Les initiatives visant à influencer les journalistes sont nombreuses. Nous profitons de la présentation d’un « projet européen inclusif contre l’islamophobie genrée » à destination des journalistes pour revenir sur quelques guides de « bonnes pratiques », que de mauvaises langues pourraient qualifier de prêt-à-penser.
Selon leurs promoteurs, les conseils en traitement de l’information doivent permettre aux journalistes de dépasser leurs préjugés ou d’être eux-mêmes mieux informés, afin d’aborder différents sujets d’une façon plus conforme à une certaine vision du monde. Parfois financées par le contribuable, ces « kits » de préconisations visent dans tous les cas à influencer les journalistes, pour qu’eux-mêmes orientent l’opinion publique dans une certaine direction, souvent celle de l’avenir radieux du progressisme libéral-libertaire.
La liste des initiatives visant, selon certains à « éclairer », selon d’autres à influencer les journalistes que nous présentons ci-après est bien évidemment loin d’être exhaustive. Il faut aussi souligner que souvent, le conformisme ambiant dans la profession ne nécessite pas d’interventions extérieures pour orienter le traitement de certains sujets d’actualité. Le « projet européen inclusif contre l’islamophobie genrée » financé par l’Union européenne fait l’objet d’un deuxième article.
Corriger la perception erronée de l’immigration extra-européenne
Il y a 6 ans, en décembre 2016, l’OJIM présentait un séminaire organisé par le Comité économique et social européen (CESE) les 24 et 25 novembre 2016, avec comme public des attachés de presse de la société civile. Partant du constat de la faible acceptation par les citoyens de la politique migratoire européenne, ce remue-méninge visait à repérer les bonnes pratiques en matière de communication. Il s’agissait plus particulièrement de corriger une présupposée perception « négative » à ce sujet.
Pour ce faire, les relais d’informations en contact avec les médias étaient incités à promouvoir l’empathie du public, en préconisant notamment aux journalistes de relater des tranches de vie de migrants. L’approche collective de l’immigration étant par contraste au regard de l’ampleur des flux que connaissent les pays européens bien trop anxiogène. Un message reçu 5 sur 5 par de nombreux médias, comme de nombreux articles de l’OJIM en témoignent.
Plus récemment, dans un contexte de faits divers parfois sanglants causés par des délinquants étrangers présents en France, l’Institut Convergences Migrations entendait convaincre les journalistes, et par ricochet les lecteurs, que « les migrations ne sont pas une cause d’insécurité », en dépit des statistiques du ministère de l’intérieur pourtant explicites.
Dans cet objectif, l’Institut Convergences Migrations consacrait une fiche de la série « Désinfox Migration » dans laquelle « l’influence lourde des discriminations » était soulignée et un argumentaire développé. Matthieu Tardis, le responsable du Centre migrations et citoyennetés de l’Institut français des relations internationales (IFRI), était au sujet de cette démarche particulièrement explicite sur Twitter le 22 août 2022 : « Amis journalistes: n’hésitez pas à contacter les chercheurs référencés dans la fiche ».
L’obsession du changement climatique
Si certains influenceurs recommandent de présenter positivement le changement de population de la France dans les médias de grand chemin, on ne peut pas en dire autant du changement climatique.
Fin août 2022, Radio France annonçait engager un « tournant environnemental » : « Les antennes de Radio France font de la crise climatique un axe éditorial majeur. Il se déclinera dans nos programmes et nos tranches d’information, au quotidien et dans des spéciales ».
Les auditeurs des radios de service public apprécieront si cette démarche relève de l’information ou du militantisme, quitte à susciter une éco-anxiété déjà largement répandue parmi de nombreux jeunes, au point parfois de ne plus vouloir avoir d’enfants pour des raisons « écologiques ».
Les journalistes, et plus largement tous les utilisateurs d’internet, ont également de fortes chances d’avoir une présentation orientée de la question climatique. Comme l’annonçait le 1er octobre sur Twitter Marie : « Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe chargée de la communication mondiale aux Nations unies révèle que l’ONU a établi un partenariat avec Google pour influencer les résultats de recherche sur le changement climatique ». Une information confirmée notamment dans un article du National Review du 4 octobre 2022.
Sur France TV, la promotion de l’Europe ou de l’Union européenne ?
En janvier 2021, le journal Le Monde révélait que les rédacteurs en chef de France Télévision étaient incités à parler davantage d’Europe. Des moyens ont été mis sur la table pour cela : « une partie variable de leur rémunération dépend de leurs efforts de renforcement de la couverture des sujets européens ». Le journal euro-critique Marianne souligne dans un article paru le 19 janvier 2021 que cette initiative coïncide avec le souhait de Clément Beaune, secrétaire d’État aux affaires européennes à l’époque, que France Télévision parle plus de « l’Europe », comprendre de l’Union européenne.
Et le journaliste Etienne Campion de commenter : « Peut-être que si les “instances communautaires” n’avaient pas globalement déçu, jusqu’à la crise du Covid-19 — avec désindustrialisation et dégâts de l’austérité à la clé — les Français aimeraient davantage entendre parler Europe aux quatre coins du Calvados après dîner ».
Tout cela n’a probablement rien à voir avec le fait que les partisans de la sortie de la France de l’Union européenne, François Asselineau et Florian Philippot en tête, soient presque totalement blacklistés sur France Télévision, en dépit de leur audience parfois considérable sur Youtube, certaines de leurs vidéos dépassant le million de vues.
« Traiter les thématiques LGBT avec justesse »
Dans un article récent, l’OJIM évoquait les « kits à l’usage des rédactions » de l’Association des journalistes LGBTQI+. 13 documents sont en ligne sur le site de l’association, « à l’intention des journalistes et des professionnel-le‑s des médias ».
L’objectif de ces kits est explicité de la façon suivante : « Loin de nous l’idée de nous ériger en censeur-se‑s: nous-mêmes journalistes, nous connaissons la valeur de la liberté d’expression. Il s’agit plutôt ici de vous aider concrètement, chers consœurs et confrères, à traiter de façon juste, rigoureuse et respectueuse, des questions souvent perçues comme délicates et complexes ».
La liste des nombreux médias qui ont signé la « charte contre l’homophobie » figure sur le site de l’Association des Journalistes LGBTQI+.