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Attentat contre Trump : Libération et Le Figaro sur la même ligne

17 juillet 2024

Temps de lecture : 3 minutes
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Attentat contre Trump : Libération et Le Figaro sur la même ligne

Temps de lecture : 3 minutes

Dans notre article du 16 juillet 2024 (écrit le 14),  nous nous interrogions sur l’attitude des médias après l’attentat contre Trump. Comment vont-ils réagir ? Réponse : « La stratégie sera toujours la même : Trump et ses supporters seront présentés comme encore plus dangereux depuis l’attentat ; l’attentat sera minoré comme un simple incident, dont Trump est lui-même la cause ». Dans la mise en œuvre de cette stratégie, Libération et Le Figaro se sont particulièrement bien illustrés, chacun dans son style.

Libération : A history of violence

Il fal­lait oser ! La Une du 15 juil­let 2024 de Libéra­tion représente le vis­age de Trump avec son oreille ensanglan­tée et le sur­titre « A his­to­ry of vio­lence » (une his­toire de vio­lence). Autrement dit, la vio­lence qui s’est exer­cée con­tre Trump jusqu’à une ten­ta­tive d’assassinat, n’est qu’un moment dans un con­tin­u­um dont Trump est à la fois la vic­time et l’instigateur. C’est Trump en favorisant un cli­mat bru­tal qui est à l’origine de la même bru­tal­ité dont il a subi les effets. Au fond, c’est la réponse du berg­er à la bergère, un effet boomerang ; d’une cer­taine manière il l’a bien mérité.

Le Figaro : « Trump a aussi une très large part de responsabilité »

C’est Lau­re Man­dev­ille, digne représen­tante des néo-con­ser­va­teurs (atlantistes, démoc­rates, inter­ven­tion­nistes) du quo­ti­di­en qui donne les clés dans un arti­cle de la ver­sion en ligne du 14 juil­let 2024, sous le titre « Don­ald Trump, vic­time et adepte de la vio­lence politique »

Sous ces quelques mots, le même raison­nement que pour Libéra­tion : Trump est lui-même la cause de sa ten­ta­tive d’assassinat car l’attentat « est l’aboutissement d’un proces­sus de divi­sion et de rad­i­cal­i­sa­tion dans lequel Trump a aus­si une très large part de respon­s­abil­ité ».

L’article, bien doc­u­men­té par ailleurs, souligne égale­ment la respon­s­abil­ité des démoc­rates de gauche améri­cains, qui ont dia­bolisé les électeurs de Trump, les petits blancs de la classe moyenne révul­sés par le wok­isme des uni­ver­sités et des grands médias. Mais l’architecture est celle des fauss­es fenêtres. On crée une fausse fenêtre à côté d’une vraie pour don­ner un (faux) effet de symétrie. Certes, les réac­tions des élites à l’élection de Trump, ce « fut un mélange de con­de­scen­dance et de mépris (qui s’installa) dans les hautes sphères améri­caines ». C’est la vraie fenêtre, mais voici la fausse, celle qui compte : Trump emploie « une rhé­torique bru­tale et destruc­trice » et « l’ex prési­dent a joué de sa qual­ité d’outsider tout en priv­ilé­giant une rhé­torique vio­lente ». Résumons : l’homme qui a employé en toute con­science une rhé­torique bru­tale, vio­lente, destruc­trice, a vu celle-ci se retourn­er con­tre lui. C’est l’arroseur arrosé. CQFD…

Voir aus­si : Lau­re Man­dev­ille, portrait