La défiance vis-à-vis des médias traditionnels a des conséquences financières concrètes pour les rédactions. La crise atteint leur porte-monnaie, comme le montre le feuilleton ouvert en 2021 pour le rachat de Croque Futur, la holding de Claude Perdriel qui possède Challenges.
Le Croque Futur de Claude Perdriel
Depuis 2021, Bernard Arnault lorgne sur les éditions Croque Futur, détenues par Claude Perdriel et qui détiennent certains titres comme l’Histoire, Sciences et Avenirs ou encore Challenges. Depuis cette date, Bernard Arnault et LVMH ont injecté 12,8 millions d’euros afin de garder en vie les éditions qui ne cessent pourtant d’aligner les mauvais bilans. Sur l’année 2022, 5,5 millions d’euros, et pour 2023 le chiffre est grimpé à six millions.
Beaucoup de ces pertes proviennent de Challenges qui, à lui seul, a perdu 4,2 millions d’euros. Si la vente d’Historia à LVMH a épongé une partie des dettes, l’argent de Bernard Arnault reste bienvenu. Ainsi, d’ici fin 2024, ce sont sept millions d’euros qui seront nécessaires pour de nouveau sauver Challenges ainsi que Sciences et Avenir. Sur ces sept millions, UFIPAM, une holding de LVMH, va en investir 2,8, tandis que SFA, groupe appartenant à Claude Perdriel, va en débourser 4,2. Challenges tente de trouver une solution pour se relancer. Dans l’immédiat, cela passe par une refonte du site orchestrée par la société Pentalog. Cette refonte doit permettre un meilleur référencement du site dans les moteurs de recherche, accroître le nombre de vues du site et, donc, ses revenus.
Une sorte de viagier qui s’éternise
Derrière ces coquettes sommes, une lutte entre deux hommes pour le contrôle des éditions Croque Futur. En 2021, nous approchions des présidentielles de 2022, un moment que Bernard Arnault a jugé opportun pour asseoir davantage son empire médiatique en investissant dans Challenges et les autres titres de Croque Futur. A l’heure où nous écrivons ces lignes, en juin 2024, Arnault ne détient toujours que 40% des parts du groupe. Son calcul prenait sans doute en compte l’âge Claude Perdriel, 95 ans à l’époque. Trois ans plus tard et malgré ses presque 98 ans, l’actuel patron de Challenges ne songe qu’à quitter les affaires à ses 100 ans révolus, en 2027. Par ailleurs, il exclut certains titres du rachat prévu en les incluant à sa holding SFA. C’est ce qu’il a fait avec la revue historique L’Histoire. L’offensive de Bernard Arnault ressemble à un viager qui s’éternise…
Voir aussi : LVMH, infographie