Jean Michel Baylet, président du groupe La Dépêche du midi, a été lâché par ses partenaires (Fontès, Nicollin, Font), dans le rachat des Journaux du midi (Midi libre, L’Indépendant, Centre presse Aveyron) à Sud Ouest. Explications.
La Dépêche rachètera dans un premier temps 90% des trois quotidiens du Languedoc, une opération qui devrait se concrétiser à la mi-mai. Le groupe Centre France (La Montagne) prendra lui une participation symbolique de 5%, tout comme deux banques. En cours de route, les partenaires locaux du groupe de médias toulousains, qui devaient composer le tour de table à hauteur de 40%, ont jeté l’éponge pour différentes raisons.
La première est économique et sociale. Les Journaux du midi, pourtant bénéficiaires de 500 000 euros en 2014, seront restructurés dans le cadre du rapprochement avec La Dépêche. 150 suppressions de postes sont prévues, car les deux groupes doublonnent sur plusieurs départements. Or, l’architecte montpelliérain François Fontès, le groupe de recyclage de déchets Nicollin SA, et l’exploitant de salles de cinémas, Jacques Font, ne veulent ni financer un plan social, ni en pâtir côté réputation.
L’autre raison est politique. Depuis qu’il a perdu en mars la présidence du conseil général du Tarn et Garonne, le radical de gauche Jean-Michel Baylet est nettement moins en cours auprès de “Loulou” Nicollin. Le numéro trois du recyclage des ordures ménagères en France n’a plus rien à espérer du patron du MRG dans la reconduite des contrats en cours. Baylet, largement affaibli, n’inspire plus non plus la même empathie de la part de François Fontès. L’architecte, également promoteur immobilier (Hugar), ne peut plus compter non plus sur le coup de bouche de Baylet dans les futurs concours d’appels d’offres. Concernant Jacques Font, le cas de figure est différent. Propriétaire de soixante salles de cinéma en Languedoc-Roussillon mais aussi dans le Centre et sur la côte atlantique, le perpignanais n’était intéressé que par le quotidien L’Indépendant. Il était prêt à payer un million d’euros pour la moitié du journal, ce qui a été jugé notoirement insuffisant par La Dépêche. De surcroît, ses positions en faveur de l’autonomie de la Catalogne étaient frontalement opposées à celle de Jean-Michel Baylet, ce qui aurait provoqué la brouille entre les deux entrepreneurs.
Outre ces déconvenues, la cerise sur le gâteau serait, pour le PDG de La Dépêche, un refus de l’Autorité de la concurrence de valider la cession pour 15 petits millions d’euros. Les journaux du midi avaient été rachetés en 2007 90 millions d’euros par le groupe Sud ouest au Monde.
Crédit photo : Parti socialiste via Flickr (cc)