Propriétaire de La Provence à Marseille, Bernard Tapie pourrait, à moyen terme, ajouter Nice-Matin à son tableau de chasse. Explications.
En injectant fin 2014 huit petits millions d’euros dans le groupe Nice matin, l’homme d’affaires a d’ores et déjà commencé à poser ses jalons. Pour quatre millions, il rafle en premier lieu les 50% qui lui manquait dans Corse presse et se retrouve ainsi unique actionnaire de cette pépite. La société éditrice de Corse matin (DSH OJD2013-2014 : 37 387 exemplaires) devrait dégager une million d’euros de résultat net cette année. Même si le quotidien a vu sa diffusion reculer de 3,8% en 2014, il continue à bénéficier, vis-à-vis des annonceurs, de sa situation monopolistique sur l’île de beauté. Les quatre autres millions d’euros ont servi à acquérir les murs des plus belles agences de Nice matin sur la Côte d’azur. “Nanard” met la main sur celles de Monaco, Saint Raphaël, Saint-Tropez et Cannes. “Il n’a pas pris celle de Brignoles, commune populaire du Var”, ironise un éditeur du sud de la France. Ce joli pactole immobilier est estimé au moins à cinq millions d’euros. Compte tenu de sa position géographique, il ne devrait pas être atteint par la baisse générale des prix du marché.
Le fait que Robert Namias ait été nommé président de la Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), qui a repris le groupe le 1er décembre 2014, est un autre signe clair de l’entrisme de Bernard Tapie. Namias est son homme dans la place. En 2013, à l’époque où Tapie était associé avec Philippe Hersant au sein de La Provence et de Nice matin, l’homme d’affaire avait installé Olivier Mazerolle comme directeur général à Marseille et tenté d’imposer Namias à Nice. L’affaire n’avait finalement pu se conclure. Désormais aux manettes de Nice matin, le nouveau président devrait largement faciliter les visées de Tapie. Elles sont essentiellement publicitaires. La région Provence Alpes Côte d’Azur est la seconde plus riche de l’Hexagone, après l’Ile de France. Or, la régie de Nice-Matin, Eurosud Côté d’Azur (ECAZ), a perdu près d’un tiers de ses effectifs (17 salariés sur 70) dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi déclenché fin 2014. Son patron, Robert Cerdan, a fait partie de la charrette. Les deux directeurs commerciaux, Vincent Galiana et Stéphane Spineu, sont désormais placé sous la houlette de… Robert Namias qui a pris la présidence temporaire d’ECAZ. La recherche d’un remplaçant de Cerdan ne serait pas une priorité.
Dans ce contexte managérial flottant, auquel s’ajoute une situation de trésorerie toujours très tendue pour Nice-Matin, Tapie aurait beau jeu de jouer la carte du sauveur. En démarrant par une mutualisation de la publicité et de l’événementiel — domaines dans lesquels il excelle — l’homme d’affaires ne devrait pas tarder ensuite à s’intéresser au reste du groupe. Et notamment au reste de son patrimoine immobilier, estimé à plus de 20 millions d’euros.
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— Claude Chollet (@ClaudeChollet) 23 Janvier 2015
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