novembre 2021, Veronika Munk, alors rédactrice en chef du portail hongrois, s’extasiait depuis Bruxelles de l’intérêt suscité par Telex devant un parterre dégoulinant de conformisme réuni à l’occasion de l’European News Media Forum, une sauterie parrainée par les commissaires Thierry Breton et Věra Jourová, où s’était précipités le directeur du Reuters Institute, le PDG de l’AFP, ainsi que des journalistes de TFI ou de Gazeta Wyborca, pour comploter à la création d’une « salle de presse européenne » financée à hauteur de 1,76 millions d’euros et composées des agences de presse les plus correctes du continent.
Défenseur du journalisme « libre et indépendant », Telex annonce sans vergogne en janvier 2023 recevoir 740 700 dollars sur deux ans de la part du Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor (Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail), un organe directement rattaché au Département d’État, le ministère des Affaires étrangères américain. Une somme considérable obtenue dans le cadre d’un projet de centre de formation journalistique à destination des jeunes.
Bien que cela n’étonne plus personne, il faut toujours rappeler le point qui suit : en Hongrie, des médias sont financés depuis l’étranger, un scandale a éclaté sur le financement US de la campagne de l’opposition anti-Orbán en avril 2022 à hauteur de plus 7 millions d’euros, des organisations comme Amnesty International se mêlent ouvertement des affaires internes hongroises, mais l’ingérence occidentale dans les affaires de la Hongrie n’est jamais mentionnée dans la presse de grand chemin, alors que cette dernière ne manque jamais une occasion d’accuser Orbán d’être à la solde de Poutine.
Telex n’a rien d’un média « indépendant et objectif ». Ses contenus ont tous pour objectif direct ou indirect de tirer la barque éditoriale dans le même sens, celui de l’élite bruxelloise, des Démocrates US, de la gentille Ukraine, du lobby LBGT, de l’agenda bio-sécuritaire, de l’immigration extra-européenne, du chantage à l’État de droit, de la condamnation d’une coalition gouvernementale ayant depuis 2010 remporté les élections législatives à quatre reprises avec une majorité de deux tiers.
Fondé en 1976 six mois après la mort de Francisco Franco, le quotidien espagnol El País, classé aujourd’hui au centre gauche, est aujourd’hui le plus lu en Espagne avec un tirage de 165 000 exemplaires pour l’année 2018 et un peu plus d’un million de lecteurs en 2020. Il donne généralement le la pour les médias internationaux qui s’intéressent à l’Espagne car il reste le principal organe de presse consulté par les journalistes étrangers en quête d’informations sur nos voisins d’outre-Pyrénées.
El País était à l’origine un quotidien profondément libéral, dans la lignée d’El Sol, dont la figure de proue était José Ortega y Gasset, philosophe de renommée planétaire. D’ailleurs, un de ses fils, José Ortega Spottorno, est l’un des fondateurs d’El País, avec des personnalités d’ouverture du régime précédent comme Manuel Fraga Iribarne ou José María de Areilza.
Sous la houlette de Juan Luis Cebrián Echarri — ancien directeur de l’information à la télévision publique et fils d’un franquiste pur et dur —, El País s’est vite imposé comme le quotidien de référence de la jeune démocratie espagnole, restant fidèle à ses valeurs fondatrices : libéralisme, européisme et soutien à la Constitution de 1978. Une bascule s’est produite en 1982, année de la première victoire électorale du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnole) de Felipe González, lorsque le quotidien prend progressivement fait et cause pour le gouvernement. Une des raisons de ce soutien, mais pas la seule, était le favoritisme du pouvoir vis-à-vis du propriétaire d’El País, le groupe Prisa, qui a été aidé pour constituer un solide groupe médiatique par des concessions administratives, notamment Canal Plus Espagne ou la radio Ser, qui reste à ce jour la première station du pays.
Pourfendeur sans limite et sans modération du gouvernement de centre de José María Aznar (1996–2004), El País adopte un ton critique face à son successeur, le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero, ligne maintenue lors de la première élection de Pedro Sánchez à la tête du Parti socialiste en 2014. El País a même favorisé l’éviction de ce dernier deux ans plus tard. Lorsque Sánchez revient dans le jeu pour accéder au pouvoir en 2018, El País limoge son directeur quelques jours plus tard. Depuis, il est redevenu le principal soutien de l’actuel gouvernement de Pedro Sánchez et de la coalition parlementaire sur laquelle il repose. Inversement, il est critique vis-à-vis de la « droite » et de l’ « extrême droite ».
Sa rédaction centrale se trouve à Madrid mais il peut compter sur des antennes dans plusieurs autres villes espagnoles (Barcelone, Valence, Séville, Bilbao et Algésiras). Il dispose également de deux éditions latino-américaines, l’une basée à Mexico et l’autre à São Paulo. Le journal appartient au groupe médiatique espagnol Prisa, présent non seulement dans la presse mais également à la télévision et à la radio. Ce groupe est également propriétaire du journal sportif As, du journal économique Cinco Días et de l’édition espagnole du Huffington Post. En matière radiophonique, il possède la Cadena SER (radio de gauche) ainsi que plusieurs radios musicales. Enfin, il est le propriétaire du groupe éditorial Santillana, présent en Espagne et dans 21 pays latino-américains depuis plus de 50 ans.
Les principaux actionnaires de Prisa sont le fonds d’investissement britannique Amber Capital (quasiment 30 % des parts), dont le propriétaire est le financier français d’origine libano-arménienne Joseph Oughourlian, l’entreprise immobilière canadienne Oviedo Holdings (10 %), le groupe de télécommunications et de divertissement français Vivendi (9 %), l’entreprise espagnole Rucandio (7,6 %, propriété de la riche famille Polanco, très influente dans le domaine des médias) et le groupe espagnol Global Alconaba (7 %, contrôlé par des proches du Parti socialiste ouvrier espagnol).
Parmi les autres actionnaires de Prisa, on retrouve le milliardaire mexicain Carlos Slim, Santander (principale banque d’Espagne), l’entrepreneur mexicain Carlos Fernández González et l’entreprise espagnole de télécommunications Telefónica.
À suivre une dernière partie sur les partenariats en Italie, Grèce et Belgique.