Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Avec Facebook, Joe Biden peut dormir tranquille

28 février 2021

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Avec Facebook, Joe Biden peut dormir tranquille

Avec Facebook, Joe Biden peut dormir tranquille

Temps de lecture : 4 minutes

Contrairement à son prédécesseur banni à vie de Twitter, Joe Biden n’aura pas de souci à se faire du côté des médias sociaux. En ce qui concerne Facebook, on a même la confirmation enregistrée du contraire. En effet, à la lumière de nouvelles vidéos diffusées par Project Veritas, un média qui se spécialise dans l’utilisation de caméras cachées pour dévoiler le parti-pris des grands médias américains, on sait que le nouveau président américain peut compter sur un soutien très actif des dirigeants de la compagnie californienne.

Biden élu, Zuckerberg se réjouit

Une des vidéos en ques­tion provient d’une réu­nion en ligne du 21 jan­vi­er à laque­lle par­tic­i­paient Nick Clegg (respon­s­able des affaires mon­di­ales), Will Cath­cart (Respon­s­able de What­sApp), Melin­da Dav­en­port (Direc­trice de com­mu­ni­ca­tion stratégique) et Mark Zucker­berg en per­son­ne. Ce dernier prend d’emblée une posi­tion claire en évo­quant l’inauguration de la prési­dence de Joe Biden :

« Hier [le jour de l’in­au­gu­ra­tion de la nou­velle prési­dence, NDLR] était vrai­ment un jour his­torique. Les dernières semaines ont cer­taine­ment été très dif­fi­ciles pour notre nation. Mais nous avons main­tenant notre nou­veau prési­dent. Nous avons égale­ment la pre­mière femme et la pre­mière per­son­ne de couleur à occu­per le poste de vice-prési­dent dans l’his­toire de notre pays (…). Dès son pre­mier jour, le prési­dent Biden a pub­lié un cer­tain nom­bre de décrets dans des domaines qui nous tien­nent à cœur en tant que com­pag­nie (…). Des domaines comme l’im­mi­gra­tion, la préser­va­tion du statut DACA [pro­tégeant les immi­grés arrivés illé­gale­ment en tant que mineurs, NDLR], la fin des restric­tions sur les voy­ages en prove­nance des pays à majorité musul­mane, ain­si que d’autres décrets sur le cli­mat et la pro­mo­tion de la jus­tice et de l’équité raciales. Je pense qu’il s’ag­it là de mesures impor­tantes et pos­i­tives et j’at­tends avec impa­tience les occa­sions où Face­book pour­ra tra­vailler avec cette nou­velle admin­is­tra­tion sur cer­taines de ses prin­ci­pales pri­or­ités, à com­mencer par la réponse à la pandémie de Covid. »

Voilà donc une déc­la­ra­tion qui con­firme sans ambages l’engagement de la com­pag­nie privée Face­book dans la pro­mo­tion et la réal­i­sa­tion des objec­tifs inscrits dans le pro­gramme du nou­veau prési­dent américain.

Gloubi-boulga de Nick Clegg

Lors de la même réu­nion, le respon­s­able des affaires mon­di­ales de Face­book, Nick Clegg, a évo­qué les réac­tions inter­na­tionales à la sus­pen­sion du prési­dent Trump du réseau social. Il a recon­nu le manque de trans­parence et de règles claires dans la poli­tique de Face­book et a jus­ti­fié les déci­sions du géant numérique par le besoin de réa­gir immé­di­ate­ment aux événe­ments survenus :

« De nom­breux dirigeants du monde entier, du prési­dent du Mex­ique à Alex­eï Naval­ny en Russie, en pas­sant par la chancelière Angela Merkel et d’autres, ont exprimé leur inquié­tude : “Cela mon­tre que les entre­pris­es privées ont trop de pou­voir.” Nous sommes d’ac­cord avec cela », a‑t-il déclaré (…). « Dans l’idéal, nous ne pren­dri­ons pas ces déci­sions de notre pro­pre chef, nous les pren­dri­ons en con­for­mité avec notre poli­tique de con­for­mité, avec des règles et des principes con­venus démoc­ra­tique­ment. Pour l’in­stant, ces règles con­v­enues démoc­ra­tique­ment n’ex­is­tent pas. Nous devons encore pren­dre des déci­sions en temps réel. » 

Rap­pelons que Nick Clegg est un ancien homme poli­tique bri­tan­nique. Dans les années 2007–2015 il était leader des très européistes et immi­gra­tionnistes Libéraux-Démoc­rates et il s’est retrou­vé vice-pre­mier min­istre du Roy­aume-Uni dans le gou­verne­ment de David Cameron de 2010 à 2015. Après son échec élec­toral en 2017, il s’est engagé con­tre le Brex­it en cours après le référen­dum de 2016. Il a rejoint Face­book en 2018 en tant que respon­s­able des affaires inter­na­tionales et de la com­mu­ni­ca­tion.

Où « intégrité » signifie « parti pris »

Cette con­ver­sa­tion et quelques autres entre les dirigeants du média social Face­book qui ont été divul­guées par Project Ver­i­tas le 31 jan­vi­er témoignent du même manque total de diver­sité d’opinions au sein des instances dirigeantes de la com­pag­nie que chez Twit­ter ou Google. Et le sys­tème est bien rodé pour pro­téger l’élection du can­di­dat préféré de Face­book. Guy Rosen, le vice-prési­dent chargé de « l’intégrité » (sic), enreg­istré le 7 jan­vi­er 2021, explique :

« Nous avons un sys­tème qui est capa­ble de gel­er les com­men­taires sur les fils de dis­cus­sion dans les cas où nos sys­tèmes détectent qu’il peut y avoir un fil de dis­cus­sion qui con­tient des pro­pos haineux ou de la vio­lence… ce sont toutes des choses que nous avons con­stru­ites au cours des trois ou qua­tre dernières années dans le cadre de nos investisse­ments dans l’e­space d’in­tégrité, de nos efforts pour pro­téger l’élec­tion. »

Vu la manière dont la notion de « pro­pos haineux » a été util­isée par Face­book jusqu’ici pour favoris­er cer­taines opin­ions aux dépens d’autres (et on sait main­tenant pourquoi et pour qui en ce qui con­cerne les États-Unis), voilà qui promet pour la cam­pagne prési­den­tielle de 2024 aux États-Unis et partout ailleurs dans le monde…

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés