Elle n’aura pas passé la décennie : BFM Paris s’apprête à fermer ses portes, près de huit ans après sa création.
BFM Paris n’aura pas le loisir de fêter son dixième anniversaire : les dirigeants du groupe CMA CGM, détenteur de BFM et ses filiales locales, ont annoncé le 10 décembre 2024 la fermeture de la chaîne d’ici le premier semestre 2025. Les réorganisations internes de la rédaction et les plans de départ volontaire n’y auront donc pas suffi…
Une « chaîne qui perd de l’argent »
Fin novembre, Marseille : à l’occasion d’un dîner rassemblant les grands pontes de CMA Média, Rodolphe Saadé (actionnaire majoritaire de BFMTV et RMC) enjoint ses exécutants à prendre une décision pour l’avenir de BFM Paris. Les choix sont minces : la restructuration ou la mort. La chaîne locale n’avait pas tenu ses promesses et enchaîné les mauvaises années : perdant annuellement entre deux ou trois millions, BFM Paris avait pourtant presque réussi à remonter la barre. Pour l’année 2025, le déficit était estimé à 1,9 millions d’euros. « C’est une chaîne qui perd de l’argent [qui] n’a pas trouvé son équilibre financier […] On est obligés d’en tirer les conséquences », a expliqué la direction.
L’annonce de la fermeture de BFM Paris était attendue : dès le 3 décembre, la démission du directeur général des antennes locales Philippe Antoine laissait présager les difficultés auxquelles étaient confrontées ces branches locales. La Lettre révèle que ce dernier aurait informé Saadé et Nicolas de Tavernost, vice-président de la branche médias de CMA CGM, de sa décision de claquer la porte pour ne pas devenir le fossoyeur de BFM Paris. Les 27 journalistes actuellement employés en CDI devraient être reclassés.
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Pas de fermetures en cascade
Ses consœurs locales, pourtant, enregistrent ensemble entre 4 et 6 millions de perte chaque année, déficit moindre qui va permettre leur maintien. « Pour l’instant, on ne va pas plus loin », a confié la direction. « Notre ambition reste la même, être un gage de proximité. » Quelques-unes seront néanmoins appelées à plus de sobriété : de BFM Grand Littoral à BFM Toulon Var en passant par BFM DICI (Alpes du sud et Haute Provence) ou encore BFMTV Lyon, les autres filiales devront composer avec une réduction de moyens.
Sale temps pour BFM
Il ne fait pas bon d’être à BFMTV en ce moment ! Après avoir enregistré pendant plusieurs mois consécutifs des chiffres d’audience inférieurs à ceux de son concurrent CNews, la chaine d’information en continu voit son grand patron perdre patience. À l’issue du fameux dîner organisé à Marseille, Rodolphe Saadé à Jean-Philippe Baille, directeur général délégué à l’information et Fabien Namias, directeur général de BFMTV, de redevenir compétitif. C’est la raison pour laquelle ils ont choisi de refondre leur formule pour le journal de 20 heures et de mettre une nouvelle tête (Maxime Switek) pour remplacer celle d’Éric Brunet. Et le mercato ne fait que commencer…
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