On connaissait le tweet de Valérie Trierweiler, ou encore le message privé envoyé par Éric Besson, alors ministre, à ses 14.000 abonnés Twitter, « Quand je rentre je me couche. Trop épuisé. Avec toi ? »
Mais la crise que traverse actuellement la BBC place le réseau social sur le banc des accusés. Voici l’histoire. Attention, elle est pleine de rebondissements. En toile de fond : une hystérie (ou une prise de conscience ?) au sujet de la pédophilie dans des élites qui s’exonèreraient des règles morales communes. Alors qu’on a appris récemment qu’une ancienne vedette de la BBC, Jimmy Savile, utilisait son métier et sa célébrité pour avoir accès à des enfants, une des émissions phares de la BBC, « Newsnight », accuse de pédophilie un homme politique conservateur à la retraite. Sans le nommer. Mais le nom de Lord McAlpine, 70 ans, ancien trésorier du Parti conservateur, circule le jour même sur Twitter. Nous sommes alors le 2 novembre. Puis patatras, le témoin principal dit qu’il s’agit d’une fausse accusation.
Scandale. Démission forcée du directeur général de la BBC le 10 novembre et jeu de chaises musicales. Les têtes ont commencé à tomber et Twitter – toujours lui – bruit de rumeurs concernant la suite des événements.
Le 13 novembre, la nouvelle directrice de l’information de la BBC, Fran Unsworth, demande à son personnel, via un mail interne, de cesser de se répandre sur Twitter concernant la crise que traverse l’entreprise publique.
Lord McAlpine, lui, annonce par l’intermédiaire de son avocat qu’il sait qui sont les personnalités coupables d’avoir livré son nom en pâture sur Twitter, qu’il attend leurs excuses publiques, et aussi des réparations de la BBC (tout en précisant qu’il va être modéré dans ses demandes parce qu’il est bien conscient qu’au final, c’est le contribuable qui va payer via la redevance). Un accord à l’amiable est trouvé avec la BBC, qui accepte de verser au Lord calomnié 185,000 livres. Puis, surenchère le 16 novembre : des plaintes en diffamation vont être intentées contre une douzaine de personnalités, principalement des journalistes, pour leurs tweets, même effacés ultérieurement, et même si ce sont de simples retweets. Le Daily Telegraph titrait vendredi 16 novembre, « It’s time to end trial by Twitter ». Pour Lord McAlpine et pour ceux qui le soutiennent, il faut en finir avec l’impunité sur Twitter et les poursuites dans cette affaire doivent servir d’avertissement.