Licenciée en mai dernier de son poste de directrice-adjointe de la rédaction de L’Obs, Aude Lancelin a déjà eu l’occasion de s’exprimer sur les raisons, très politiques selon elle, de son renvoi.
La journaliste estime en effet que celui-ci est directement imputable à François Hollande, un président qui, nous dit-elle dans son dernier livre (Le monde libre, aux éditions Les liens qui libèrent), s’occupe « énormément » des journalistes. Lundi dernier, dans Bourdin Direct sur RMC/BFMTV, elle a affirmé : « Je pensais que François Hollande s’occupait de la Syrie, du chômage de masse, mais il semblerait qu’il s’occupe énormément des journalistes, de leur vie, de leur carrière, et de ce qu’il appelle ‘sa presse’, dont L’Obs fait partie. » À l’époque, « ce qui se passait dans ce journal ne lui convenait pas, et il s’en est ouvert aux actionnaires », rapporte la journaliste. Et d’ajouter : « On nous avait promis une présidence normale (…), mais ce dérèglement qui consiste à contacter en permanence les journalistes a été poursuivi pendant ces cinq ans. »
Dans un entretien accordé au Point, Aude Lancelin va plus loin : « François Hollande fait partie de cette génération de politiques qui se préoccupe encore énormément de ce qui se passe dans les rédactions. Il passe sa vie à recevoir des aréopages de journalistes, à échanger des SMS avec eux… Et puis le PS et François Hollande vont si mal, sont si impopulaires que, oui, même un petit poumon malade comme L’Obs leur est encore très nécessaire… Ce journal a encore un portefeuille de plus de 300 000 abonnés, dont énormément d’enseignants, et il jouit toujours d’un certain prestige dans quelques milieux. »
Mais le contrôle des médias ne s’arrête plus, comme au temps de l’ORTF, à un strict contrôle de la part du pouvoir politique. Car au-delà des pressions exercées par Hollande, « les puissances d’argent n’ont jamais été aussi présentes qu’en ce moment. L’ensemble des médias sont sous la coupe du Cac 40. La situation dans les médias est inquiétante », conclut-elle. En ces temps de concentration des médias au sein de quelques grands groupes, ce constat ne saurait que trouver de l’écho…