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Bolloré poursuit son développement dans l’édition et place les siens

23 février 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Bolloré poursuit son développement dans l’édition et place les siens

Temps de lecture : 4 minutes

C’est un secteur qui a longtemps été une chasse gardée et qui doit s’ouvrir au pluralisme à droite. Le monde de l’édition a été secoué à l’automne par le rachat du groupe Lagardère par Vivendi (sous contrôle de Vincent Bolloré). Comme pour CNews et le Journal Du Dimanche (JDD), l’homme d’affaire entend « placer ses hommes », ici en l’occurrence une femme.

Au revoir Editis, bonjour Hachette

Avec l’acquisition du groupe Lagardère, Viven­di a mis la main sur Hachette Livre qui com­prend notam­ment Gras­set, Fayard, Livre de poche, Hati­er ou encore Cal­mann-Levy et Armand Col­in. Une bro­chette de maisons d’édition qui per­met de plac­er une nou­velle corde à l’arc du groupe Bol­loré, plus puis­sante que l’ancienne mai­son Edi­tis passée chez le Tchèque Křetín­ský.

Voir aus­si : Daniel Křetín­ský, le tycoon tchèque des médias français

Qui dit reprise en main dit égale­ment change­ments de têtes. Les renou­velle­ments des effec­tifs sur la chaîne CNews puis au JDD avaient été très com­men­tés, ils le seront moins dans l’édition, un secteur moins con­nu et observé par le grand pub­lic que la télévi­sion et la presse papier.

Alors que Vin­cent Bol­loré avait mar­qué sa pat­te sur i>Télé — devenu ensuite CNews — en y plaçant des per­son­nal­ités plutôt con­ser­va­tri­ces ou admet­tant de laiss­er une part impor­tante aux per­son­nal­ités de cette sen­si­bil­ité au terme d’un bras de fer avec le per­son­nel en place, il a ensuite placé Geof­froy Leje­une à la tête du JDD en juin 2023 provo­quant l’effroi dans le petit monde du jour­nal­isme.

Une éditrice conservatrice à succès

Pour le volet édi­tion du groupe Lagardère, la révo­lu­tion de palais devrait être plus dis­crète. Chez Fayard, c’est Lise Boëll qui est pressen­tie pour pren­dre la direc­tion de la maison.

Cette éditrice à suc­cès de 57 ans est notam­ment à l’origine de la pub­li­ca­tion de « Dora l’exploratrice » en France au début des années 2000. Elle a ensuite été con­nue pour éditer des auteurs comme Éric Zem­mour et Philippe de Villiers.

Des rela­tions qui ne s’en tien­nent pas à une sim­ple col­lab­o­ra­tion puisqu’elle quit­tera même les édi­tions Albin-Michel lorsque celles-ci refuseront de pub­li­er l’ouvrage « La France n’a pas dit son dernier mot » écrit par le jour­nal­iste devenu can­di­dat à la prési­den­tielle. Un mois plus tard, elle fera l’objet d’une enquête interne du comité social et économique du groupe Edi­tis pour ses méth­odes man­agéri­ales chez Plon. Dans cette mai­son, elle a codirigé les des­tinées de l’entreprise entre octo­bre 2021 et févri­er 2023 avec Céline Thoulouze sur fond de guéguerre interne. Elle est donc rodée au con­flit. En mars 2023 elle devien­dra finale­ment direc­trice des édi­tions Plon réu­nifiées.

Une nomination politique dans un monde qui l’est

Selon La Let­tre, l’arrivée de Lise Boëll a été forte­ment poussée en coulisse. Chez Plon, elle a lais­sé sa place à Jean-Luc Bar­ré, plume de Chirac qui appela à vot­er François Hol­lande con­tre Nico­las Sarkozy. Une per­son­nal­ité plus rac­cord avec le pro­fil du nou­veau patron d’Edi­tis Daniel Křetín­ský.

La can­di­da­ture Lise Boëll aurait été large­ment poussée par Philippe de Vil­liers… Elle viendrait alors rem­plac­er Isabelle Sapor­ta qui béné­fi­ci­ait, elle, du sou­tien d’un cer­tain Nico­las Sarkozy dont elle avait pub­lié les « mémoires prési­den­tielles ». Il sem­blerait qu’entre son ami­tié pour le vicomte et celle pour l’ancien prési­dent, Vin­cent Bol­loré ait penché pour le pre­mier. Si l’arrivée de Lise Boëll se con­firme, il s’agira alors de recas­er Isabelle Sapor­ta à qui Arnaud Lagardère avait promis d’être main­tenue lors de la vente de Lagardère avant de lui pro­pos­er d’augmenter con­sid­érable­ment ses émol­u­ments en con­trepar­tie de l’accueil de Boëll à ses côtés. Mais peut-être celle-ci a‑t-elle été échaudée par le binôme élec­trique qu’elle avait for­mé chez Plon !

Un peu plus de pluralisme dans l’édition qui en avait besoin

En pous­sant une per­son­nal­ité qui lui sem­ble acquise et qui lui sera redev­able, Vin­cent Bol­loré pour­suit son tra­vail d’influence dans le secteur médi­a­tique. Loin de con­stituer une vague con­ser­va­trice dans le monde de la presse, ce renou­velle­ment de per­son­nel sem­ble plutôt par­ticiper d’un ajuste­ment en matière de plu­ral­isme. Le groupe Bol­loré demeu­rant une goutte d’eau dans l’univers médi­a­tique français.

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