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Ayache : comment meurt un empire de presse

28 août 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Ayache : comment meurt un empire de presse

Temps de lecture : 3 minutes

La cession fin juillet du mensuel de mode Numéro au communicant Paul Emmanuel Reiffers par Nathalie Ayache signe la fin du groupe fondé par son défunt mari, Alain, il y a 43 ans. Numéro, titre créé en 1999, était le dernier avatar d’un empire d’une dizaine de magazines, dépecé en six ans. Cette vente par appartements était inévitablement programmée.

Auto­di­dacte, le pied noir Alain Ayache avait fait grossir son entre­prise, depuis 1971 jusqu’à son décès en 2008, au fil des oppor­tu­nités. Résul­tat, à la fin de sa vie, l’empire Ayache était un joyeux car­a­van­sérail. En matière de rachats (DS) mais surtout de créa­tions de mag­a­zines (Le Meilleur, Répons­es à tout), ce fumeur invétéré de bar­reaux de chaise, adepte des voitures de luxe, se fiait d’abord à son intu­ition. Pas d’é­tudes de mar­ket­ing, encore moins de “busi­ness plan” chez Ayache. L’édi­teur fonçait et a par­fois, au feel­ing, réal­isé de jolis suc­cès de presse. Ain­si, le quo­ti­di­en hip­pique Le Meilleur, créé en 1971, a longtemps con­sti­tué l’une des bibles des tur­fistes (avec Paris turf et Bil­to) dif­fusée à plus de 100 000 exem­plaires. C’est d’ailleurs au sein du groupe Turf édi­tions, que le titre, fusion­né avec Spé­cial dernière, a naturelle­ment trou­vé refuge en juil­let 2013. De son côté, Répons­es à tout, lancé en 1990, vendait dans les pre­mières années jusqu’à 300 000 exem­plaires. Repris en 2012 par Fleu­rus presse, le men­su­el sur la con­som­ma­tion se con­tente désor­mais d’une dif­fu­sion amputée des trois quarts. Homme de coup, Ayache a eu moins de nez avec la reprise, en 1999, du men­su­el féminin Per­so à sa fon­da­trice Vanes­sa Van Zuylen. Le titre est arrêté deux ans plus tard. À côté de la presse pop­u­laire, le patron de presse avait rapi­de­ment vu, dès les années 90, l’in­térêt de con­stituer un pôle féminin haut de gamme pour attir­er les annon­ceurs. Ques­tions de femmes est créé en 1996, DS est racheté à Jean-Yves Le Fur en 2000.

Face à la néces­sité de réduire les coûts dans un marché de la presse, en crise à par­tir de 2009, cette hétérogénéité des titres a été perçue comme un dan­ger mor­tel par la veuve d’Alain Ayache. Si les ser­vices sup­ports, la dif­fu­sion notam­ment, pou­vaient être mutu­al­isés, il était dif­fi­cile, voire impos­si­ble, de créer des syn­er­gies, pub­lic­i­taires et rédac­tion­nelles, entre des mag­a­zines aus­si dif­férents. Nathalie Ayache com­mence par arrêter DS en 2009, puis vend Réponse à tout en 2012. Les ces­sions s’emballent ensuite. Sur le seul mois de juil­let 2013, Ques­tions de femmes est cédé au groupe 1633 (FHM) tan­dis que Le Meilleur passe dans le giron de Turf édi­tions. Numéro, que Nathalie Ayache avait dit vouloir con­serv­er, pour notam­ment le dévelop­per à l’in­ter­na­tion­al, clôt la boucle un an plus tard.

La jeune veuve de 58 ans, qui s’est tou­jours refusée à recon­naître qu’elle dis­per­sait l’héritage au fil des années, n’au­ra finale­ment con­servé que l’im­mo­bili­er du groupe. Une rente con­fort­able. Sans par­ler du pro­duit de la vente des titres, son pat­ri­moine est com­posé, notam­ment, d’un hôtel par­ti­c­uli­er et d’un immeu­ble dans les 16e et 8e arrondisse­ments parisiens.

Crédit pho­to : mon­tage Ojim (cc)

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