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Baylet, ancien patron de la Dépêche, rattrapé par une affaire de violences

15 octobre 2016

Temps de lecture : 3 minutes
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Baylet, ancien patron de la Dépêche, rattrapé par une affaire de violences

Temps de lecture : 3 minutes

En mars dernier, Buzzfeed exhumait une vieille affaire de violences impliquant Jean-Michel Baylet, ancien patron de La Dépêche du midi et actuel ministre. Mardi, c’est la députée écologiste Isabelle Attard qui remettait, en pleine Assemblée nationale, l’affaire sur le tapis.

« Mon­sieur le min­istre, com­ment osez-vous encore vous présen­ter à l’Assemblée nationale ? », a‑t-elle lancé dans un hémi­cy­cle qua­si­ment vide. Prof­i­tant des débats sur le pro­jet de loi de développe­ment et de pro­tec­tion des ter­ri­toires de mon­tagne, porté par Baylet, la députée a inter­pel­lé le min­istre sur son temps de parole, rarement médiatisé.

« Mon­sieur le min­istre, le prési­dent de la République a dit vouloir un gou­verne­ment exem­plaire, et que la lutte con­tre les vio­lences faites aux femmes est une exi­gence », a‑t-elle ajouté avant d’en venir aux faits : « Et pour­tant, le 11 févri­er 2002, Mon­sieur le min­istre, vous étiez encore séna­teur du Tarn-et-Garonne, quand votre col­lab­o­ra­trice par­lemen­taire a porté plainte con­tre vous à la gen­darmerie de Toulouse. Elle était à votre domi­cile, lorsque vous l’avez frap­pée, au vis­age, à plusieurs repris­es, Mon­sieur le min­istre. Vous avez enfer­mé votre col­lab­o­ra­trice chez vous, et vous l’avez con­trainte, sous la men­ace de nou­veaux coups, à rédi­ger sous votre dic­tée une let­tre de démis­sion, Mon­sieur le min­istre. Vous avez chas­sé votre col­lab­o­ra­trice de chez vous, en pleine nuit, entière­ment dévêtue et pieds nus. »

À plusieurs repris­es, son micro a été coupé. Mais l’élue est allée jusqu’au bout de son inter­ven­tion, qu’elle a d’ailleurs ter­minée sans micro. De son côté, Baylet s’est con­tenté de répon­dre froide­ment : « On peut tout romancer mais il y a eu une instruc­tion judi­ci­aire dans cette affaire et elle a été classée sans suite. Le pro­cureur de la république n’aurait jamais classé si les choses s’étaient déroulées comme vous l’avez dit. »

Pour­tant, c’est bien ce qu’avait rap­porté Buz­zFeed en mars dernier. Se bas­ant sur des PV d’au­di­tions, le site d’ac­tu­al­ité expli­quait que, certes, l’af­faire avait été classée sans suite, mais que cela s’ex­pli­quait par le fait que la col­lab­o­ra­trice de l’an­cien séna­teur avait retiré subite­ment sa plainte. En cause, selon Buz­zFeed : une trans­ac­tion finan­cière secrète entre elle et son ancien patron. Notons que Jean-Michel Baylet n’a jamais con­testé les faits qui lui étaient reprochés. Certes, celui-ci a bien attaqué plusieurs jour­naux, mais pour « atteinte à la vie privée » et non pour « diffama­tion ». Pour la députée écol­o­giste, il s’ag­it là d’un aveu de culpabilité…

Aujour­d’hui, l’an­cien séna­teur est con­fort­able­ment instal­lé au poste de min­istre de l’Aménagement du ter­ri­toire, de la Rural­ité et des Col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ale ; mais il lui aura fal­lu des longues années avant de par­venir à ses fins. Au début du quin­quen­nat, il était mis en exa­m­en pour favoritisme. Au print­emps 2014, il n’a pas pu rejoin­dre le nou­veau gou­verne­ment Valls à cause d’une autre mise en exa­m­en dans une affaire de frais de bouche. Sa récente nom­i­na­tion en tant que min­istre aura été une con­sécra­tion, mais les affaires sem­blent lui coller à la peau, comme on le voit avec le retour de cette his­toire embar­ras­sante qui remonte à plus de 10 ans.

S’il n’est plus, charge gou­verne­men­tale oblige, le patron de la Dépêche du Midi, c’est néan­moins son ex-femme qui lui a suc­cédé à la tête du jour­nal, Marie-France Marc­hand-Baylet, actuelle épouse de Lau­rent Fabius… Ain­si, lors de sa nom­i­na­tion au gou­verne­ment, la Dépêche avait été le seul titre à applaudir le remaniement du gou­verne­ment.

Crédit pho­to : Par­ti social­iste via Flickr (cc)

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