Pour avoir, dans les colonnes de Marianne, traité Marine Le Pen de « salope fascisante », Nicolas Bedos est passé ce lundi 7 avril devant le tribunal correctionnel de Paris.
Maurice Szafran, alors directeur de publication de Marianne, était poursuivi pour injures et Nicolas Bedos pour complicité. Ce dernier avait écrit, dans sa chronique du 14 janvier 2012 : « La droite entend ainsi lutter contre la montée de l’extrême droite. “Ne laissons pas le terrain à Marine, la VRAIE méchante” (…) Sauf que personne n’empêchera quelques idéalistes rigides de penser qu’à force de singer la salope fascisante celle-ci est déjà au pouvoir: (…) on l’appelle Claude Guéant. »
Selon Wallerand de Saint-Just, l’avocat de Marine Le Pen, « le mot “salope” est bien une injure, c’est une expression outrageante, objectivement ». Pour lui, « les humoristes ne sont pas drôles 24h/24 », et c’est le cas de cette chronique qui « n’est pas drôle, c’est l’expression d’une opinion politique ».
Selon son homologue de la défense, Nicolas Benoit, avocat de Bedos et de Marianne, « Marine Le Pen a décidé de donner des cours d’humour aux humoristes ». Et d’estimer qu’« on peut ou on ne peut pas apprécier cet humour mais c’est parfaitement subjectif ». Pour M. Benoit, le terme « salope » est un « objet humoristique lui-même » et nombre d’humoristes, tels le père de Nicolas, Guy Bedos, ou encore Bigard l’utilisent abondamment.
Celui-ci a demandé la relaxe au nom de la liberté d’expression. Une position partagée par le procureur, Aurore Chauvelot, qui a estimé que la phrase en question se situait « dans le registre de l’humour, de la caricature qui autorise l’outrance ». La décision sera rendue le 28 mai.
Reste à observer, en parallèle, si l’«outrance » du journal Minute fera l’objet de la même clémence… (cf. notre article : Minute
va-t-il être condamné pour homophobie ?)
Voir notre portrait de Maurice Szafran
Crédit photo : capture d’écran vidéo ONPC via Youtube