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Aurore Bergé à France Télévisions : « Le loup est dans la bergerie »

20 octobre 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Aurore Bergé à France Télévisions : « Le loup est dans la bergerie »

Temps de lecture : 4 minutes

Passée par toutes les écuries du ventre mou de la République, l’actuelle cheffe de file des députés macronistes, Aurore Bergé, vient contre toute pratique d’être propulsée au Conseil d’administration de France Télévisions. Les syndicats du groupe audiovisuel public s’indignent de cette nomination, qui fait débat jusqu’au sein du groupe Renaissance, alors que l’intéressée « ne comprend absolument pas où est le sujet ».

L’affaire était presque passée inaperçue jusqu’à ce qu’une jour­nal­iste de l’Opinion ne s’y intéresse de plus près. Dans un arti­cle du 14 octo­bre, Cather­ine Boul­lay fait éta­lage de cette étrange nom­i­na­tion et déclenche une cas­cade d’articles dans la grande presse française.

On apprend alors que la fidèle du prési­dent Macron a été nom­mée, le 28 sep­tem­bre, au Con­seil d’administration de France Télévi­sions, à l’un des deux sièges réservés aux mem­bres de la com­mis­sion des affaires cul­turelles du Sénat et de l’Assem­blée nationale. Le hic ? Selon la pra­tique, ces deux sièges doivent respec­tive­ment revenir aux prési­dents des com­mis­sions en ques­tion, en l’occurrence à Isabelle Rauch, députés Hori­zons de Moselle, et à Lau­rent Lafon, séna­teur cen­triste du Val-de-Marne.

« Une volonté de reprise en main politique claire et nette »

Bien avant que l’article de l’Opinion ne soit pub­lié, l’intersyndicale de France Télévi­sions avait tiré la son­nette d’alarme sur ce nou­veau coup de canif’ de l’Elysée dans ce que devraient être les médias de ser­vice public :

« La Macronie a décidé d’en­voy­er un mes­sage fort en désig­nant la prési­dente de groupe du par­ti prési­den­tiel. Mes­sage reçu, le loup est dans la bergerie. »

Dans son com­mu­niqué de presse pub­lié le 4 octo­bre, inti­t­ulé « Avenir de l’au­dio­vi­suel pub­lic : renais­sance ou inqui­si­tion ? », l’Intersyndicale n’y va pas par qua­tre chemins et évoque une « volon­té de reprise en main poli­tique claire et nette » et s’offusque par ailleurs du nou­veau mode de finance­ment de l’Audiovisuel pub­lic qui serait néfaste aux mis­sions de ser­vice pub­lic de l’information.

Aurore Bergé persiste et signe

La députée macro­niste n’a eu d’autres choix que de réa­gir à la polémique en livrant ses expli­ca­tions à l’AFP : « Je ne com­prends absol­u­ment pas où est le sujet. C’est un poste au con­seil d’ad­min­is­tra­tion qui revient à la majorité et qui a été attribué à la députée la plus engagée sur les ques­tions audio­vi­suelles. […] J’ai été rap­por­teure des pro­jets de loi sur le sujet. J’ai porté l’a­mende­ment sur l’en­jeu de com­pen­sa­tion de la sup­pres­sion de la con­tri­bu­tion audio­vi­suelle publique pour garan­tir des moyens pérennes. »

Aurore Bergé ne sem­ble pas réalis­er l’inquiétude que sus­cite cette nom­i­na­tion et l’image délétère qu’elle véhicule, y com­pris au sein de son pro­pre camp. Arché­type de la jeune ambitieuse prête à tout pour attein­dre ses objec­tifs, Aurore Bergé a changé plus d’une fois son fusil d’épaule, et sa ver­sa­til­ité poli­tique fait d’elle un sujet mal­léable à mer­ci. Bien plus qu’une sim­ple manœu­vre de l’Exécutif, cette nom­i­na­tion est perçue comme un poten­tiel préal­able à toute dérive, les dents longues d’Aurore Bergé dans le milieu poli­tique étant légion.

« L’œil de Moscou au centre de l’audiovisuel public »

« L’œil de Moscou au cen­tre de l’audiovisuel pub­lic » : ce sont les mots du séna­teur de Côte‑d’Or Les Répub­li­cains Alain Houpert, qui s’ajoutent à une série de cri­tiques allant de Clé­men­tine Autain à Charles Con­signy, en pas­sant par Céline Calvez, députée En marche. Les oppo­si­tions au par­ti prési­den­tiel sont unanimes et évo­quent une atteinte à l’indépendance des médias et un Prési­dent-Jupiter qui ose tout.

Cette vio­la­tion de la pra­tique des nom­i­na­tions au Con­seil d’administration de France Télévi­sions s’inscrit à l’évidence dans un agen­da de recon­fig­u­ra­tion du fonc­tion­nement et du finance­ment de l’Audiovisuel pub­lic. Elle est aus­si vue par les dif­férentes ten­dances poli­tiques opposées à la poli­tique d’Emmanuel Macron comme une énième mise en œuvre de la méth­ode prési­den­tielle : cliv­er volon­taire­ment et en per­ma­nence. Une méth­ode con­duisant les oppo­si­tions à être sans arrêt à la traîne, ces dernières don­nant l’impression d’être com­plète­ment débor­dées par la masse de sig­naux envoyés depuis l’Elysée.

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