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Soft power qatari : beIN SPORTS fête ses dix ans

4 juin 2022

Temps de lecture : 3 minutes
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Soft power qatari : beIN SPORTS fête ses dix ans

Temps de lecture : 3 minutes

Le Qatar, combien de divisions ? Petite péninsule adossée à l’Arabie saoudite, capitale Doha, l’émirat, dirigé comme il se doit par un émir (son père était émir, aurait pu dire Abdallah dans Tintin), un des principaux producteurs mondiaux de gaz naturel, ne ferait que peu parler de lui avec un tel profil et moins de 3 millions d’habitants. Mais une politique intelligente de soft power lui assure une réelle influence, en particulier en France, au sein de la communauté musulmane et dans certaines banlieues.

D’Al Jazeerah au PSG

Al Jazeer­ah (l’île en arabe) est lancé en en 1996 par le fils de l’émir (non, ce n’est pas Abdal­lah), Hamad Al Thani qui vient juste­ment de ren­vers­er son père. La chaîne de télévi­sion est créée pour faire pièce à l’influence du grand frère saou­di­en un peu trop proche et trop encom­brant. La chaîne, entière­ment financée par Doha, emploierait 3.000 per­son­nes et pub­lie en arabe, en anglais, en bosnien et en chi­nois depuis 2021. Elle lance en France en 2018 AJ+ sur les réseaux soci­aux, sans signe appar­ent de lien avec la mai­son mère et avec une ligne pro­gres­siste, pro LGBT, fémin­iste de choc, tous com­bats qui mèn­eraient directe­ment en prison dans l’émirat, sauf les références insis­tantes et récur­rentes en faveur de l’Islam.

Voir aus­si : Al Jazeera lance AJ+ en France

En 2011, le fonds sou­verain qatari rachète le PSG à l’américain Colony Cap­i­tal et investit des cen­taines de mil­lions pour racheter des joueurs, un peu comme on achète des chevaux de course, les résul­tats suiv­ent et le PSG est plus que pop­u­laire dans les ban­lieues de l’immigration et quelques autres.

Du PSG à beIN

Jusqu’en 2012, Canal+ dis­po­sait d’un qua­si-mono­pole sur la dif­fu­sion des matchs de foot­ball en France. La Ligue pro­fes­sion­nelle de foot­ball souhaitait moins dépen­dre de Canal+ et lance en 2011 un appel d’offres rem­porté par le qatari beIN tout juste créé pour l’occasion. Depuis, la plate­forme a per­du cer­tains droits, a été oblig­ée d’en sous-traiter d’autres à Canal+ et à perte. Mais elle a acquis des droits de retrans­mis­sion pour la Pre­mière League bri­tan­nique et surtout dis­pose de l’exclusivité des droits télévisés pour la Coupe du monde qui se déroulera en 2022 dans l’émirat et les suiv­antes jusqu’en 2030. beIN Sports ne pub­lie pas de comptes, annonce des prof­its aux États-Unis, est sans doute en lour­des pertes au total, mais ceci est sans impor­tance, c’est le Qatar qui paie et l’objectif est l’influence et non pas le prof­it. De même, le Qatar a annon­cé vouloir con­serv­er ses quelques 12% du groupe Lagardère lors de l’OPA de Vivendi.

Une Coupe du monde au frais

La Coupe du monde au Qatar sera la plus chère de l’histoire, 40 mil­liards de dol­lars annon­cés au bud­get. Une Coupe du monde que ne regarderont sans doute pas 90% des habi­tants du Qatar, tous immi­grés (ceux qui ont con­stru­it les stades), mais cer­taine­ment une par­tie des 10% restants et un nom­bre indéter­miné de mil­lions de spec­ta­teurs dans le monde. La Coupe du monde égale­ment la plus anti-écologique. Avec des stades de 40000 à 80000 places util­isés sans doute une seule fois pour l’occasion et sous air cli­ma­tisé, le prési­dent qatari de beIN Sports se définit comme « un activiste pour le cli­mat ». Un homme qui a le sens de l’humour.

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