Vendredi 16 octobre 2020, un professeur d’un collège à Conflans-Sainte-Honorine a été décapité par un islamiste. Selon les premières informations, l’auteur de l’attentat aurait voulu « punir » le professeur pour avoir montré à ses élèves une caricature de Mahomet publiée dans un numéro de Charlie hebdo. Retour sur cette énième « réplique » de la publication initiale des caricatures de Mahomet.
Charlie hebdo, une vieille histoire de bouffeurs de curés… et d’imams
L’attentat de vendredi ne peut se comprendre qu’en le replaçant dans un contexte plus large que le seul geste horrible de l’islamiste qui a décapité un professeur d’un collège des Yvelines.
Le journal satirique Charlie hebdo s’inscrit dans une longue tradition française d’humour paillard et anticlérical. Une tradition dont Rabelais n’est pas le moindre des piliers. On peut ne pas apprécier les représentations de prêtres sodomisés ou pratiquant la fellation, mais c’est aussi cela, la liberté d’expression.
L’avènement d’internet et des réseaux sociaux a radicalement changé la donne depuis la création du journal. Alors que dans les années 1970, le lectorat de Charlie hebdo était limité à quelques post-soixante huitards, le réseau internet a démultiplié son audience. Une caricature publiée par un journal peut désormais, en dépit d’un relatif faible tirage, faire le tour de la terre.
Cette possibilité de médiatisation conjuguée à la radicalisation de nombreux musulmans sont à l’origine des attaques et menaces dont ont été victimes les journalistes de Charlie hebdo depuis plusieurs années. La reprise des caricatures de Mahomet, initialement publiées en 2005 dans le journal danois Jyllands-Posten, a signé le début de l’exposition médiatique de Charlie hebdo et des premières intimidations. Elles se sont traduites par l’incendie des locaux du journal, des menaces, un procès, des tribunes de dénonciation, jusqu’aux attentats en 2015 qui ont décimé la rédaction.
L’insolence est toujours là, la légèreté en moins
Chacun s’interrogeait au lendemain des attentats commis en 2015 si le journal allait se relever d’un tel carnage, d’un tel choc frontal entre deux conceptions de la liberté d’expression et de l’humour. Ou plutôt d’un tel choc de la part d’individus déniant tout droit à la liberté d’expression et à l’humour au sujet de leur « prophète ». Courageusement, les survivants de l’équipe du journal, bientôt rejoints par de nouvelles plumes, ont repris le flambeau. Ils n’ont pas renoncé à leur humour impertinent et parfois salace.
Mais la légèreté n’est plus là. Après la couverture post attentat représentant le prophète Mahomet affirmant : « tout est pardonné », l’odeur de la poudre était encore présente. Les mécréants étant châtiés, il n’y a pas eu de conséquences. Mais point trop n’en fallait.
La couverture du 2 septembre 2020 reproduisant les caricatures du Jyllands-Posten a réactivé l’exposition médiatique du journal. Des manifestations de protestation contre cette représentation du prophète ont été organisées dans des pays musulmans, comme au Pakistan. Les frontières françaises n’existant plus depuis longtemps, c’est un Pakistanais installé en France grâce à notre très généreux système social qui a voulu venger ce qu’il considère comme une offense, en attaquant il y a quelques jours violemment au couteau deux victimes à proximité des anciens locaux de Charlie hebdo.
Un humour crispé
Par la force des événements, les temps ont changé. Le climat de légèreté qui prévalait il y a quelques décennies a disparu. L’humour grivois a laissé la place à un humour militant plein d’appréhension. Faut-il dans ces conditions continuer à porter l’étendard de la liberté, alors que cela entraine un enchainement ininterrompu de représailles toutes aussi violentes les unes que les autres ? Seuls quelques individus se dressent pour affirmer : nous ne céderons pas, nous ne pratiquerons pas l’autocensure. Contrairement au professeur du collège de Conflans-Sainte-Honorine, de très nombreux professeurs y ont renoncé, comme le soulignait Valeurs actuelles le 2 septembre.
Les Français refusent de passer à autre chose
L’hebdomadaire Le Point a interviewé dans son édition du 13 août 2020 le directeur de la rédaction du Jyllands-Posten, le journal qui a publié initialement les caricatures de Mahomet. Jacob Nybroe y affirme avoir tourné la page et ne plus traiter « de ces choses-là ». « ça pourra paraitre lâche, mais on ne peut pas assumer tout seul » affirme-t-il en conclusion.
Il semble qu’en France, certains ne veulent pas passer à autre chose et se soumettre aux islamistes. Le professeur de Conflans-Sainte-Honorine faisait partie de ces individus qui refusent la soumission. De ceux qui continuent de croire que l’école est un lieu où les croyances peuvent être confrontées à d’autres idées et être bousculées par le savoir. C’en était visiblement trop pour certains parents d’élèves qui ont participé au lynchage du professeur sur les réseaux sociaux.
Un climat délétère dans la cité
Les médias nous fournissent des détails édifiants sur les circonstances qui ont conduit à cet attentat tragique :
- Le fait que selon Le Figaro, un « bruit de blasphème » courant dans la cité suffise à jeter l’opprobre sur le professeur. Ce qui témoigne qu’une loi non écrite existe dans certaines cités de l’immigration.
- La dénonciation du professeur sur les réseaux sociaux, notamment sur le site d’une mosquée d’Ile-de-France. Ce qui illustre que l’école n’est plus le sanctuaire du savoir mais subit les coups de boutoirs des islamistes et devient un enjeu de pouvoir.
- La livraison en pâture de l’adresse du professeur et la demande de sa démission par des parents d’élèves.
- L’inertie de l’administration qui n’a pas veillé à assurer la sécurité du professeur alors qu’elle connaissait la situation. Pire, selon le Point, l’administration envisageait de sanctionner… l’enseignant !
- L’auteur de l’attentat était un jeune « réfugié » Tchéchène de 18 ans connu pour des faits de droit commun. Ce qui n’a pas empêché qu’un carte de séjour de 10 ans lui soit délivrée en mars 2020 selon Actu.fr…
L’euphémisation toujours et encore
Mais ne comptons pas sur les médias de grand chemin pour relater cet attentat dans toute sa cruauté et les circonstances abjectes qui y ont abouti. En 2017, l’égorgement de deux jeunes femmes en gare de Saint-Charles à Marseille par un islamiste était « un attentat à l’arme blanche » selon L’Express. L’euphémisation, le choix de mots affadissant la réalité, est toujours la règle en 2020.
La succursale de la bien pensance, le New York Times insiste le jour de l’attentat sur… la mort de l’agresseur. Le titre initial de l’article du journal intitulé « la police française tire et tue un homme après une attaque fatale dans la rue », repris notamment par Hindianews, est vite remplacé par : « la police française tue un homme qui a décapité un professeur dans une rue ». Malgré la modification du titre, l’islamiste est toujours la première victime que présente le journal américain.
Le service public de l’information a également été assez pusillanime dans la couverture immédiate de l’attentat. « Pas d’huile sur le feu » et « pas d’amalgame » sont de sortie.
Un député de l’Essonne, Francis Chouat, a écouté France info peu de temps après l’attentat. Sa réaction sur Twitter est sans appel :
« @franceinfo qui ose demander à une enseignante si elle estime que le professeur DÉCAPITÉ avait eu raison de parler caricatures. La réponse est tellement évidente!!! #ConflansSainteHonorine #terrorisme #Islamisme ».
Claude Posternak constate que
« 8 heures après les faits, @franceinter première radio publique de France n’a toujours pas annoncé sur son fil Twitter la décapitation d’un enseignant par un terroriste islamiste ».
Un décapiteur « de Moscou »
L’origine de l’agresseur est rapidement révélée : il est originaire de Moscou, nous apprend BFMTV. On attend toujours vainement plus d’informations sur l’importance de l’islamisme dans la communauté tchétchène à laquelle appartenait le terroriste, tout comme des explications sur le fait que les demandes d’asile des tchétchènes sont de plus en plus fréquemment acceptées par l’administration française. Venir se réfugier en France pour y agresser des mécréants, voilà qui semble de plus en plus fréquent ces derniers temps.
Mais on n’avait pas tout vu ni tout entendu. Sur M6, la députée de la circonscription parle de « mauvaise idée » et de « maladresse » de la part du professeur qui a donné la permission à des élèves musulmans de sortir de la classe s’ils étaient choqués par l’évocation « du prophète Mahomet ».
Alors, quand le président de la République affirme le soir de l’attentat devant une nuée de journalistes au sujet des islamistes, « ils ne passeront pas », personne n’est là pour lui répondre : ils sont déjà là. Et votre politique et celle de vos prédécesseurs y sont pour beaucoup.