Pour séduire un nouveau public, plus jeune, le quotidien catholique La Croix a entamé sa mue.
Lancée mercredi 20 janvier 2016, la formule propose plusieurs nouveautés, à commencer par un nouveau logo, qui passe du bleu traditionnel à l’orange. « C’est une couleur inédite dans la presse quotidienne, portée par la mode actuellement et elle est symbole de vitalité », a expliqué au Point le directeur du journal, Guillaume Goubert.
Concernant le contenu du quotidien, la nouvelle maquette offre une plus grande place aux débats et aux courriers des lecteurs. Le week-end, un format plus petit sera proposé, comme le fait déjà Courrier International. Aussi, cinq écrivains commenteront, en dernière page, l’actualité. Il s’agit de Najwa Barakat, Laurence Cossé, Jérôme Ferrari, Étienne Klein et François Sureau.
Évidemment, l’objectif principal de ce lifting vise à séduire la jeunesse, en ces temps de crise de la presse. « Il s’agit de s’adapter au paysage numérique qui change sans arrêt, car nos futurs lecteurs proviendront de ce canal, et de redonner de l’espérance de vie à notre lectorat », confesse M. Goubert, soulignant que le quotidien « se porte bien » et a déjà « des lecteurs extrêmement fidèles », ce qui lui permet de « réfléchir à l’avenir sans être dans l’urgence ».
En effet, au regard des chiffres, La Croix fait partie des titres qui résistent le mieux à l’effritement général du lectorat. En 2015, il est même passé devant Libération en terme de diffusion payante, avec plus de 92 000 exemplaires quotidiens (dont 80% par abonnement). Pour Guillaume Goubert, La Croix est ainsi « le troisième quotidien d’informations générales » de France.
Enfin, pour ce qui est de son site internet, le quotidien a également revu sa formule, « plus moderne, plus aérée, plus ordonnée », avec un système de « paywall ». De plus, le site préfère éviter « la course à l’actualité des concurrents » et plutôt insister « sur la notion de discernement ».
« Comme un film doit passer par une salle de cinéma, le statut d’un quotidien passe encore par le kiosque. D’autant que nous gagnons de l’argent sur les 5 000 exemplaires vendus en kiosque et cela permet de savoir ce qui capte l’attention des lecteurs », explique le directeur. Et la baisse de la pratique du catholicisme n’est pas un problème pour l’instant « car il y a encore beaucoup de marge avec deux à trois millions de catholiques pratiquants en France ».
Pour ce qui est des Français de confession musulmane, ce lectorat existe mais « la conquête de ces lecteurs n’est pas évidente de par leur situation socio-économique en général difficile », explique-t-il.
Quoi qu’il en soit, pour ce dernier, « le papier a encore de gros avantages, il se recycle et n’a pas besoin d’être rechargé ! La devise du New York Times “All the news that fit to print ” (toutes les nouvelles qui méritent d’être imprimées, ndlr) a encore du sens aujourd’hui. » De quoi laisser présager un avenir pas si sombre qu’il n’y paraît.