Certains jours, vous vous demandez si vous ne vivez pas dans un univers de fiction, tant les événements relatés par les médias de grand chemin semblent évoluer dans un monde parallèle. Un monde où l’altérité serait forcément positive et la haine de soi une qualité. Quelques exemples glanés ici ou là dans les médias de grand chemin durant le weekend du 11 juillet 2021 illustrent notre propos.
Bagui Traoré, blanchi par la justice ?
Vendredi 9 juillet, le jugement suite à l’inculpation de Bagui Traoré pour tentative de meurtre sur des forces de l’ordre pendant les violences ayant suivi la mort de son frère, Adama, le 19 juillet 2016, a été rendu. Il a été acquitté pour ce chef d’inculpation.
Il n’en fallait pas plus pour que les médias de grand chemin soulignent la grave erreur judiciaire dont Bagui Traoré aurait été victime. Sur RTL, au journal de 7 heures le samedi 10 juillet, la longue interview d’Assa Traoré est en fait un long monologue, au cours duquel la sœur d’Adama et de Bagui développe tout à loisir ses arguments sur l’injustice dont son frère aurait fait l’objet.
Parmi les people, Omar Sy, jamais avare de tweets depuis sa villa californienne, réagit rapidement
La justice a fait un grand pas sur le chemin de la vérité.
Bagui Traoré, frère d’Adama, va enfin pouvoir vivre son deuil,
retrouver les siens dont il a été coupé pdt 4 ans et 5 mois. Je me réjouis de voir libre un homme innocent.
La justice est l’affaire de TOUS.— Omar Sy (@OmarSy) July 9, 2021
Le journal Libération s’empresse de souligner que Bagui Traoré a passé « 5 ans de détention pour rien ». Les choses sont-elles si simples quand on a un casier judiciaire long comme le bras ? Le syndicat des commissaires de la police nationale régit sur Twitter :
Bagui #Traoré condamné 19 fois par la justice pour extorsion sur plusieurs femmes vulnérables dont une handicapée en la menaçant de lui couper la main et de l’enterrer en forêt.
Pour cela, il a fait 4 ans de prison.@OmarSy menteur , ce n’est pas gentleman Lupin
#Adama https://t.co/9ZMRh0C3lE— Commissaires de la Police Nationale SCPN (@ScpnCommissaire) July 11, 2021
Un policier, Abdoulaye Kanté, donne sur Twitter des précisions supplémentaires sur la peine de prison de « 4 ans » de Bagui Traoré mentionnée par Omar Sy :
Juste une précision #BaguiTraore a été condamné en avril 2018 à 30 mois de prison pour extorsion de fonds sur une personne vulnérable, c’est pour cela qu’il a été emprisonné. Il n’a jamais été des années en détention provisoire sans motif. Donc 5 mois de détention et non 4 ans.⬇️
— Abdoulaye Kanté👮🏿♂️🇨🇵🇲🇱 (@AbdoulayeK3) July 10, 2021
Penaud, le quotidien Libération est amené à corriger son article initial :
https://twitter.com/Mehdi_Aifa_AJR/status/1414313789063843840
Pas si grave, la première impression donnée par les premiers commentaires restera. L’honneur de Bagui Traoré est enfin restauré.
Arrestation du meurtrier de Théo à Claye-Souilly : éloge de Mohamed
Samedi 10 juillet, le centre commercial de Claye-Souilly (Seine-et-Marne) a été le théâtre d’une double agression particulièrement horrible. Un client a dans la boutique d’un téléphoniste tué au couteau un vendeur, dénommé Théo, et grièvement blessé un autre employé.
Quelle a été la réaction des médias de grand chemin à cette folie meurtrière ?
Elle a été principalement de deux ordres :
- l’occultation. La radio d’État (France inter, France culture, etc.) a largement ignoré l’événement durant le weekend du 11 juillet. Un fait divers, vous n’y pensez pas, cela fait trop peuple, sauf quand la victime fait partie de la diversité.
- l’édification des consciences. De nombreux médias dont BFMTV nous apprennent en effet qu’ « un courageux citoyen, Mohamed, a aidé à neutraliser l’agresseur de Claye-Souilly ».
Mohamed était-il seul à avoir contribué à neutraliser le forcené ?
L’Est Républicain nous apprend que « L’individu a (…) été arrêté par un policier et un agent pénitentiaire, tous deux hors service, aidés d’un client ».
Pourquoi dans ces conditions mettre en avant Mohamed plus que les autres ?
Cela amène “Astérix est avec nous” à commenter sur Twitter :
2) vous êtes d’une naïveté confondante, maitre. Mohamed passe à la télé pour faire la pub de la diversité, sur un cadavre encore fumant. Je n’en attendais pas plus, de quelqu’un, qui est l’ami de Eric Dupont Moretti et de Audrey Pulvar
— Astérix avec nous. (@PastAnti) July 11, 2021
Pourtant, la mise à l’honneur du comportement héroïque de l’un de nos concitoyens serait-elle la seule chose à retenir de cette terrible agression au couteau ?
Le Figaro fait partie des rares médias à nous informer que l’agresseur est « de nationalité sénégalaise, défavorablement connu des services de police, l’homme a un passé de délinquant multirécidiviste qui témoigne de sa violence potentielle ».
On aura compris que le fait qu’un étranger multirécidiviste reste en France ne fait pas débat pour les médias de grand chemin. C’est ce que l’on appelle un choix éditorial. Il y a visiblement des Théo qui retiennent l’attention plus que d’autres…
La bal des migrants et son dancefloor interdit aux blancs
Tout le monde le constate : les clandestins sont de plus en plus nombreux à imposer leur présence en France sans que les pouvoirs publics s’emploient à les renvoyer là où est leur place : chez eux. Afin de favoriser leur « insertion », certains bobos parisiens organisent depuis quelques années un « bal des migrants » dans la capitale française. Les Inrocks voient avec bienveillance cette manifestation, une « occasion pour faire danser ensemble franciliens et sans papiers ».
Un détail de l’évènement festif a retenu l’attention d’un député de l’Indre : « Sur les réseaux sociaux, l’un des artistes qui participera à cet événement a explicitement demandé une « décolonisation du dancefloor et invité toute personne non blanche, meuf, queer, trans, à occuper l’espace qui leur revient. Cet appel a d’ailleurs été relayé par l’association organisatrice ». Le 10 juillet, le député annonce sur Twitter avoir écrit à la maire de Paris, Anne Hidalgo :
Je viens d’écrire à @Anne_Hidalgo pour l’informer de ce qui se déroule dans sa ville. Je lui demande de clarifier sa position concernant l’association @BAAMasso et globalement sur les principes républicains. #Baldesmigrants #FANAYA https://t.co/BFdoQsxBSa pic.twitter.com/5yUBe6X3Pf
— François Jolivet (@FJolivet36) July 10, 2021
L’inénarrable expert autoproclamé es radicalités Éric Fassin ne peut manquer de commenter :
Le #BaldesMigrants dénonce la politique migratoire raciste de l’UE. @FJolivet36, député LREM, accuse en retour @BAAMasso de racisme: il crie à la non-mixité.@egregoire, 1er adjoint PS à Paris, le soutient.
Cancel culture de droite: des Républicains à la Trump.#JeSoutiensLeBAAM https://t.co/4TsKkWzE6h pic.twitter.com/dCmPDEgQca— Eric Fassin (@EricFassin) July 11, 2021
Les médias qui ont réagi à l’événement sont assez rares. Parmi ceux-ci, outre les médias alternatifs, on peut compter Le Figaro, RT France et Valeurs actuelles. Le plus étonnant est que personne – ou presque – n’a souligné le scandale que constitue l’organisation d’un « bal » pour des étrangers en situation irrégulière qui n’ont rien faire en France et qui devraient organiser leur retour dans leur pays toute séance tenante. Le bal a été finalement interdit par la préfecture.
Les agresseurs restent anonymes
Un abonné de Twitter a eu la bonne idée de reprendre le 10 juillet dans un tweet les grands titres de plusieurs articles de journaux.
https://twitter.com/Sierravictor22/status/1413882104509865988/
Il en ressort un traitement journalistique désincarné de plusieurs agressions, un phénomène que l’Observatoire du journalisme avait déjà souligné dans un article paru en avril 2020. La forme directe, sujet, verbe, complément, laisse la place à l’occultation des agresseurs présumés. Ce qui est compréhensible quand les auteurs présumés n’ont pas été identifiés devient pour le moins étonnant quand les agresseurs ont été arrêtés et identifiés :
Ainsi, un ressortissant roumain qui lacère au cutter un passant devient : « À Paris, un passant agressé à l’arme blanche près de l’hôtel de ville, un suspect interpellé ».
Un Sénégalais qui agresse mortellement au couteau un vendeur et en blesse grièvement un autre devient « Deux vendeurs poignardés au centre commercial de Claye-Souilly : un mort et un blessé grave ».
C’était la couverture médiatique d’un weekend comme un autre sous le nouvel ordre diversitaire. Comme le remarque un internaute, en France c’est plus facile d’être sans papiers que sans Pass sanitaire. À vous Cognacq-Jay.