Le Qatar, combien de divisions ? Petite péninsule adossée à l’Arabie saoudite, capitale Doha, l’émirat, dirigé comme il se doit par un émir (son père était émir, aurait pu dire Abdallah dans Tintin), un des principaux producteurs mondiaux de gaz naturel, ne ferait que peu parler de lui avec un tel profil et moins de 3 millions d’habitants. Mais une politique intelligente de soft power lui assure une réelle influence, en particulier en France, au sein de la communauté musulmane et dans certaines banlieues.
D’Al Jazeerah au PSG
Al Jazeerah (l’île en arabe) est lancé en en 1996 par le fils de l’émir (non, ce n’est pas Abdallah), Hamad Al Thani qui vient justement de renverser son père. La chaîne de télévision est créée pour faire pièce à l’influence du grand frère saoudien un peu trop proche et trop encombrant. La chaîne, entièrement financée par Doha, emploierait 3.000 personnes et publie en arabe, en anglais, en bosnien et en chinois depuis 2021. Elle lance en France en 2018 AJ+ sur les réseaux sociaux, sans signe apparent de lien avec la maison mère et avec une ligne progressiste, pro LGBT, féministe de choc, tous combats qui mèneraient directement en prison dans l’émirat, sauf les références insistantes et récurrentes en faveur de l’Islam.
Voir aussi : Al Jazeera lance AJ+ en France
En 2011, le fonds souverain qatari rachète le PSG à l’américain Colony Capital et investit des centaines de millions pour racheter des joueurs, un peu comme on achète des chevaux de course, les résultats suivent et le PSG est plus que populaire dans les banlieues de l’immigration et quelques autres.
Du PSG à beIN
Jusqu’en 2012, Canal+ disposait d’un quasi-monopole sur la diffusion des matchs de football en France. La Ligue professionnelle de football souhaitait moins dépendre de Canal+ et lance en 2011 un appel d’offres remporté par le qatari beIN tout juste créé pour l’occasion. Depuis, la plateforme a perdu certains droits, a été obligée d’en sous-traiter d’autres à Canal+ et à perte. Mais elle a acquis des droits de retransmission pour la Première League britannique et surtout dispose de l’exclusivité des droits télévisés pour la Coupe du monde qui se déroulera en 2022 dans l’émirat et les suivantes jusqu’en 2030. beIN Sports ne publie pas de comptes, annonce des profits aux États-Unis, est sans doute en lourdes pertes au total, mais ceci est sans importance, c’est le Qatar qui paie et l’objectif est l’influence et non pas le profit. De même, le Qatar a annoncé vouloir conserver ses quelques 12% du groupe Lagardère lors de l’OPA de Vivendi.
Une Coupe du monde au frais
La Coupe du monde au Qatar sera la plus chère de l’histoire, 40 milliards de dollars annoncés au budget. Une Coupe du monde que ne regarderont sans doute pas 90% des habitants du Qatar, tous immigrés (ceux qui ont construit les stades), mais certainement une partie des 10% restants et un nombre indéterminé de millions de spectateurs dans le monde. La Coupe du monde également la plus anti-écologique. Avec des stades de 40000 à 80000 places utilisés sans doute une seule fois pour l’occasion et sous air climatisé, le président qatari de beIN Sports se définit comme « un activiste pour le climat ». Un homme qui a le sens de l’humour.