Arrêté le 11 avril 2019 après quelque sept ans de réclusion à l’ambassade d’Équateur à Londres, Julian Assange a été condamné à 50 semaines de prison pour avoir violé les termes de sa liberté conditionnelle lorsqu’il s’est réfugié à l’ambassade. Les autorités suédoises le réclament pour un « crime sexuel » probablement inventé de toutes pièces et les États-Unis demandent son extradition, officiellement pour « conspiration » mais il pourrait être jugé pour haute trahison et envoyé à Guantanamo.
Rappel de quelques dates
2006 : Fondation de Wikileaks.
2010 : Publication de plus de 90 000 documents classifiés concernant la guerre d’Afghanistan.
Mise en ligne de plus de 400 000 notes sur la guerre d’Irak et de plus de 240 000 câbles diplomatiques américains.
En novembre la Suède lance un mandat d’arrêt contre Assange pour « agression sexuelle et viol ».
Assange est arrêté en décembre à Londres et libéré sous caution.
2012 : Le 19 juin Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur
2016 : Wikileaks publie plus de 19 000 courriels des équipes d’Hillary Clinton, montrant comment celle-ci veut discréditer son adversaire démocrate Bernie Sanders.
2017 : La Suède classe sans suite l’affaire de viol mais garde le dossier ouvert jusqu’à mi 2020.
2018 : L’Équateur obtient un peu plus de 10 milliards de dollars de prêts du FMI et de la Banque mondiale.
2019 : Le nouveau président équatorien, Lenin Moreno, lâche Assange qui est arrêté le 11 avril.
Lâché par ses pairs
Alors qu’Assange avait reçu de nombreuses récompenses internationales (Le Monde, Time, The Economist, Amnesty International), la plupart des grands journaux se réjouissent de son incarcération. The Economist le traite de « enemy agent » (12 avril 2019), Mediapart (11 avril 2019) parle de sa « déchéance », Le Monde (14/15 avril 2019) juge « qu’il n’est pas un ami des droits de l’homme ». Signalons un article particulièrement répugnant d’Amaelle Guitton dans Libération du 2 mai 2019 où Assange est déclaré « champion de la transparence en eaux troubles ».
Voir également à ce sujet, et dans un sens contraire, l’excellent article de Juan Branco dans Le Monde diplomatique de mai 2019 sur « L’impitoyable Julian Assange ». Rappelons que la France a toujours refusé de lui accorder le statut de réfugié politique. Ses motifs complets d’inculpation aux États-Unis demeurent secrets mais il risque a minima l’emprisonnement à vie, un avertissement pour tous ceux qui oseraient défier la puissance américaine.
Crédit photo : Cancillería del Ecuador via Flickr (cc, 2014)