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Bayard, un nouvel échec commercial du wokisme en vue ?

27 mars 2024

Temps de lecture : 6 minutes
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Bayard, un nouvel échec commercial du wokisme en vue ?

Temps de lecture : 6 minutes

En 2023, Bayard a perdu 7,5 millions d’euros. Une perte d’autant plus importante qu’elle n’est pas isolée, qui met la trésorerie du groupe en danger à long terme. En cause, une baisse d’abonnés aux titres jeunesse du groupe : Youpi pour les 6–10 ans, We demain 100% ado de 10 à 15 ans, puis Phosphore. Cette baisse d’abonnés peut s’expliquer par les idéologies dispensées de moins en moins subtilement dans les différents numéros.

Bayard, un monstre aux pieds d’argile

 Dans le monde de l’édition, Bayard est ce qu’on appelle un mon­stre. 21% des parts du marché français dans les ban­des dess­inées jeunesse, des titres con­nus de tous comme J’aime lire, Astrapi, Pomme d’Api, Okapi, Popi, So Foot Club, I love Eng­lish, des livres, des jeux, des pod­casts, des per­son­nages iconiques comme Tom-Tom et Nana ou Sam­Sam, le plus petit des grands héros, et des dessins recon­nus… Tout le monde a, au cours de sa jeunesse, croisé le groupe Bayard, égale­ment coqueluche des CDI. Bayard presse se félic­i­tait en jan­vi­er 2024, juste avant le fes­ti­val de la bande dess­inée à Angoulême, d’être « en posi­tion de leader », avec « 3,7 mil­lions d’exemplaires ven­dus au cours de l’année ».

Bayard, du catholicisme au militantisme

Bayard est fondé la con­gré­ga­tion des Augustins de l’Assomption, tou­jours action­naire unique du groupe. C’est le pre­mier groupe de presse catholique, qui édite notam­ment La Croix et Pèlerin, et nom­bre de par­ents y ont cher­ché de quoi nour­rir leurs chères têtes blondes en pen­sant trou­ver du con­tenu de qual­ité, adap­té à leurs valeurs. Aujourd’hui, les choses ont changé. Pourquoi y a‑t-il des gens racistes ?, Le long voy­age de Yaya et son papa, Le petit livre pour par­ler des enfants migrants, Le petit livre pour dire NON à l’intolérance et au racisme, les titres pro-immi­gra­tion pul­lu­lent, sans par­ler de l’obsession cli­ma­tique ou du com­bat fémin­iste. Gre­ta Thun­berg est don­née en exem­ple, c’est évidem­ment, mais aus­si Jamie Mar­golin, qui affir­mait dans The Guardian que « nous devons déman­tel­er les sys­tèmes d’op­pres­sion qui ont fait émerg­er et se per­pétuer la crise cli­ma­tique, en inclu­ant le colo­nial­isme, le racisme et le patri­ar­cat. » De quoi don­ner des clés de com­préhen­sion du monde qui n’ouvrent que sur un cer­tain type de con­clu­sions, à l’image des titres « Prêts pour la révo­lu­tion ani­male » ou « Décou­vre la viande arti­fi­cielle ».

Chez Bayard, un Noël pro-Greta et pro-migrants

Prenons en exem­ple les pub­li­ca­tions de Noël 2023, qui clô­turent donc une année dif­fi­cile pour le groupe Bayard. Noël est nor­male­ment une belle péri­ode pour les maisons d’édition, entre les livres qui se retrou­veront sous le sapin et les mag­a­zines qui don­nent aux enfants des idées pour par­ticiper aux fes­tiv­ités, ou leur expliquent le sens de la fête qu’ils vont vivre. Bayard Jeunesse a décidé de pro­pos­er « Un Noël sol­idaire et bon pour la planète », cohérent avec ce que Nathalie Becht, direc­trice de Bayard Jeunesse, nomme un « engage­ment de longue date en faveur de l’écologie et de la sol­i­dar­ité ». Si l’on sort de l’opération de don de jou­ets à Emmaüs et des idées pour faire ses cadeaux soi-même, on trou­ve un « Noël anti-gaspi » ven­du sous forme de cal­en­dri­er de l’Avent, avec 24 épisodes à lire soir après soir. L’écologie est omniprésente avec des idées pour des papiers cadeaux en papi­er recy­clé ou des déco­ra­tions de sapin, égale­ment en car­ton recy­clé. N’oublions pas la cui­sine, avec les livres de recettes « 100% bon pour la planète » et des « astuces veg­an, zéro déchet et loca­vore pour le menu de Noël » dans Okapi, pour les 10–15 ans (un âge auquel le régime veg­an n’est pas for­cé­ment con­seil­lé par les médecins). Les plus petits pour­ront lire les aven­tures de Jaques et son Pépé qui vont pré­par­er pour Noël « un fes­tin é‑co-lo ! »

Voir aus­si : Youpi de Bayard, jeunesse et propagande

Des livres pour s’imprégner d’idées de gauche libertaire

Sous le sapin, notons la présence d’un dossier spé­ciale­ment écrit pour don­ner aux jeunes lecteurs des idées pour « se déplac­er sans pol­luer », en espérant ne pas créer des aya­tol­lahs anti-voitures qui ren­dront la cir­cu­la­tion impos­si­ble dans les villes, et ce au mépris de tout prag­ma­tisme. L’écologie est égale­ment servie par Diana d’un monde à l’autre. Enfin le groupe Bayard s’assure que les lecteurs auront l’idée de « pren­dre soin des autres » : lisez L’abri, où des ani­maux se pré­par­ent à subir une tem­pête et voient arriv­er deux étrangers. « La méfi­ance amène les habi­tants de la forêt à fer­mer leur porte et leur cœur. Mais la générosité et la bon­té n’ont pas tout à fait dis­paru. » À par­tir de 3 ans, pour des enfants garan­tis pro-migrants. Et la dimen­sion chré­ti­enne de Noël nous direz-vous ? Pas de panique, Bayard Presse n’oublie pas ses racines. Les arti­sans de la sol­i­dar­ité présente qua­tre per­son­nal­ités inspi­rantes. Frédéric Ozanam, qui créa la Société Saint-Vin­cent-de-Paul, Hen­ry Dunant, fon­da­teur de la Croix-Rouge, le Père Jean Rod­hain, fon­da­teur du Sec­ours Catholique, et enfin Xavier Emmanuel­li, fon­da­teur du Samu social. En évi­tant soigneuse­ment des per­son­nes comme Mère Thérésa, Saint Jean Bosco ou… Saint Vin­cent de Paul juste­ment, qui ne sont prob­a­ble­ment pas assez modernes.

Bayard Jeunesse veut créer les militants de demain

Il ne s’agit pas là d’une excep­tion, ou d’un choix un peu irréfléchi. Le groupe Bayard sait par­faite­ment ce qu’il fait. We demain 100% ado est conçu pour don­ner aux ado­les­cents « les clés pour être acteur de la con­struc­tion du monde de demain ». De fait, un jour­nal­iste con­sid­ère en général que sa mis­sion est d’informer les citoyens pour qu’ils puis­sent ren­dre meilleur le monde qui les entoure. En revanche, dans le secteur jeunesse, on veille plutôt à con­stru­ire l’esprit cri­tique des lecteurs. Un tra­vail par­ti­c­ulière­ment exigeant, parce qu’il faut con­fron­ter les points de vue, et surtout sur­veiller les mots employés, car c’est d’abord là que s’exprime l’idéologie. Plus le pub­lic est jeune, plus la présen­ta­tion de sujets com­plex­es est malaisée. C’est d’ailleurs pour cela que cer­tains titres se con­cen­trent sur des sujets con­sen­suels, comme la recherche d’un tré­sor, ou n’abordent que des sujets qui touchent directe­ment l’enfant, comme le har­cèle­ment scolaire.

Bayard Jeunesse a fait un autre choix, esti­mant que « cette révo­lu­tion citoyenne, les “moins de 18 ans” la veu­lent. Avec plus d’énergie et plus d’envie. » On touche là un cer­cle par­ti­c­ulière­ment con­fort­able : à force de dif­fuser des con­tenus idéologiques à des jeunes lecteurs, on con­state qu’ils devi­en­nent mil­i­tants. On déduit qu’ils veu­lent des con­tenus plus mar­qués encore, on les leur donne, et ain­si de suite. Les par­ents ne sont apparem­ment pas de cet avis, la plongée des ventes en témoigne. Le groupe accuse 4% de baisse des ventes entre la sai­son 2021–2022 et la sai­son 2022–2023, sachant que la perte était déjà de 1,3% entre 2020–2021 et 2021–2022. Cela représente, entre 2020–2021 et 2022–2023, un trou de près de 20 mil­lions d’euros dans le chiffre d’affaires. Com­ment réa­gi­ra Bayard à cette sanc­tion par le porte-monnaie ?

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