Contrairement à son prédécesseur banni à vie de Twitter, Joe Biden n’aura pas de souci à se faire du côté des médias sociaux. En ce qui concerne Facebook, on a même la confirmation enregistrée du contraire. En effet, à la lumière de nouvelles vidéos diffusées par Project Veritas, un média qui se spécialise dans l’utilisation de caméras cachées pour dévoiler le parti-pris des grands médias américains, on sait que le nouveau président américain peut compter sur un soutien très actif des dirigeants de la compagnie californienne.
Biden élu, Zuckerberg se réjouit
Une des vidéos en question provient d’une réunion en ligne du 21 janvier à laquelle participaient Nick Clegg (responsable des affaires mondiales), Will Cathcart (Responsable de WhatsApp), Melinda Davenport (Directrice de communication stratégique) et Mark Zuckerberg en personne. Ce dernier prend d’emblée une position claire en évoquant l’inauguration de la présidence de Joe Biden :
« Hier [le jour de l’inauguration de la nouvelle présidence, NDLR] était vraiment un jour historique. Les dernières semaines ont certainement été très difficiles pour notre nation. Mais nous avons maintenant notre nouveau président. Nous avons également la première femme et la première personne de couleur à occuper le poste de vice-président dans l’histoire de notre pays (…). Dès son premier jour, le président Biden a publié un certain nombre de décrets dans des domaines qui nous tiennent à cœur en tant que compagnie (…). Des domaines comme l’immigration, la préservation du statut DACA [protégeant les immigrés arrivés illégalement en tant que mineurs, NDLR], la fin des restrictions sur les voyages en provenance des pays à majorité musulmane, ainsi que d’autres décrets sur le climat et la promotion de la justice et de l’équité raciales. Je pense qu’il s’agit là de mesures importantes et positives et j’attends avec impatience les occasions où Facebook pourra travailler avec cette nouvelle administration sur certaines de ses principales priorités, à commencer par la réponse à la pandémie de Covid. »
Voilà donc une déclaration qui confirme sans ambages l’engagement de la compagnie privée Facebook dans la promotion et la réalisation des objectifs inscrits dans le programme du nouveau président américain.
Gloubi-boulga de Nick Clegg
Lors de la même réunion, le responsable des affaires mondiales de Facebook, Nick Clegg, a évoqué les réactions internationales à la suspension du président Trump du réseau social. Il a reconnu le manque de transparence et de règles claires dans la politique de Facebook et a justifié les décisions du géant numérique par le besoin de réagir immédiatement aux événements survenus :
« De nombreux dirigeants du monde entier, du président du Mexique à Alexeï Navalny en Russie, en passant par la chancelière Angela Merkel et d’autres, ont exprimé leur inquiétude : “Cela montre que les entreprises privées ont trop de pouvoir.” Nous sommes d’accord avec cela », a‑t-il déclaré (…). « Dans l’idéal, nous ne prendrions pas ces décisions de notre propre chef, nous les prendrions en conformité avec notre politique de conformité, avec des règles et des principes convenus démocratiquement. Pour l’instant, ces règles convenues démocratiquement n’existent pas. Nous devons encore prendre des décisions en temps réel. »
Rappelons que Nick Clegg est un ancien homme politique britannique. Dans les années 2007–2015 il était leader des très européistes et immigrationnistes Libéraux-Démocrates et il s’est retrouvé vice-premier ministre du Royaume-Uni dans le gouvernement de David Cameron de 2010 à 2015. Après son échec électoral en 2017, il s’est engagé contre le Brexit en cours après le référendum de 2016. Il a rejoint Facebook en 2018 en tant que responsable des affaires internationales et de la communication.
Où « intégrité » signifie « parti pris »
Cette conversation et quelques autres entre les dirigeants du média social Facebook qui ont été divulguées par Project Veritas le 31 janvier témoignent du même manque total de diversité d’opinions au sein des instances dirigeantes de la compagnie que chez Twitter ou Google. Et le système est bien rodé pour protéger l’élection du candidat préféré de Facebook. Guy Rosen, le vice-président chargé de « l’intégrité » (sic), enregistré le 7 janvier 2021, explique :
« Nous avons un système qui est capable de geler les commentaires sur les fils de discussion dans les cas où nos systèmes détectent qu’il peut y avoir un fil de discussion qui contient des propos haineux ou de la violence… ce sont toutes des choses que nous avons construites au cours des trois ou quatre dernières années dans le cadre de nos investissements dans l’espace d’intégrité, de nos efforts pour protéger l’élection. »
Vu la manière dont la notion de « propos haineux » a été utilisée par Facebook jusqu’ici pour favoriser certaines opinions aux dépens d’autres (et on sait maintenant pourquoi et pour qui en ce qui concerne les États-Unis), voilà qui promet pour la campagne présidentielle de 2024 aux États-Unis et partout ailleurs dans le monde…