Le 1er janvier dernier, le député non-inscrit Jacques Bompard interrogeait le gouvernement sur sa décision d’effacer purement et simplement la dette du journal L’Humanité.
Ce dernier s’était vu en effet, en décembre 2013, blanchir de ses créances auprès de l’État, d’un montant de 4,1 millions d’euros. L’Assemblée nationale avait voté cet amendement, estimant que le journal n’était plus en mesure de rembourser sa dette, et ce, afin d’éviter sa disparition.
Dans une question au ministère du Budget, le député Jacques Bompard avait estimé que, « vu la santé financière préoccupante de la presse quotidienne française, la généralisation d’un tel procédé — dans le cas présent, hautement contestable sur le plan de l’équité — aurait de très lourdes conséquences budgétaires, tout simplement inenvisageables ». Par ailleurs, il avait demandé au ministère « de bien vouloir lui indiquer d’une part, si par le passé le quotidien l’Humanité a bénéficié de faveurs comparables et pour quels montants, et, d’autre part, si d’autres titres de la presse quotidienne nationale ont profité d’abandons de créances similaires de la part de l’État, et pour quels montants. »
Dans une réponse publiée au Journal officiel le 1er avril 2014, Bercy a tenté d’expliquer cette décision : « Dans un contexte de difficultés structurelles du secteur de la presse, le quotidien l’Humanité présente en effet des résultats financiers très dégradés et ne possède plus d’actif depuis la vente de son siège historique en 2009. Dans ces conditions, le maintien de ce prêt signifiait à court terme la disparition du quotidien. »
Le ministère a justifié cet effacement de dette « au vu de l’importance de la voix et de l’histoire de l’Humanité dans le paysage médiatique national, du souci démocratique du Gouvernement de préserver la pluralité de la presse et de l’épuisement de l’ensemble des leviers existant pour viabiliser le paiement de cette créance », précisant que ce choix ne relevait « d’aucune considération partisane ».
« La publication récente par le ministère de la culture et de la communication du tableau des aides à la presse, dans un souci de transparence qu’il faut souligner, met en lumière le pluralisme des titres les plus aidés », a conclu Bercy.