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<span class="dquo">«</span> Arte Europe — l’hebdo » : la chaîne franco-allemande à l’assaut du continent. Deuxième partie

18 février 2023

Temps de lecture : 9 minutes
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« Arte Europe — l’hebdo » : la chaîne franco-allemande à l’assaut du continent. Deuxième partie

Temps de lecture : 9 minutes

L’Association relative à la télévision européenne (Arte), c’est ce projet franco-allemand mis sur pied par une mitterrandie sur le déclin et obsédée par un européisme fait de beaux discours et de bons sentiments.

Tant aimée par les enseignants du sec­ondaire sym­pa­thisants social­istes et autres cul­tureux d’un niveau dis­cutable, cette chaîne est un média de ser­vice pub­lic détenu par Arte France, dont le Con­seil de sur­veil­lance est présidé par Bernard-Hen­ri Lévy, et la société alle­mande Arte Deutsch­land TV. Tout juste trente­naire, Arte lance une émis­sion d’actualité heb­do­madaire pro­posée dans d’autres langues que le français et l’allemand, une ini­tia­tive saluée notam­ment par Le Monde et impli­quant des médias parte­naires aux affil­i­a­tions poli­tiques avérées. Après une présen­ta­tion générale, voici la deux­ième par­tie de notre enquête, sur les parte­nar­i­ats en Pologne, Hon­grie et Espagne, tous partisans.

Gazeta Wyborcza, en première ligne contre le gouvernement polonais

Gaze­ta Wybor­cza est un quo­ti­di­en polon­ais, ayant aus­si de deux sites inter­net, indis­so­cia­ble de son fon­da­teur Adam Mich­nik, arché­type du dis­si­dent cen­tre-européen recon­ver­ti à la pen­sée libérale lib­er­taire. Véri­ta­ble star polon­aise des médias sub­ven­tion­nés français, Mich­nik, qu’Arianne The­drel qual­i­fi­ait de « con­science morale de la Pologne » en 2010 dans Le Figaro, ne rate jamais une occa­sion d’attaquer ouverte­ment ses adver­saires poli­tiques con­ser­va­teurs en Pologne aux affaires depuis 2015.

Pre­mier quo­ti­di­en « indépen­dant » dans les pays de l’Est en 1989, Gaze­ta Wybor­cza (« Jour­nal élec­toral ») est devenu une usine à singer la catéchisme libéral lib­er­taire européiste. Méthodique­ment, ce média effectue un tra­vail de sape à l’encontre du gou­verne­ment polon­ais, mais aime évidem­ment se gar­garis­er du qual­i­fi­catif de presse « libre et indépendante ».

Un bel exem­ple de cette indépen­dance : Gaze­ta Wybor­cza a tra­vail­lé en parte­nar­i­at avec Le Monde dans le cadre du pro­jet Europa, alors qu’Adam Mich­nik s’est fait remar­quer en 2015 par un vibrant homme ren­du à André Glucks­mann dans les colonnes du quo­ti­di­en du soir français. Et, dévoilant sa vision de l’indépendance de la presse, en 2017, Le Monde qual­i­fie Adam Mich­nik d’ « enne­mi de longue date du PiS [le par­ti au pou­voir en Pologne] ».

Gaze­ta Wybor­cza sert de source à tous les médias occi­den­taux dénonçant le poli­tique du gou­verne­ment polon­ais, qui puisent ain­si leurs infor­ma­tions dans des canaux con­nus en Pologne pour être les plus vio­lem­ment anti-PiS. C’est en effet bien Adam Mich­nik qui, en 2013, dans Der Spiegel, com­para­it le Pre­mier min­istre hon­grois Vik­tor Orbán à Adolf Hitler, tout en met­tant en garde les Alle­mands con­tre un Jarosław Kaczyńs­ki autori­taire et fascisant.

En ter­mes de finance­ments et de parte­nar­i­ats, Gaze­ta Wybor­cza fait aus­si preuve de cette « indépen­dance » si par­ti­c­ulière. Ce média est détenu par le groupe Ago­ra SA, un groupe de médias coté en bourse et co-fondé par Adam Mich­nik, ain­si que par l’entreprise améri­caine Cox Com­mu­ni­ca­tions et le Media Devel­op­ment Invest­ment Fund, l’arme finan­cière des réseaux d’influence de George Soros. Sa prox­im­ité avec le lob­by LGBT est avérée, notam­ment à tra­vers sa rubrique Talons hauts (Wysok­ie Obcasy) et son par­ti pris dans les man­i­fes­ta­tions fémin­istes et pro-avorte­ment ayant eu lieu en Pologne ces dernières années. Enfin, en 2017, ce média libéral lib­er­taire avait été jusqu’à qué­man­der des fonds auprès de l’UE pour assur­er sa san­té finan­cière.

Pour couron­ner le tout : Adam Mich­nik est mem­bre du pro­jet sorosien Project Syn­di­cate, une plate­forme de 506 médias financée par les Open Soci­ety Foun­da­tions  de George Soros. C’est sur cette plate­forme que le maire éco-social­iste anti-Orbán de Budapest, Gerge­ly Karác­sony, avait rédigé, en sep­tem­bre 2021, une tri­bune inti­t­ulée « La démoc­ra­tie peut tri­om­pher à nou­veau ».

Telex, tous contre Viktor Orbán

Les lecteurs assidus de l’Ojim con­nais­sent bien ce média en ligne hon­grois fondé en 2020, dont le lance­ment a notam­ment été per­mis par une man­i­fes­ta­tion antigou­verne­men­tale organ­isée le 24 juil­let 2020 à Budapest par le par­ti pro-Brux­elles Momen­tum, dans lequel sont encar­tées deux euro-députées hon­grois­es farouche­ment opposées à la poli­tique du gou­verne­ment Orbán, Katal­in Cseh et Anna Donáth.

Suc­cess-sto­ry libérale lib­er­taire hon­groise, ce por­tail devenu en quelques semaines la référence des libéraux, des pro­gres­sistes et de la jeunesse ten­dance « woke » de Budapest a aus­si béné­fi­cié des faveurs, sous la forme d’un vire­ment de 200 000 euros, du mil­liar­daire tchèque Bakala Zdeněk, proche des fon­da­tions de George Soros. Telex a su très rapi­de­ment béné­fici­er d’entrées dans les suc­cur­sales les plus prisées des médias de grand chemin européens.

En novem­bre 2021, Veroni­ka Munk, alors rédac­trice en chef du por­tail hon­grois, s’extasiait depuis Brux­elles de l’intérêt sus­cité par Telex devant un parterre dégouli­nant de con­formisme réu­ni à l’occasion de l’European News Media Forum, une sauterie par­rainée par les com­mis­saires Thier­ry Bre­ton et Věra Jourová, où s’était pré­cip­ités le directeur du Reuters Insti­tute, le PDG de l’AFP, ain­si que des jour­nal­istes de TFI ou de Gaze­ta Wybor­ca, pour com­plot­er à la créa­tion d’une « salle de presse européenne » financée à hau­teur de 1,76 mil­lions d’euros et com­posées des agences de presse les plus cor­rectes du continent.

Défenseur du jour­nal­isme « libre et indépen­dant », Telex annonce sans ver­gogne en jan­vi­er 2023 recevoir 740 700 dol­lars sur deux ans de la part du Bureau of Democ­ra­cy, Human Rights, and Labor (Bureau de la démoc­ra­tie, des droits de l’homme et du tra­vail), un organe directe­ment rat­taché au Départe­ment d’État, le min­istère des Affaires étrangères améri­cain. Une somme con­sid­érable obtenue dans le cadre d’un pro­jet de cen­tre de for­ma­tion jour­nal­is­tique à des­ti­na­tion des jeunes.

Bien que cela n’étonne plus per­son­ne, il faut tou­jours rap­pel­er le point qui suit : en Hon­grie, des médias sont financés depuis l’étranger, un scan­dale a éclaté sur le finance­ment US de la cam­pagne de l’opposition anti-Orbán en avril 2022 à hau­teur de plus 7 mil­lions d’euros, des organ­i­sa­tions comme Amnesty Inter­na­tion­al se mêlent ouverte­ment des affaires internes hon­grois­es, mais l’ingérence occi­den­tale dans les affaires de la Hon­grie n’est jamais men­tion­née dans la presse de grand chemin, alors que cette dernière ne manque jamais une occa­sion d’accuser Orbán d’être à la sol­de de Poutine.

Telex n’a rien d’un média « indépen­dant et objec­tif ». Ses con­tenus ont tous pour objec­tif direct ou indi­rect de tir­er la bar­que édi­to­ri­ale dans le même sens, celui de l’élite brux­el­loise, des Démoc­rates US, de la gen­tille Ukraine, du lob­by LBGT, de l’agenda bio-sécu­ri­taire, de l’immigration extra-européenne, du chan­tage à l’État de droit, de la con­damna­tion d’une coali­tion gou­verne­men­tale ayant depuis 2010 rem­porté les élec­tions lég­isla­tives à qua­tre repris­es avec une majorité de deux tiers.

El País, principal soutien médiatique du pouvoir socialiste en place

Fondé en 1976 six mois après la mort de Fran­cis­co Fran­co, le quo­ti­di­en espag­nol El País, classé aujourd’hui au cen­tre gauche, est aujour­d’hui le plus lu en Espagne avec un tirage de 165 000 exem­plaires pour l’an­née 2018 et un peu plus d’un mil­lion de lecteurs en 2020. Il donne générale­ment le la pour les médias inter­na­tionaux qui s’in­téressent à l’Es­pagne car il reste le prin­ci­pal organe de presse con­sulté par les jour­nal­istes étrangers en quête d’in­for­ma­tions sur nos voisins d’outre-Pyrénées.

El País était à l’o­rig­ine un quo­ti­di­en pro­fondé­ment libéral, dans la lignée d’El Sol, dont la fig­ure de proue était José Orte­ga y Gas­set, philosophe de renom­mée plané­taire. D’ailleurs, un de ses fils, José Orte­ga Spot­torno, est l’un des fon­da­teurs d’El País, avec des per­son­nal­ités d’ou­ver­ture du régime précé­dent comme Manuel Fra­ga Irib­arne ou José María de Areilza.

Sous la houlette de Juan Luis Cebrián Echar­ri — ancien directeur de l’in­for­ma­tion à la télévi­sion publique et fils d’un fran­quiste pur et dur —, El País s’est vite imposé comme le quo­ti­di­en de référence de la jeune démoc­ra­tie espag­nole, restant fidèle à ses valeurs fon­da­tri­ces : libéral­isme, européisme et sou­tien à la Con­sti­tu­tion de 1978. Une bas­cule s’est pro­duite en 1982, année de la pre­mière vic­toire élec­torale du PSOE (Par­ti social­iste ouvri­er espag­nole) de Felipe González, lorsque le quo­ti­di­en prend pro­gres­sive­ment fait et cause pour le gou­verne­ment. Une des raisons de ce sou­tien, mais pas la seule, était le favoritisme du pou­voir vis-à-vis du pro­prié­taire d’El País, le groupe Prisa, qui a été aidé pour con­stituer un solide groupe médi­a­tique par des con­ces­sions admin­is­tra­tives, notam­ment Canal Plus Espagne ou la radio Ser, qui reste à ce jour la pre­mière sta­tion du pays.

Pour­fend­eur sans lim­ite et sans mod­éra­tion du gou­verne­ment de cen­tre de José María Aznar (1996–2004), El País adopte un ton cri­tique face à son suc­cesseur, le social­iste José Luis Rodríguez Zap­a­tero, ligne main­tenue lors de la pre­mière élec­tion de Pedro Sánchez à la tête du Par­ti social­iste en 2014. El País a même favorisé l’évic­tion de ce dernier deux ans plus tard. Lorsque Sánchez revient dans le jeu pour accéder au pou­voir en 2018, El País limoge son directeur quelques jours plus tard. Depuis, il est rede­venu le prin­ci­pal sou­tien de l’actuel gou­verne­ment de Pedro Sánchez et de la coali­tion par­lemen­taire sur laque­lle il repose. Inverse­ment, il est cri­tique vis-à-vis de la « droite » et de l’ « extrême droite ».

Sa rédac­tion cen­trale se trou­ve à Madrid mais il peut compter sur des antennes dans plusieurs autres villes espag­noles (Barcelone, Valence, Séville, Bil­bao et Algésir­as). Il dis­pose égale­ment de deux édi­tions lati­no-améri­caines, l’une basée à Mex­i­co et l’autre à São Paulo. Le jour­nal appar­tient au groupe médi­a­tique espag­nol Prisa, présent non seule­ment dans la presse mais égale­ment à la télévi­sion et à la radio. Ce groupe est égale­ment pro­prié­taire du jour­nal sportif As, du jour­nal économique Cin­co Días et de l’édi­tion espag­nole du Huff­in­g­ton Post. En matière radio­phonique, il pos­sède la Cade­na SER (radio de gauche) ain­si que plusieurs radios musi­cales. Enfin, il est le pro­prié­taire du groupe édi­to­r­i­al San­til­lana, présent en Espagne et dans 21 pays lati­no-améri­cains depuis plus de 50 ans.

Les prin­ci­paux action­naires de Prisa sont le fonds d’in­vestisse­ment bri­tan­nique Amber Cap­i­tal (qua­si­ment 30 % des parts), dont le pro­prié­taire est le financier français d’origine libano-arméni­enne Joseph Oughourlian, l’entreprise immo­bil­ière cana­di­enne Oviedo Hold­ings (10 %), le groupe de télé­com­mu­ni­ca­tions et de diver­tisse­ment français Viven­di (9 %), l’en­tre­prise espag­nole Rucan­dio (7,6 %, pro­priété de la riche famille Polan­co, très influ­ente dans le domaine des médias) et le groupe espag­nol Glob­al Alcona­ba (7 %, con­trôlé par des proches du Par­ti social­iste ouvri­er espagnol).

Par­mi les autres action­naires de Prisa, on retrou­ve le mil­liar­daire mex­i­cain Car­los Slim, San­tander (prin­ci­pale banque d’Es­pagne), l’en­tre­pre­neur mex­i­cain Car­los Fer­nán­dez González et l’en­tre­prise espag­nole de télé­com­mu­ni­ca­tions Telefónica.

À suiv­re une dernière par­tie sur les parte­nar­i­ats en Ital­ie, Grèce et Belgique.

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