La fin du quinquennat présidentiel d’Emmanuel Macron est l’occasion de voir quel bilan en font des médias de diverses tendances. Des journalistes et des experts se sont, chacun dans leur spécialité, livrés à cet exercice. Nous faisons une revue de presse subjective de ces états des lieux souvent sans concession.
Sécurité
Sur le site du Figaro, l’avocat et président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure, Thibaut de Montbrial, fait le constat du « bilan très alarmant d’Emmanuel Macron » en matière de sécurité.
Dans Politique magazine, Aristide Renou passe également en revue l’évolution de la délinquance sous Macron et constate la « poursuite d’un délitement » : augmentation des homicides et tentatives d’homicides (+42%), des coups et blessures volontaires (+38%), des violences sexuelles (+90%), etc.
C’est donc sans surprise que Le Point nous apprend que la majorité des Français a une perception négative de l’action du gouvernement en la matière.
Lutte contre l’islamisme
Si le journal Marianne relève dans un article sur le « vrai bilan d’Emmanuel Macron » un certain volontarisme en matière de lutte contre l’islamisme, il en souligne les nombreuses limites.
L’ancien Frère musulman Mohamed Louizi y consacre également un long article sur son blog. Il détaille les carences dans l’action du gouvernement, notamment à l’occasion de l’une de ses dernières initiatives en date : la réorganisation de l’islam de France en y associant… des islamistes !
Immigration
Peut-on sérieusement prétendre lutter contre l’islamisme alors que l’immigration d’origine afro-musulmane a été sous le quinquennat d’Emmanuel Macron d’une rare ampleur ? Telle est la question posée dans un article du site Polémia qui constate, chiffres à l’appui, que l’immigration extra-européenne a été beaucoup plus importante sous Macron que pendant les mandats de ses prédécesseurs. On y apprend notamment que si le nombre de demandes d’asile a explosé pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron, les déboutés et plus largement les étrangers en situation irrégulière se maintiennent ultra majoritairement sur le territoire français, compte tenu de l’effondrement du nombre des éloignements.
Sans surprise, le constat l’Observatoire de l’immigration et de la démographie est le même : l’immigration poursuit son accélération. « Alors qu’en 2007, environ 171 000 premiers titres de séjour étaient délivrés à des immigrés non européens/extérieurs à l’espace économique européen (EEE), ce nombre devrait atteindre 271 000 en 2021 selon l’estimation du Ministère de l’Intérieur ».
Économie
Sur Marianne TV, le député LR Olivier Marleix est très critique vis-à-vis de l’action d’Emmanuel Macron en matière d’économie : « Panne de la redistribution, privatisations, disparition de fleurons industriels… Pour ce sarkozyste fervent, c’est le bilan d’une 2e gauche en bout de course ».
Médiapart souligne que « la bonne santé de l’emploi s’explique avant tout par l’explosion de l’apprentissage, subventionné à plein par le gouvernement ».
Une bonne santé toute relative au regard des chiffres de Pôle Emploi repris par Le Monde qui font apparaitre 5,6 millions de chômeurs (catégories A, B, C).
Dans Le Figaro, en octobre 2021, Arnaud Montebourg égrène les pertes de souveraineté de la France et les échecs industriels sous le mandat d’Emmanuel Macron : Alstom, Lafarge, Alcatel, Technip, Essilor et Suez et le prochain c’est Engie (à délocaliser). Mais il est vrai que c’était avant son appel à voter Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle.
En avril 2022, la fin de la mise sous perfusion de nombreuses entreprises se fait sentir : La Tribune nous informe que « le nombre de défaillances d’entreprises a bondi de 34,6% entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022 ».
Finances publiques
Et si l’une des explications du bilan pas si catastrophique d’Emmanuel Macron en matière d’économie était le résultat de l’injection massive de liquidités, au prix d’une augmentation considérable de la dette de l’Etat ?
Peu de médias font un constat aussi tranché. Toutefois, BFMTV ne peut que souligner qu’« en cinq ans, la dette aura donc augmenté de 700 milliards d’euros ». Mais le média très Macron-compatible s’empresse de disculper Emmanuel Macron : « Le résultat d’un “quoi qu’il en coûte” (qui était) probablement inévitable et d’ailleurs approuvé par la Cour des Comptes ». Cela en dépit du fait que les magistrats aient pointé une augmentation de la dette indépendamment des mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire.
France Culture tente de faire les comptes : « 100 milliards de dépenses en plus, hors crise, est-ce cela le bilan ? Gilles Carrez, autre député Républicain de la Commission des finances dit 50 milliards ».
L’article en ligne sur le site de la radio rappelle des engagements du candidat Emmanuel Macron (qui) « promettait de financer les baisses d’impôt par des économies de dépense. Promesse tenue pour les baisses d’impôt, ce qui creuse la dette (113% du PIB désormais) et ce n’est pas (que) la faute du covid ».
Diplomatie
Le 17 janvier 2022 sur Sud Radio, les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot donnent leurs explications sur « pourquoi le Président sortant a échoué à remettre la diplomatie française au premier rang ». « Emmanuel Macron veut redonner un peu de cohérence, de force, être disruptif ». Pourtant, les initiatives diplomatiques françaises sont sans lendemain. Spécialement au Moyen-Orient et au Maghreb (Beyrouth, Alger, etc…).
Le site d’information Elucid est encore plus sévère : nous serions en présence de « 5 ans d’échec diplomatique ». Marc Endeweld a la dent aussi dure sur Blast en évoquant dans une vidéo « Emmanuel Macron ou la géopolitique du désastre ».
Libertés publiques
Dans un interview au site Atlantico, le collectif La Brède souligne que « la critique de l’action d’Emmanuel Macron en matière de libertés publiques a été absente du débat présidentiel chez ses adversaires ». Son constat est sans appel : « Au mépris des libertés publiques (droit de manifester, liberté de consentement en santé, subordination de jouir de libertés à un « passe ») s’est ajouté le mépris des droits du Parlement ». Mais la charge la plus féroce concerne la gestion de la crise sanitaire : « La gestion sanitaire du pouvoir aura stupéfait par le matraquage de l’empilement de lois, ordonnances et décrets, brouillon sur la méthode, et les atteintes les plus inouïes depuis la crise d’Algérie aux libertés individuelles ou collectives, liberticide sur le fond ».
Dans un article qui date un peu (novembre 2020), le site Contrepoints estime, avec de nombreux exemples à l’appui, que Macron a un rapport liberticide à la liberté : « . Emmanuel Macron ampute consciencieusement nos libertés publiques au nom… de la défense des valeurs des démocraties libérales ! ». On ne peut s’empêcher à la fermeture récente et inique des médias RT France et Sputnik.
Politique sanitaire
En dépit d’une actualité particulièrement chargée pendant les 5 dernières années, le bilan de la politique sanitaire d’Emmanuel Macron et du gouvernement est assez peu fréquemment abordé dans les médias de grand chemin. Et pourtant, il y a de la matière : l’enfermement de la population pendant de nombreuses semaines, la suppression de capacités hospitalières, le déremboursement de l’homéopathie, le passe sanitaire limitant l’accès à des lieux publics, les énormes carences dans la politique de prévention des crises épidémiques, etc… Les motifs d’insatisfaction ne manquent pas pour de nombreux Français. Plusieurs médias s’en font l’écho :
Tout en rondeur, 20 Minutes dresse un « bilan mitigé » du quinquennat de Macron en matière de santé préventive.
Le site d’information médicale Egora se veut factuel en passant en revue les promesses d’Emmanuel Macron dans le domaine sanitaire. Dans un registre très engagé politiquement, le site d’extrême gauche Le Vent se Lève tente de décrire comment « Macron a sacrifié la santé des Français ». C’est évidemment un bilan à charge, où se mêlent informations et opinions.
Enfin, de nombreux médias ont fait un bilan général, thème par thème, de l’action d’Emmanuel Macron et du gouvernement pendant les 5 dernières années, comme celui qui vient d’être publié dans les colonnes de Valeurs actuelles, et moins récemment par Médiapart, Le Figaro, Front populaire, etc. .
Pendant ce temps, l’opposante d’Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen, ne pouvant se prévaloir de l’exercice du pouvoir, ce n’est pas son bilan qui est critiqué. Mais les procès d’intention vont bon train : l’Obs brandit le risque de « déclencher l’équivalent de 48 000 Hiroshima sur une grande partie des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de l’Afrique − et sur l’Europe » si Marine Le Pen est élue, un effet bombe.
Comme le relate Le Parisien, Gérald Darmanin évoque le risque de la mort… des pauvres en cas d’élection de la candidate du RN. Rien que ça… À ce stade de divagations, on attend avec impatience l’information selon laquelle la candidate à l’élection présidentielle mange des chats à son petit déjeuner… L’artillerie lourde semble s’être mise en branle, et sans mesure…
Photo : ©FNMF/N. MERGUI. Source : flickr.com, licence : Attribution-NonCommercial-NoDerivs 2.0 Generic (CC BY-NC-ND 2.0)