Le nain de jardin et les géants : ce pourrait être une fable d’Esope ou de La Fontaine ou une chanson de la regrettée Anne Sylvestre. Le rôle du nain pourrait être joué par Arnaud Lagardère du groupe éponyme, celui des géants par Bernard Arnault et Vincent Bolloré. On ne présente plus Bernard Arnault, première fortune de France (LVMH, Les Échos, Le Parisien, Challenges, on en passe) ni Vincent Bolloré (Editis, Vivendi, Canal+, etc).
Vincent et Bernard sont dans deux camps opposés autour du groupe Lagardère. Bolloré du côté des actionnaires minoritaires qui s’estiment floués, Arnault venu au secours de Arnaud Lagardère. Deux camps qui voudraient bien se partager les biens du nain, deux camps antagonistes en effet mais peut-être seulement pour le moment.
Editis et le travel retail
Désolés pour l’anglicisme, le travel retail ce sont les activités des boutiques hors taxes des aéroports, deux ex pépites aussi bien pour Arnault (Bernard) que pour Arnaud (Lagardère). Deux activités très bénéficiaires… jusqu’à la mi-mars 2020 où tout s’écroule avec l’irruption de la Covid 19 et nul ne peut dire quand ces activités redeviendront florissantes. Bernard Arnault aurait bien repris ces activités en totalité sous son aile, mais comment valoriser une activité au point mort ? Bernard Arnault, en prévision des élections de 2022, pourrait certes s’intéresser aux médias de Lagardère Europe 1, JDD, Paris Match, pour compléter sa collection. Et l’édition ?
Qui achète Hachette ?
Un intéressant article du Monde de fin novembre 2020 apporte un nouvel éclairage, celui de l’édition. Alors que la presse papier souffre, les éditeurs de livres se portent plutôt bien. À titre d’exemple, Viacom a vendu Simon&Schuster (l’éditeur américain) à l’allemand Bertelsmann pour une somme proche de trois fois le chiffre d’affaires, plus de 2200M$ d’un côté contre 800M$ (chiffres arrondis). Une cible autrefois convoitée par Lagardère.
Hachette Livre, c’est un peu plus de 1500M€ dont la moitié en France. Bolloré verrait bien cette activité – en tout ou en partie — compléter celle de son groupe Editis (Plon, First, Seghers, Bordas, plus de quarante éditeurs). Berteslmann pourrait également être tenté. La seule valeur d’Hachette pourrait être supérieure à la valeur totale boursière du groupe Lagardère. Amber l’actionnaire américain minoritaire se frotterait les mains ; et, qui sait, les actionnaires qataris, jusqu’ici fermes soutiens d’Arnaud Lagardère, pourraient être tentés de rejoindre l’autre camp ?