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<span class="dquo">«</span> Bonnes pratiques » journalistiques (1) : la liste des guides s’allonge

29 octobre 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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« Bonnes pratiques » journalistiques (1) : la liste des guides s’allonge

Temps de lecture : 5 minutes

Les initiatives visant à influencer les journalistes sont nombreuses. Nous profitons de la présentation d’un « projet européen inclusif contre l’islamophobie genrée » à destination des journalistes pour revenir sur quelques guides de « bonnes pratiques », que de mauvaises langues pourraient qualifier de prêt-à-penser.

Selon leurs pro­mo­teurs, les con­seils en traite­ment de l’information doivent per­me­t­tre aux jour­nal­istes de dépass­er leurs préjugés ou d’être eux-mêmes mieux infor­més, afin d’aborder dif­férents sujets d’une façon plus con­forme à une cer­taine vision du monde. Par­fois financées par le con­tribuable, ces « kits » de pré­con­i­sa­tions visent dans tous les cas à influ­encer les jour­nal­istes, pour qu’eux-mêmes ori­en­tent l’opinion publique dans une cer­taine direc­tion, sou­vent celle de l’avenir radieux du pro­gres­sisme libéral-libertaire.

La liste des ini­tia­tives visant, selon cer­tains à « éclair­er », selon d’autres à influ­encer les jour­nal­istes que nous présen­tons ci-après est bien évidem­ment loin d’être exhaus­tive. Il faut aus­si soulign­er que sou­vent, le con­formisme ambiant dans la pro­fes­sion ne néces­site pas d’interventions extérieures pour ori­en­ter le traite­ment de cer­tains sujets d’actualité. Le « pro­jet européen inclusif con­tre l’is­lam­o­pho­bie gen­rée » financé par l’Union européenne fait l’objet d’un deux­ième article.

Corriger la perception erronée de l’immigration extra-européenne

Il y a 6 ans, en décem­bre 2016, l’OJIM présen­tait un sémi­naire organ­isé par le Comité économique et social européen (CESE) les 24 et 25 novem­bre 2016, avec comme pub­lic des attachés de presse de la société civile. Par­tant du con­stat de la faible accep­ta­tion par les citoyens de la poli­tique migra­toire européenne, ce remue-méninge visait à repér­er les bonnes pra­tiques en matière de com­mu­ni­ca­tion. Il s’agissait plus par­ti­c­ulière­ment de cor­riger une pré­sup­posée per­cep­tion « néga­tive » à ce sujet.

Pour ce faire, les relais d’informations en con­tact avec les médias étaient incités à pro­mou­voir l’empathie du pub­lic, en pré­con­isant notam­ment aux jour­nal­istes de relater des tranch­es de vie de migrants. L’approche col­lec­tive de l’immigration étant par con­traste au regard de l’ampleur des flux que con­nais­sent les pays européens bien trop anx­iogène. Un mes­sage reçu 5 sur 5 par de nom­breux médias, comme de nom­breux arti­cles de l’OJIM en témoignent.

Plus récem­ment, dans un con­texte de faits divers par­fois sanglants causés par des délin­quants étrangers présents en France, l’Institut Con­ver­gences Migra­tions entendait con­va­in­cre les jour­nal­istes, et par ric­o­chet les lecteurs, que « les migra­tions ne sont pas une cause d’insécurité », en dépit des sta­tis­tiques du min­istère de l’intérieur pour­tant explicites.

Dans cet objec­tif, l’Institut Con­ver­gences Migra­tions con­sacrait une fiche de la série « Dés­in­fox Migra­tion » dans laque­lle « l’influence lourde des dis­crim­i­na­tions » était soulignée et un argu­men­taire dévelop­pé. Matthieu Tardis, le respon­s­able du Cen­tre migra­tions et citoyen­netés de l’In­sti­tut français des rela­tions inter­na­tionales (IFRI), était au sujet de cette démarche par­ti­c­ulière­ment explicite sur Twit­ter le 22 août 2022 : « Amis jour­nal­istes: n’hésitez pas à con­tac­ter les chercheurs référencés dans la fiche ».

L’obsession du changement climatique

Si cer­tains influ­enceurs recom­man­dent de présen­ter pos­i­tive­ment le change­ment de pop­u­la­tion de la France dans les médias de grand chemin, on ne peut pas en dire autant du change­ment climatique.

Fin août 2022, Radio France annonçait engager un « tour­nant envi­ron­nemen­tal » : « Les antennes de Radio France font de la crise cli­ma­tique un axe édi­to­r­i­al majeur. Il se déclin­era dans nos pro­grammes et nos tranch­es d’information, au quo­ti­di­en et dans des spéciales ».

Les audi­teurs des radios de ser­vice pub­lic apprécieront si cette démarche relève de l’information ou du mil­i­tan­tisme, quitte à sus­citer une éco-anx­iété déjà large­ment répan­due par­mi de nom­breux jeunes, au point par­fois de ne plus vouloir avoir d’enfants pour des raisons « écologiques ».

Les jour­nal­istes, et plus large­ment tous les util­isa­teurs d’internet, ont égale­ment de fortes chances d’avoir une présen­ta­tion ori­en­tée de la ques­tion cli­ma­tique. Comme l’annonçait le 1er octo­bre sur Twit­ter Marie : « Melis­sa Flem­ing, Secré­taire générale adjointe chargée de la com­mu­ni­ca­tion mon­di­ale aux Nations unies révèle que l’ONU a établi un parte­nar­i­at avec Google pour influ­encer les résul­tats de recherche sur le change­ment cli­ma­tique ». Une infor­ma­tion con­fir­mée notam­ment dans un arti­cle du Nation­al Review du 4 octo­bre 2022.

Sur France TV, la promotion de l’Europe ou de l’Union européenne ?

En jan­vi­er 2021, le jour­nal Le Monde révélait que les rédac­teurs en chef de France Télévi­sion étaient incités à par­ler davan­tage d’Europe. Des moyens ont été mis sur la table pour cela : « une par­tie vari­able de leur rémunéra­tion dépend de leurs efforts de ren­force­ment de la cou­ver­ture des sujets européens ». Le jour­nal euro-cri­tique Mar­i­anne souligne dans un arti­cle paru le 19 jan­vi­er 2021 que cette ini­tia­tive coïn­cide avec le souhait de Clé­ment Beaune, secré­taire d’É­tat aux affaires européennes à l’époque, que France Télévi­sion par­le plus de « l’Europe », com­pren­dre de l’Union européenne.

Et le jour­nal­iste Eti­enne Cam­pi­on de com­menter : « Peut-être que si les “instances com­mu­nau­taires” n’avaient pas glob­ale­ment déçu, jusqu’à la crise du Covid-19 — avec désin­dus­tri­al­i­sa­tion et dégâts de l’austérité à la clé — les Français aimeraient davan­tage enten­dre par­ler Europe aux qua­tre coins du Cal­va­dos après dîn­er ».

Tout cela n’a prob­a­ble­ment rien à voir avec le fait que les par­ti­sans de la sor­tie de la France de l’Union européenne, François Asse­lin­eau et Flo­ri­an Philip­pot en tête, soient presque totale­ment black­listés sur France Télévi­sion, en dépit de leur audi­ence par­fois con­sid­érable sur Youtube, cer­taines de leurs vidéos dépas­sant le mil­lion de vues.

« Traiter les thématiques LGBT avec justesse »

Dans un arti­cle récent, l’OJIM évo­quait les « kits à l’usage des rédac­tions » de l’Association des jour­nal­istes LGBTQI+. 13 doc­u­ments sont en ligne sur le site de l’association, « à l’intention des jour­nal­istes et des pro­fes­sion­nel-le‑s des médias ».

L’objectif de ces kits est explic­ité de la façon suiv­ante : « Loin de nous l’idée de nous ériger en censeur-se‑s: nous-mêmes jour­nal­istes, nous con­nais­sons la valeur de la lib­erté d’expression. Il s’agit plutôt ici de vous aider con­crète­ment, chers con­sœurs et con­frères, à traiter de façon juste, rigoureuse et respectueuse, des ques­tions sou­vent perçues comme déli­cates et com­plex­es ».

La liste des nom­breux médias qui ont signé la « charte con­tre l’homophobie » fig­ure sur le site de l’Association des Jour­nal­istes LGBTQI+.

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