Le 12 octobre, France Culture a consacré son émission « La fabrique médiatique » à la façon dont les médias parlent de l’islam. Un nouvel exercice réussi des gardiens du temple du politiquement correct, qui n’a pas été sans provoquer une réaction cinglante.
France Culture se targue d’être la chaine des savoirs et de la création. Le savoir peut-il se développer sans contradiction ? Assurément oui, si l’on écoute France Culture. Pour nous permettre d’accéder au savoir sur le sujet sensible de l’islam dans les médias, Caroline Broué a invité Samuel Gontier et Gilles Bruno. Le premier est journaliste à Télérama, le second est fondateur de l’Observatoire des médias.
Les intervenants
Samuel Gontier a la lourde tâche de relater sa vie au poste pour le journal Télérama Le journaliste n’a de cesse de traquer la xénophobie et le racisme dans les médias. Comprendre : toute critique de l’islamisme qui se propage dans la société française.
Pour ne citer que deux exemples, à l’occasion de l’attaque au couteau de passants par un migrant afghan à Villeurbanne en septembre, nous aurions assisté à une « foire à la xénophobie sur CNews et BFMTV ». Après l’attentat à la Préfecture de Police de Paris, le journaliste estime que CNews est « à la recherche de barbes signifiantes de la cinquième colonne musulmane ».
Comme nous l’écrivions en 2015, Samuel Gontier s’érige en arbitre des élégances et décide qui il convient d’inviter au petit écran et qui il convient d’écarter. Un exercice où il excelle comme nous allons le voir, une fois de plus.
Gilles Bruno, prône le pluralisme, mais surtout pour lui-même. En 2017, il aurait demandé à France Info de ne plus inviter le directeur de la rédaction du site Atlantico, suite à la publication d’un article sur l’agression d’une famille juive. Il a le privilège d’être cité dans un autre article en ligne d’Atlantico consacré aux « redoutables stratégies que déploient ceux qui veulent faire taire les critiques de l’islamisme politique ». Son « observatoire des médias » a une activité à la discrétion de violette.
L’émission
L’objectif de l’émission présenté sur le site de France Culture et par l’animatrice, Caroline Broué, est de savoir « comment les médias parlent de l’islam ». Mais dès les premières secondes de « la fabrique de l’information », l’angle que prendra celle-ci est annoncé : il s’agit en fait de parler de la couverture des médias des nombreux attentats islamistes qui ont endeuillé la France. Cette confusion persistera tout au long de l’émission. Savoir de quoi l’on parle, une question à se poser peut-être avant de faire de longs développements…
Le problème défini par Caroline Broué est que « dans certains journaux, la prudence et la modération ne sont pas toujours de mise ». La parole est alors donnée aux « observateurs des médias » :
Gilles Bruno s’exprime sur la couverture par les médias de l’attentat à la Préfecture de Police de Paris et de façon plus générale sur la couverture des attentats islamistes par les chaines d’informations continues. Si certaines de ses remarques sont justifiées concernant les bavardages parfois imprudents et les « toutologues », les commentateurs qui ont un avis sur tout, Gilles Bruno mentionne rapidement les « amalgames » qui seraient faits entre islam et islamisme, sans toutefois citer un seul exemple.
Samuel Gontier renchérit à propos de l’attentat à la Préfecture de Police de Paris : « la question se pose encore maintenant de savoir s’il s’agit d’un attentat islamiste ». S’il n’en reste qu’un à convaincre, ce sera lui. Le fait que ce sont des spécialistes de l’islamisme qui ont été interrogés sur les plateaux de télévision après l’attentat aurait selon lui contribué à créer une confusion dans les esprits.
Puis Caroline Broué essaye de reformuler les propos de ses invités. Elle se fait reprendre : les commentateurs vont « tout le temps » « plus vite que la machine » dans leurs commentaires.
Concernant les mots employés lors de certaines émissions, la journaliste de France Culture indique que l’on y entend les termes de « musulmans radicalisés », « islamophobe », « islamo-gauchistes ». Elle demande à ses interlocuteurs si après des attentats, en employant ces mots, « on ne fait plus attention à rien ». Samuel Gontier renchérit, en faisant lui-même…un amalgame entre les musulmans et les islamistes et se lance dans la défense du terme « islamophobe » dont on connait l’instrumentalisation par le CCIF pour faire taire toute critique de l’islamisme.
Gilles Bruno enfonce alors des portes ouvertes pour rappeler que la presse écrite et les sites internet ont plus de recul que les chaines d’information en continu. Ses références sont Le Monde, France Info, la rubrique « idées » de Libération et le compte twitter de… Samuel Gontier. On reste entre gens de bonne compagnie.
Après que Gilles Bruno ait dénoncé l’impréparation et parfois la vacuité de certaines émissions de chaines d’information en continue, une critique pas forcément dénuée de fondements, Samuel Gontier s’exprime sur sa théorie des « critiques infondées de l’islam ». Il déplore le fait que parmi les invités des émissions d’actualité, « pratiquement tous pensent la même chose, sauf une, une caution de gauche ». Cela nous aura sûrement échappé.
Gilles Bruno s’exprime ensuite sur les unes des magazines consacrés à l’islamisme. « Ces unes sont très souvent scandaleuses. On peut parler de l’arrivée de Natacha Polony à Marianne. C’est très problématique, elles (les revues) veulent vendre ».
Caroline Broué renchérit : « c’est le nerf de la guerre ». « Une dernière question, que fait le CSA ? ».
Gilles Bruno répond : « c’est une bonne question ».
L’émission se clôt sur cet appel à peine masqué à la censure des intervenants et des interventions qui ne sont pas dans la ligne de notre apprenti observateur des médias.
Tout au long de « la fabrique des médias », Samuel Gontier et Gilles Bruno auront pratiqué l’amalgame et les approximations qu’ils sont si prompts à dénoncer :
— approximation à parler d’une présentation négative de l’islam alors que les débats post attentats sont consacrés à l’islamisme meurtrier,
— amalgame concernant les intervenants de ces émissions d’actualité, où tant des « toutologues », prêts à parler de tout que d’éminents spécialistes comme Gilles Kepel, Mohamed Sifaoui, etc. sont présents.
Nos deux intervenants auront dessiné en creux les tabous qu’il convient de ne pas faire tomber : parler négativement de musulmans radicalisés, d’islamo-gauchistes, et plus généralement d’un certain islam. Ne pas respecter ces tabous mériterait que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel s’érige en maitre à penser à bannissant des ondes et des écrans toute critique de l’islam radical.
Ce débat entre des intervenants et une animatrice qui s’auto congratulent et se font réciproquement de la publicité serait bien sympathique s’il ne s’agissait pas d’une émission du service public de radio, censé présenter une pluralité d’opinions. Quand Madame Broué aura-t-elle le courage de sortir du journalisme de connivence et de se confronter à d’autre observateurs des médias, comme par exemple Ingrid Riocreux (Causeur), Jean-Yves Le Gallou (I‑Media), Claude Chollet (Observatoire du journalisme) ?
Sur son compte Twitter, France Culture avait présenté l’émission « la fabrique de l’information » en posant la question : « Les médias face à l’islam, à quoi jouent-ils ? ».
Une réponse cinglante viendra rapidement de Joseph Macé-Scaron de Marianne: « Je ne vous souhaite pas d’avoir un ami et un journaliste assassiné par la barbarie. Votre tweet est obscène dans tous les sens du terme ».
Qui saurait mieux dire ?