Dans un tribune publiée dans Libération lundi dernier, Daniel Schneidermann s’en est pris à l’hypocrisie des médias français dans le traitement des attentats de janvier.
Le fondateur d’Arrêt sur Images a tout d’abord vivement critiqué le CSA, accusé d’avoir prononcé des sanctions « platoniques » à l’égard des chaînes. Celles-ci se sont en effet distinguées par leurs « dérapages multiples » et, suite aux remarques inconséquentes du CSA, se sont mises « sans la moindre autocritique » à hurler « à la liberté de la presse menacée ». « C’est l’Allemagne de l’est. C’est la Corée du Nord. C’est vrai : que va-t-on devenir si on ne peut plus balancer en direct toutes les images qui arrivent, tous les noms qui buzzent, toutes les infos qui passent par là ? », a ironisé l’éditorialiste.
Concernant les chaînes d’information en continu, Daniel Schneidermann a alerté sur les dangers de leur pouvoir d’attraction hypnotique. « On était là, dans les bureaux, dans les salons, dans les cuisines, tétanisés, anesthésiés, maraboutés par BFMTV qui n’en finissait pas de meubler dans l’attente du bain de sang », a‑t-il rapporté avant d’ajouter : « On était là parce que vous gesticuliez, hors d’haleine, pour nous retenir. On n’était pas fiers de nous (…) On regrette d’avoir été là. On aurait préféré être ailleurs. On n’aurait rien perdu en attendant le soir pour connaître l’épilogue. »
Pour lui, l’information en continu est « nocive en temps de crise, où elle peut tuer », mais également « par temps calme » car elle « hystérise le débat politique ». Et celui-ci de conclure sur un ton résigné : « L’État ne semblant pas disposé à exproprier BFMTV et i>Télé pour attribuer leurs fréquences à des chaînes culturelles ou documentaires, rien d’autre à faire que de subir comme un spectacle supplémentaire la situation actuelle et ses moulinets hypocrites. »
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Crédit photo : Anthony Morel via Wikimédia (cc)