L’horloge tourne pour Julian Assange et pas dans le bon sens. Alors que les regards étaient tournés en France le 20 avril 2022 vers le débat de deuxième tour Macron/Le Pen, la justice britannique autorisait l’extradition du fondateur de Wikileaks vers les États-Unis.
Westminster, terre de malheur
Nous l’avions analysé en décembre 2021, la Haute Cour de justice avait renversé un jugement de janvier 2021 en ouvrant la voie à une possible expulsion. Un nouvel appel des avocats d’Assange avait été rejeté (en fait non examiné) le 14 mars 2022 par la Cour Suprême britannique, provoquant une nouvelle demande d’annulation devant le tribunal de Westminster qui avait quelques semaines pour se prononcer.
L’audience de Westminster du 20 avril 2022 a duré quelques minutes, Assange y assistant via une visioconférence. Sans surprise la Cour a confirmé les précédents jugements et autorisé l’extradition du condamné pour la liberté d’expression.
Priti Patel et la solitude du chef
Après une ultime demande des défenseurs d’Assange auprès de la Secrétaire d’État (Home Office, équivalent à notre ministre de l’Intérieur) Priti Patel, à partir du 18 mai, cette dernière pourra ou rejeter l’expulsion ou l’accepter en la remettant à plus tard ou la mettre à exécution immédiatement. À ceci près que la décision est éminemment politique et que le vrai décideur sera Boris Johnson s’il n’est pas destitué de son poste de Premier ministre d’ici là. S’il est maintenu, on le voit mal refuser quoi que ce soit au grand frère américain en pleine guerre américano/russo/ukrainienne. Les avocats d’Assange ont déjà annoncé vouloir saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Pour rappel, Assange a déjà passé sept ans réfugié dans une chambre de l’ambassade d’Équateur à Londres et plus de trois ans dans une prison de haute sécurité à Belmarsh à côté de Londres. Il encourt une peine de 175 ans de prison s’il est expulsé.
Voir aussi : Julian Assange, portrait d’un combattant de la liberté d’information