Dans notre article du 16 juillet 2024 (écrit le 14), nous nous interrogions sur l’attitude des médias après l’attentat contre Trump. Comment vont-ils réagir ? Réponse : « La stratégie sera toujours la même : Trump et ses supporters seront présentés comme encore plus dangereux depuis l’attentat ; l’attentat sera minoré comme un simple incident, dont Trump est lui-même la cause ». Dans la mise en œuvre de cette stratégie, Libération et Le Figaro se sont particulièrement bien illustrés, chacun dans son style.
Libération : A history of violence
Il fallait oser ! La Une du 15 juillet 2024 de Libération représente le visage de Trump avec son oreille ensanglantée et le surtitre « A history of violence » (une histoire de violence). Autrement dit, la violence qui s’est exercée contre Trump jusqu’à une tentative d’assassinat, n’est qu’un moment dans un continuum dont Trump est à la fois la victime et l’instigateur. C’est Trump en favorisant un climat brutal qui est à l’origine de la même brutalité dont il a subi les effets. Au fond, c’est la réponse du berger à la bergère, un effet boomerang ; d’une certaine manière il l’a bien mérité.
Le Figaro : « Trump a aussi une très large part de responsabilité »
C’est Laure Mandeville, digne représentante des néo-conservateurs (atlantistes, démocrates, interventionnistes) du quotidien qui donne les clés dans un article de la version en ligne du 14 juillet 2024, sous le titre « Donald Trump, victime et adepte de la violence politique »
Sous ces quelques mots, le même raisonnement que pour Libération : Trump est lui-même la cause de sa tentative d’assassinat car l’attentat « est l’aboutissement d’un processus de division et de radicalisation dans lequel Trump a aussi une très large part de responsabilité ».
L’article, bien documenté par ailleurs, souligne également la responsabilité des démocrates de gauche américains, qui ont diabolisé les électeurs de Trump, les petits blancs de la classe moyenne révulsés par le wokisme des universités et des grands médias. Mais l’architecture est celle des fausses fenêtres. On crée une fausse fenêtre à côté d’une vraie pour donner un (faux) effet de symétrie. Certes, les réactions des élites à l’élection de Trump, ce « fut un mélange de condescendance et de mépris (qui s’installa) dans les hautes sphères américaines ». C’est la vraie fenêtre, mais voici la fausse, celle qui compte : Trump emploie « une rhétorique brutale et destructrice » et « l’ex président a joué de sa qualité d’outsider tout en privilégiant une rhétorique violente ». Résumons : l’homme qui a employé en toute conscience une rhétorique brutale, violente, destructrice, a vu celle-ci se retourner contre lui. C’est l’arroseur arrosé. CQFD…
Voir aussi : Laure Mandeville, portrait