Benjamin Duhamel n’a que 24 ans, mais il est déjà chroniqueur sur LCI. Une réussite d’un système qui continue à mettre en œuvre l’ascenseur social pour promouvoir les meilleurs éléments ? Que nenni. Il s’appelle Duhamel et est le pur résultat de la reproduction de la caste politico-médiatique, le « clergé cathodique » en vase (très) clos.
La famille c’est sacré !
« Pas de problème pour trouver du travail pour le jeune Benjamin Duhamel, fils de Patrice Duhamel, ancien Directeur Général de France Télévisions sous l’ère Carolis et de Nathalie St Cricq, actuelle responsable du Service Politique de France 2 », écrit ainsi l’association de défense de l’audiovisuel public (ADAP) à son sujet.
Il faut dire que malgré son jeune âge, il a un certain sens des réseaux et des coups de pouce. Ses stages déjà : un coup à RTL au service politique en 2017… RTL, tiens, où officie son oncle Alain Duhamel, un coup au bureau new-yorkais de France 2.
De Macron à Clément Méric
Côté journalistique, on ne notera guère qu’une tribune sur Libération au sujet de Clément Méric, aux accents vibrants : « Ainsi, donc, en France, on meurt, de nouveau, de politique ; on tue, en France, pour crime de syndicalisme ; on tue, en France, pour crime de gauchisme ; on tue, en France, pour crime de pensée, d’opinion, de militantisme ». Mais sur son profil Facebook, ses goûts sont plus larges que pour nombre d’antifas des beaux quartiers : il aime en effet Macron, Fillon, Valls, Hollande, Juppé, Cambadélis, Montebourg, Mélenchon, Le Foll, Rebsamen et Hillary Clinton.
Il a aussi le sens du réseau. « Devenu président en 2015 de Sciences Po TV, il a réussi à faire participer David Pujadas et Anne-Sophie Lapix au clip de promotion » de la chaîne, nous apprennent TéléObs et Riposte Laïque. Puis il a animé en 2017 la Nuit de la présidentielle de Sciences Po avec Ali Baddou, professeur à Sciences Po, membre émérite de l’hyperclasse mondiale au croisement des réseaux de pouvoir socialistes français, marocains et médiatiques.
Jeu des sept familles, dans la famille médias je demande…
Son père Patrice Duhamel devient en 1974 chef du service politique intérieure de TF1 puis occupe pendant 30 ans divers postes à responsabilité dans la presse écrite, audiovisuelle et radiophonique. Il dirige entre autres le Figaro avec Patrick de Carolis et quand ce dernier devient PDG de France Télévisions, il devient son adjoint.
Sa mère, Nathalie Saint-Cricq est chef du service politique de France 2, elle s’était illustrée en 2015 en voulant « repérer ceux qui ne sont pas Charlie ». Elle est issue de la famille du même nom qui est toujours l’un des deux actionnaires majoritaires de la Nouvelle république du centre Ouest et possède 40% de la télé locale Tours Val de Loire – son frère Olivier dirige d’ailleurs le directoire du groupe. Le journal, qui diffuse en Touraine, dans l’Indre, le Loir-et-Cher et une partie du Poitou, est en déclin et a été épinglé en 2010 par Acrimed pour son traitement hostile des manifestations contre la réforme des retraites.
En 2018 c’est Pujadas qui accueille Benjamin Duhamel sur LCI, un Pujadas plutôt bien traité par Patrice Duhamel lorsqu’il était directeur général sur France 2. Nadine Morano qu’il (Benjamin) avait interviewée en 2016 pour Sciences Po TV l’adjurait ne « ne pas tomber dans ce qui est devenu la caricature journalistique […] le système bobo, là. Faites attention de pas y appartenir un jour ». Pour Benjamin Duhamel, le « système bobo » et familial a pourtant tout de l’ascenseur le plus rapide. Et l’on s’étonne que les Gilets jaunes dénoncent en vrac le copinage des médias entre eux, avec le pouvoir et contre le peuple.