Mark Twain disait qu’il y a deux sortes de menteurs patentés : les menteurs professionnels et les statisticiens (il aurait pu ajouter les économistes mais c’est un autre débat).
À vrai dire le titre de la table ronde de Metz du 16 octobre était plus neutre « l’info par les chiffres, peut-on compter sur les journalistes ? », mais au fond le centre du débat était bien : qui fait mentir les chiffres ?
Animé par Romain Hugon de l’Union des Clubs de la Presse de France et Francophones (UCP2F) l’atelier réunissait une équipe de l’association Pénombre (espace de réflexions et d’échanges sur l’usage du nombre dans le débat public), Karen Bastien, datajournaliste et cofondatrice de WeDoData, et un professionnel de l’INSEE, Pierre Audibert secrétaire général du CNIS (Conseil national de l’information statistique).
Au moment où fleurissent les décodeurs (mais qui décodera les décodeurs ?) : de la rubrique Désintox de Libération créée en 2008 (quatre personnes sous la houlette de Cédric Mathiot) au Monde (une équipe de neuf personnes dirigée par Samuel Laurent) en passant par le blog data-journalisme du Figaro ; au moment où le data journalisme s’impose presque partout, les lecteurs s’aperçoivent que les chiffres sont tronqués, biaisés voire sciemment manipulés. Béatrice Beaufils de Pénombre a pu présenter des exemples précis où la représentation graphique des chiffres (échelles tronquées, effets de loupe ou de rétrécissement) au lieu d’aider à l’information la déformait, parfois volontairement. En ce sens les infographies – fort à la mode y compris à l’Ojim – peuvent être la meilleure ou la pire des choses. La vision peut en effet confirmer ou déformer la cognition. Le remède ? la bonne distance et … le recours à l’INSEE son énorme masse de statistiques est gratuite et ouverte à tous, journalistes inclus.
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