Peu après l’attentat contre une employée du commissariat de police de Rambouillet le 23 avril, les médias de grand chemin ont multiplié les analyses psychologisantes des causes du geste meurtrier de son auteur, un Tunisien récemment régularisé. Mais certains faits ont été passés sous silence par l’immense majorité d’entre eux, alors qu’ils constituent potentiellement un scandale d’État.
Des explications psychologisantes
Le 23 avril 2021, un tunisien s’est introduit dans le commissariat de police de Rambouillet et a assené plusieurs coups de couteau à une fonctionnaire désarmée au cri de « Allah Akbar ». Cet attentat vient à la suite de nombreux autres, la France étant selon un rapport réalisé par Fondapol en 2019 particulièrement exposée au terrorisme islamiste.
Dans ce contexte, la recherche des causes de ce type d’acte a une importance capitale. Après l’attentat à Rambouillet le 23 avril, les recherches menées par les médias de grand chemin se sont presque exclusivement concentrées sur la piste psychologique.
L’Agence Internationale de Presse Coranique nous informe le 25 avril que « l’assaillant était suivi par un psychiatre ». Le même jour, Libération nous confirme grâce notamment à l’aide de l’AFP que « l’assaillant n’allait pas bien avant son voyage en Tunisie pour le ramadan ». RTL nous apprend le 27 avril que « des images pédopornographiques (ont été ) retrouvées dans le téléphone de l’auteur de l’attentat ». Selon Le Figaro le 23 avril que « l’assaillant, Jamel G., (est) un tunisien radicalisé pendant le confinement » (quand même). Mais 20 minutes, nous informe aussitôt « l’assaillant Jamel G. n’avait pas été détecté comme porteur de menaces ».
L’affaire semble pliée : ce jeune Tunisien s’est certes radicalisé pendant le confinement, mais il était fragile psychologiquement. Difficile dans ces conditions, voire impossible de prévenir ce genre d’actes. D’ailleurs, Le Monde qualifie le Tunisien fraichement régularisé comme de l’un de ces nombreux « terroristes isolés, sans affiliation et indétectables ».
Des fins limiers continuent le travail à peine esquissé
Quelques journalistes ne se sont pas limités à répéter les habituels poncifs que l’on sert à chaque attentat : un terroriste au profil fragile, un geste imprévisible, etc. Et surtout, évitons de faire l’amalgame avec l’immigration.
Un journaliste du site MondAfrique a rapidement mené une enquête assez fouillée sur le terroriste tunisien. On apprend dans l’article écrit par Nicolas Beau et mis en ligne le 26 avril que Jamel G n’est pas le loup solitaire si souvent décrit.
Première révélation édifiante : « Lors de son arrivée sur le territoire français en 2009, le jeune tunisien rejoint Mohamed Lahouaiej Bouhlel, installé à Nice depuis cinq ans et qui sera l’auteur du terrible attentat de 2016 (86 morts) ».
Autre fait troublant : Jamel G. aurait été endoctriné par un imam salafiste, Bechir Ben Hassen, qui a sévi quelques années en France avant de revenir en Tunisie. « Une certitude, Jamel Gorchene, citoyen tunisien, en pinçait pour « Al-Karama » et ses prédicateurs réactionnaires ».
Mohamed Lahouaiej Bouhlel et Jamel G ont un point commun : ils sont originaires de la ville de M’Sakem en Tunisie, une ville dont un imam aurait, dix jours avant le triple meurtre à la basilique Notre Dame de l’Assomption, diffusé une vidéo sur Facebook prêchant la décapitation de tous ceux qui offensent le prophète Mahomet.
Nicolas Beau souligne qu’« une coopération entre services de sécurité tunisien et français aurait évité utilement quelques drames ! De cet échec, personne ne veut parler ».
Mais les révélations accablantes pour les autorités françaises qui ont régularisé Jamel G. ne s’arrêtent pas là. Le journal Marianne nous apprend sur Twitter que, « après la mort de Samuel Paty, l’égorgeur de Rambouillet écrit sur Facebook : « ô, les musulmans, maintenant nous allons répondre aux insultes de la France et de Macron contre notre prophète Mahomet ». Et le journaliste de Marianne de conclure de façon édifiante : « Deux mois plus tard, il obtenait sa carte de séjour, d’une durée d’un an ».
Le 30 avril, cet acte terroriste n’était déjà plus en une des médias et était tout au plus évoqué à l’occasion de l’enterrement de la fonctionnaire de police assassinée. Le scandale d’Etat n’aura pas lieu. Les médias de grand chemin sont déjà passés à autre chose.