Il était sénateur du Tarn-et-Garonne depuis presque vingt ans. Jean-Michel Baylet, grand patron de La Dépêche du midi, a été battu, dimanche dernier, aux élections sénatoriales.
S’il est évident que le journal ne pouvait faire l’impasse sur cet événement, force est de constater, que les journalistes du quotidien ont fait le service minimum sur le sujet.
Bien que cette défaite électorale soit un événement d’ampleur nationale, Jean-Michel Baylet étant président du Parti radical de Gauche, dans les articles « France » de La Dépêche, son nom demeure introuvable.
Dans la rubrique région, passant en revue les résultats électoraux de tout le Grand sud, La Dépêche se contente d’évoquer une vague « coalition «anti-Baylet » qui, « réunissant la droite, les socialistes, les écologistes, le Front national, le Front de gauche et l’UDI », a permis « l’élection des opposants de toujours, alliés pour la cause ». Encore une fois, la défaite de Jean-Michel Baylet n’est pas évoquée explicitement…
Il faut donc lire les pages Tarn-et-Garonne, pour trouver un article traitant clairement l’échec de l’ex-homme fort du département. Et encore, l’article n’est pas tendre avec les vainqueurs de l’élection, en évoquant toujours cette même « coalition “anti-Baylet”», qui « a eu raison […] des cohérences politiques départementales ». Pas une fois, le mot « défaite », ou le mot « échec » n’est utilisé pour qualifier le résultat électoral de Jean-Michel Baylet. Pas une fois, d’autres motifs, que purement électoralistes, ne sont avancés pour expliquer cette défaite…
La conclusion de l’article est également savoureuse : « Jean-Michel Baylet, républicain dans l’âme, a pris acte de “l’expression démocratique”, remerciant au passage les 295 élus qui lui ont fait confiance ».
À titre de comparaison, Alain Dufaut, sénateur du Vaucluse depuis 1987 et battu lui aussi, dimanche dernier, n’a pas eu le droit au même traitement dans la presse régionale. Ainsi, Vaucluse matin écrit clairement les choses. « l’UMP Alain Dufaut a été battu » et plus loin, « il a subi ce dimanche une défaite surprenante ». Il est vrai que l’ancien sénateur, n’est pas patron de presse…
Moralité, si Jean-Michel Baylet a perdu la confiance des grands électeurs de son département, il peut toujours compter sur celle des journalistes de son quotidien…
Sources : La Dépêche du midi : 1, 2, 3 / Le Dauphiné — crédit photo : Parti socialiste via Flickr (cc)